Politique scientifique québécoise
Dans les cuisines du MRST
(ASP) - Pratiquement un an jour pour jour après la constitution
du Ministère de la recherche, de la science et de la technologie
(le 8 juin 1999), la politique scientifique québécoise vient
d'arriver sur la table. Pour "doter le Québec d'un système
de recherche et d'innovation concurrentiel", ce menu alléchant
est annoncé comme une "seconde révolution" du Québec
(après la révolution tranquille) par le ministre Jean Rochon.
Pour cela, quatre couverts sont servis: investir dans les ressources
humaines, agir en réseau, faire bénéficier la collectivité
d'un système à sa mesure et actualiser la politique scientifique,
par le biais notamment d'un observatoire de veille technologique.
Du côté des ingrédients destinés à
consolider la situation québécoise -afin que le Québec,
écrit-on, rejoigne la table des pays du G7- on trouve cinq aliments
consistants. Le premier de ces ingrédients est, bien évidemment,
la formation et l'éveil aux sciences. Pour cela, il est prévu
-entre autres choses- de "former" aux disciplines scientifiques
les professeurs du primaire et du secondaire, d'arrimer les diplômés
(que l'on souhaiterait plus nombreux) au marché du travail et de
travailler à la maîtrise par un plus grand nombre des nouvelles
technologies de l'information et des communications.
Des plats pour les chercheurs
Une large part de la collation se destine au milieu de la recherche.
Le second ingrédient concerne en effet le développement de
celle-ci par l'amélioration de la qualité et du nombre de
chercheurs, ou encore un soutien au réseautage des équipes
de recherche. La collaboration entre les chercheurs à travers le
monde s'impose actuellement comme un incontournable.
Comme troisième ingrédient, on met l'accent sur la valorisation
et le transfert afin de transformer les résultats de recherches en
innovations; autrement dit, favoriser une meilleure exploitation des travaux
des équipes universitaires. Pour y parvenir, la politique préconise,
par exemple, d'intensifier le partenariat entreprises-universités,
de rendre plus stimulantes les règles de propriété
intellectuelle ou encore d'encourager le recours au fond de Valorisation-Recherche
Québec.
Le quatrième aliment est "l'innovation", qui sera encouragée
par la création d'emploi, le réseautage, les incubateurs et
le développement de l'innovation sociale.
Le cinquième et dernier ingrédient réside en l'appropriation
de la science et de la technologie par les citoyens. On parle là
d'encourager la culture scientifique -vulgarisation, animations, diffusion
des travaux des chercheurs- mais aussi de former des citoyens avertis dans
toutes les sphères de la société.
Cette politique vise également le soutien des secteurs émergents
-les "valeurs sûres" québécoises, tels l'aérospatiale,
l'optique ou encore la biotechnologie- et l'instauration d'un esprit de
collaboration entre les ministères autour de diverses initiatives
(création d'un centre intégré de recherches sur les
pâtes et papier, d'un institut des feuillus du Québec, ou encore
d'un institut de recherche sur les changements climatiques) tout en misant
sur le potentiel régional, par le biais des centres locaux de développement
(CLD) et des conseils régionaux de développement (CRD).
Du côté des sous, le ministre prévoit qu'une somme
additionnelle de 2,5 milliards$ soit dégagée d'ici cinq ans
par l'application de cette politique. Elle viendrait renforcer les 3,9 milliards$
d'investissements en recherche, assumés pour les deux tiers par le
secteur privé. Le pivot de l'action gouvernementale consiste surtout
en d'alléchants crédits d'impôts qui attirent comme
du miel de nombreuses entreprises étrangères au Québec.
En toute fin du document, le rôle du Ministère de la recherche,
de la science et de la technologie est rappelé, celui d'être
un agent de concertation et de coordination entre les différents
intervenants. Un peu comme la farine qui sert plus à lier la sauce
qu'à épicer le plat!
Isabelle Burgun
- Le site du ministère de la Recherche
(23 juin)
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