Les insectes en ont long à dire
(ASP) - Les fouilles archéologiques ne révèlent
pas seulement des objets du passé. Elles mettent aussi
à jour... des insectes.
Et ces insectes ont toute une histoire à raconter.
Parce que les premiers Européens venus s'établir
en Amérique du Nord ont emmené avec eux de nombreux
insectes. En effet, 79% des espèces d'insectes identifiées
lors de fouilles archéologiques à Québec
proviendraient d'un autre continent.
Allison Bain, étudiante-chercheure au département
d'histoire de l'Université Laval, a effectué un
inventaire entomologique lors des fouilles archéologiques
de l'Ilot Hunt, dans le Vieux-Port de Québec. "Entre
1991 et 1995, l'Ilot Hunt, situé juste en face du Musée
de la civilisation, était un chantier école pour
les étudiants de l'Université Laval. On y a trouvé
une grande fosse d'aisance dont la préservation des matières
organiques était extraordinaire."
"Les insectes étaient donc particulièrement
bien conservés".
La chercheure a concentré ses efforts sur la période
située entre 1850 et 1900. À cette époque,
la faune entomologique de la ville de Québec se constituait
principalement d'espèces emmenées dans leurs bagages
par les colonisateurs européens. Grâce à
l'archéoentomologie (eh oui), on a donc pu étudier
l'histoire des insectes et leur évolution sur le territoire.
Cette nouvelle science permet aussi, au passage, de reconstituer
le mode de vie des gens d'une autre époque. En étudiant
la structure de certaines parties de l'insecte comme la tête
et les élytres, une sorte d'ailes, on peut identifier
de quel insecte il s'agit. On sait que les insectes répertoriés
sont surtout des insectes nuisibles qui s'attaquaient à
la nourriture ou vivaient dans les maisons à l'époque.
Par conséquent, selon l'espèce, on peut obtenir
des indices sur les conditions d'hygiènes des gens et
leurs habitudes.
Par exemple, Allison Bain et son équipe ont trouvé
des restes de mouches d'Espagne ainsi que des bouteilles de verre.
Cette combinaison laisse supposer que les habitants de l'Ilot
Hunt utilisaient encore cette vieille recette selon laquelle
la mouche d'Espagne séchée et broyée pouvait
combattre le syndrome prémenstruel, soigner les coupures,
les maux de gorge et la tuberculose. On racontait même
que la mouche d'Espagne avait des vertus aphrodisiaques!
Les 6755 spécimens d'insectes inventoriés par
Allison Bain constituent maintenant la plus importante collection
archéologique d'Amérique du Nord. Elle servira
désormais de référence pour les études
archéoentomologiques nord-américaines.
Anouk Gingras
(30 mai)
Vous aimez cette capsule? L'Agence Science-Presse
en produit des semblables -et des meilleures!- chaque semaine
dans l'édition imprimée d'Hebdo-science
et technologie (vous désirez vous abonner?).
Vous voulez utiliser cette capsule? N'oubliez pas de mentionner
la source... et un hyperlien nous ferait bien plaisir!
|