Le 25 octobre 2006
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Découverte super-lourde
(Agence Science-Presse) - Les étudiants
en chimie devront réviser leurs leçons, puisquun
nouvel élément sajoute au tableau périodique.
Avec son énorme noyau de 118 protons, il sagit
du plus lourd connu.
Quon ne sattende toutefois
pas à voir bûcher les élèves
sur des travaux pratiques utilisant lélément
118. Lununoctium, de son nom provisoire, a été
créé dans un accélérateur de
particules et y a survécu... quelques millièmes
de seconde!
Et encore a-t-il fallu six mois aux chercheurs
pour donner naissance à seulement trois atomes dununoctium.
Tout ce temps, les scientifiques ont bombardé de
calcium (Ca) des atomes radioactifs de californium (Cf).
Chaque fois que lélément 118 est apparu,
il sest très rapidement transformé en
élément 116, 114, puis en 112, avant de se
désintégrer. La percée de ces chercheurs
du Lawrence Livermore National Laboratory de Californie
et du Joint Institute for Nuclear Research en Russie
est publiée ce mois-ci dans la revue Physical
Review C.
Cest aux mêmes équipes
que lon doit dailleurs la découverte
des quatre autres dernières recrues du tableau périodique,
soit les éléments 113, 114, 115 et 116. Ces
trouvailles restent toutefois à être confirmées
par dautres scientifiques, qui tenteront de reproduire
lexpérience dans leurs laboratoires.
La prudence est dautant plus de mise
que lélément 118, lui, a déjà
été " victime " dannonces
prématurées. En 1999, le même Laboratoire
Lawrence Berkeley déclarait lavoir découvert,
pour se rétracter deux ans plus tard, accusant lun
de ses chercheurs davoir falsifié les données
(voir Le
fraudeur de lélément 118). Laccusé,
Victor Ninov, nie toujours.
Les physiciens espèrent évidemment que cette
histoire ne se répétera pas. Car leur quête
déléments lourds nest pas terminée.
Depuis longtemps, une théorie veut que, dans ces
profondeurs du Tableau périodique, on finisse par
trouver des éléments dont la durée
de vie ne se mesurerait plus en millièmes de seconde,
mais en secondes (ou, pourquoi pas, en jours!) : les
scientifiques appellent cela " lilôt
de stabilité ". Selon cette théorie,
imaginée par le physicien Glenn T. Seaborg, un nombre
dit " magique " de protons et de neutrons
assurerait cette stabilité. Dans lespoir de
connaître bientôt ce nombre, les équipes
américaine et russe se préparent maintenant
à chasser lélément 120 avec,
comme arme, des isotopes de fer lancés sur du plutonium.
Marie-Hélène Croisetière
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