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semaine du 14 février 2005



Kyoto: et s'il était déjà trop tard?

Après des années passées à entrer et sortir de l'actualité, le Protocole de Kyoto entre donc en vigueur cette semaine. Enfin. Malheureusement pour lui, la probabilité qu'il atteigne ses objectifs est infiniment mince. Au même moment, ceux qui nient le réchauffement planétaire commencent à gagner du poil de la bête. Enfin, le citoyen tarde à poser les gestes qui pourraient faire une différence. Mais les écologistes sont contents. Un peu.

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La pollution n'est pas une invention du XXe siècle. Les sociétés dites primitives rejetaient leurs déchets sans se soucier de l'environnement. Et des sociétés nomades ont laissé des traces de leurs passages pas toujours propres dans toutes les couches de sédiments des rivières avoisinantes.

Mais l'industrialisation a évidemment amplifié le problème. Désormais, ce qu'on jette, ce sont des objets qui mettent des siècles à se dégrader. Et certains émettent des composés toxiques dans le sol, l'eau et l'air. L'un de ces objets s'appelle l'automobile. Et les gaz qu'elle émet représentent à eux seuls le tiers des émanations de CO2 de la planète.

Ce qui représente d'ailleurs le coeur du premier des quatre problèmes auxquels fait face Kyoto, et dont on entendra (encore) parler cette semaine dans les médias.

Problème no 1: la réduction des gaz à effet de serre n'aura pas lieu. Après moult compromis étalés sur plusieurs années, les pays signataires du Protocole de Kyoto se sont contentés d'un objectif bien modeste: réduire d'ici 2012 leurs émissions de gaz à un niveau inférieur de 5% à celui de 1990. Or, dans certains cas, les émissions ont à ce point augmenté depuis 1990 qu'une pareille réduction est irréaliste: dans le cas du Canada par exemple, pareille réduction signifierait... faire disparaître toutes les automobiles et tous les camions.

Qui plus est, l'entente ne concerne que les pays industrialisés, et non la Chine et l'Inde... où le nombre de voitures triple tous les cinq ans!

Enfin, parmi les pays industrialisés, les Etats-Unis et l'Australie n'ont pas signé.

Le cas canadien
Emissions de gaz à effet de serre, en mégatonnes

1990
2002
Objectif 2012
609
731
571

 

Problème no 2: les sceptiques gagnent du poil de la bête. Certes, ces sceptiques ont dans leur camp le Président Bush lui-même, qui s'est toujours rangé du côté de ceux qui mettent en doute que l'humain soit responsable de l'actuel réchauffement.

L'éternel argument de ces enviro-sceptiques, c'est bien sûr que la Terre s'est réchauffée et refroidie par elle-même tout au long de son histoire. Une étude parue cette semaine dans Science affirme justement que ces cycles ont été plus nombreux qu'on ne le croyait (plus de détails dans notre article Changements climatiques: y en a eu beaucoup).

Ces sceptiques peuvent désormais ajouter à leur camp le célèbre auteur américain Michael Crichton, dont le roman State of Fear, paru en décembre, met en scène des scientifiques et des écologistes prêts à toutes les manipulations de l'opinion publique pour faire valoir leur cause (voir ce texte).


Problème no 3: que pouvons-nous faire?
Si les transports représentent le tiers des émissions de gaz polluants, le citoyen moyen peut évidemment se passer de sa voiture chaque fois que possible. Il peut aussi privilégier l'achat local, quand cela permet de choisir entre un aliment qui a été transporté sur 2000 km et un autre qui provient de sa cour arrière.

Mais avant toute chose, il doit penser pressions politiques. Car les deux autres tiers, c'est tout de même l'industrie qui en est responsable. Or, si les citoyens continuent de reléguer la protection de l'environnement au bas de leurs listes de priorités, le Président Bush ne sera pas le seul chef d'Etat à n'avoir aucune raison de mettre de la pression sur les industries polluantes (plus de détails dans notre article de cette semaine Les Etats-Unis et l'environnement, ça fait deux)


Problème no 4: Et si c'était pire qu'on ne le dit?
L'avenir pourrait en effet être encore plus catastrophique qu'annoncé. Selon une étude de l'Université Oxford publiée à la fin-janvier à Londres, l'augmentation de la température au cours du prochain siècle pourrait se situer entre 1 et 11 degrés, plutôt qu'entre 1 et 6 degrés, comme l'annonçaient les études antérieures.

Pis encore, quand on aura dépassé le seuil des 2 degrés, on aura du même coup dépassé un point de non-retour, assurent ces mêmes chercheurs: parce que ces 2 degrés supplémentaires signifieraient qu'on a dépassé le seuil des 400 parties de carbone atmosphérique par million, seuil à partir duquel le fond des océans, les tourbières et les marais commenceront à relâcher leur propre carbone dans l'atmosphère. Bref, un seuil critique à partir duquel le réchauffement commencerait à s'accélérer.

Certes, une prévision vaut ce qu'elle vaut. Mais les enviro-sceptiques et les Michael Crichton de ce monde ont tort de ne s'appuyer que sur l'incertitude derrière ces prévisions, disait le biologiste Claude Villeneuve en fin de semaine, à l'émission radiophonique Les Années-lumière: c'est un peu comme le médecin qui ne peut pas nous dire exactement combien de cigarettes on peut se permettre de fumer encore; cela ne l'empêche pas de dire qu'il faut arrêter de fumer.

Pascal Lapointe

 

 

En manchette la semaine dernière:
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