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semaine du 21 mars 2005



Le grand Jules

Devinette: combien de livres Jules Verne a-t-il écrit? Une dizaine? Une vingtaine? Une quarantaine? Une soixantaine? Et de ce nombre, combien flirtaient avec la science?

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Soixante-quatre romans. C'est l'équivalent de Balzac et, pour les admirateurs de Jules Verne (1828-1905), dont on célèbre cette semaine le centenaire de la mort, son influence équivaut rien de moins qu'à celle de Balzac. Et pourtant, parmi ces 64 romans, tous n'ont pas traversé également les générations.

Des millions de personnes ont lu Voyage au centre de la Terre (1864), ou Les Enfants du capitaine Grant (1867), ou Vingt mille lieues sous les mers (1870), ou Le tour du monde en 80 jours (1873), ou L'Ile mystérieuse (1874) ou Michel Strogoff (1876). Mais qui a lu Le Chancellor (1875), Le Superbe Orénoque (1898) ou Bourses de voyage (1903)?

Bien avant d'être scientifiques, ces romans ne sont pas réunis sous l'étiquette Voyages extraordinaires pour rien: ils s'inscrivent dans la tradition d'un roman d'aventure propre au XIXe siècle, le roman géographique. Des récits où un héros explore courageusement une contrée inconnue, ou combat des forces cachées depuis la nuit des temps –tantôt une civilisation oubliée, tantôt des survivants des dinosaures.

Verne y ajoute toutefois une couche qui fera toute la différence: les descriptions. Ses personnages sont souvent unidimensionnels –les bons contre les méchants, écrit un de ses admirateurs, Michel Tournier, de l'Académie Goncourt. Mais son souci du réalisme transparaît dans ses descriptions. Tout devient prétexte à insuffler à ces récits un maximum de réalisme. Description des lieux, des animaux, des horaires de trains... et de la science. La science n'est en effet pour lui qu'un élément parmi d'autres pour rendre crédibles certaines de ses histoires. Et c'est grâce à cet élément de plus, grâce à ce souci de réalisme qui le caractérisait, qu'il crée sans le savoir une nouvelle branche de la littérature: la science-fiction.

Dans le monde anglo-saxon, les amateurs connaissent davantage l'autre pionnier de la science-fiction, H.G. Wells (La guerre des mondes, La machine à voyager dans le temps, etc.), qui n'arrive dans l'univers littéraire que dans les années 1890. Mais de nombreux écrivains célèbres du genre, comme les Américains Ray Bradbury et Isaac Asimov à partir des années 1940, se sont fréquemment réclamés de l'influence de Jules Verne.


Foi en la science

Le dernier tiers du XIXe siècle, cette époque où Verne ajoute la science à son bagage littéraire, c'est l'époque d'une foi en la science. Une foi, plus précisément, dans un mot-magique: "progrès". En témoigne notamment:

- le Nautilus, le sous-marin du capitaine Nemo, qui est d'abord et avant tout un instrument d'exploration, de découverte, un outil d'une beauté presque exclusivement scientifique. Vision rassurante. Mais un brin naïve, quand on se rappelle qu'une génération plus tard, au XXe siècle, le tout premier usage du sous-marin, ce sera... la guerre.

- Kaw-Djer, l'anarchiste de En Magellanie, préside une colonie située au large de la Terre de Feu qui n'est rien de moins qu'une république idéale –dans la tradition du roman utopique, écrit Jean-Paul Dekiss, le plus récent des nombreux biographes de Verne.

- Phileas Fogg est le modèle même de la pensée pure: son analyse de l'horaire des trains et des bateaux lui permet, sans jamais avoir franchi le pas de sa porte, de parier qu'il soit possible de faire le tour du monde en 80 jours. Dans son monde en effet, les trains arrivent toujours à l'heure et les ennuis mécaniques semblent relever d'une autre époque. Seules les intempéries et les imparfaits humains sont dignes de se mettre en travers de cette pensée pure.

- Cyrus Smith, l'ingénieur, le "savant" de L'Ile mystérieuse, est la clef de voûte qui permet aux naufragés de non seulement s'adapter à leur île, mais encore de bâtir une colonie rien de moins que prospère.

Cette foi inébranlable en la science est au cœur des expositions universelles de la fin du XIXe et du début du XXe siècle. Elle est toujours bien présente lorsque la science-fiction américaine démarre sur les chapeaux de roues, dans les années 1920. Il faudra une crise économique, une deuxième guerre mondiale et une bombe atomique pour la voir partir en fumée.

Un Jules Verne serait donc impensable en 2005. Il était un produit de son époque, et bien que certaines de ses œuvres plaisent encore (90 000 exemplaires vendus en 2004pour les seuls 18 livres de chez Hachette), les adultes qui veulent se projeter dans le futur puisent davantage dans des imaginaires d'auteurs faits de catastrophes écologiques, d'accidents génétiques ou de technologies imparfaites. A vingt mille lieues du Nautilus.

 

Pascal Lapointe

Photos: Centre international Jules Verne

 

 

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