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Un appareil pour les médicaments de demain
(ASP) - Lire dans un gène comme dans un livre ouvert, et corriger
les pages qui nuisent au bon déroulement de l'histoire, tel est le
défi lancé par l'Institut de pharmacologie de l'Université
de Sherbrooke, qui a tout récemment fait l'acquisition d'un appareil
révolutionnaire, capable de déterminer la structure des protéines.
Comme les généticiens le savent, pour plusieurs maladies,
il y a un gène défectueux. Or, si ce gène défectueux
est souvent constitué d'une protéine malade, il est aussi
constitué de mécanismes demeurés tout à fait
intacts. Le défi est donc de créer des médicaments
capables de cibler exclusivement, dans le gène, la protéine
malade, sans endommager les mécanismes intacts.
Pour réaliser un tel prodige biochimique, les scientifiques doivent
fabriquer une substance dont la structure viendra parfaitement se plaquer
sur celle de la protéine malade. La fabrication de telles substances
nécessite donc une connaissance très précise de la
configuration des protéines malades.
Et c'est ici que le nouvel appareil acquis par l'Université de
Sherbrooke intervient: il s'agit d'un spectromètre à résonance
magnétique nucléaire (RMN) qui, en utilisant un champ magnétique
très intense, est capable de produire l'image précise d'une
molécule (par exemple, une protéine). Cet appareil est donc
apte à donner la structure d'une protéine malade, un peu comme
s'il déchiffrait les pages nuisant au bon fonctionnement d'un gène.
Ultimement, être capable de déchiffrer le contenu de ces pages,
cela signifiera créer les médicaments susceptibles d'agir
directement sur le fonctionnement de ces protéines.
La technologie du "modelage moléculaire", comme l'appellent
les experts, entre ensuite en action: forts de leur connaissance sur la
structure et le fonctionnement d'une protéine malade, les scientifiques
seront à même de modeler une molécule thérapeutique
dont la forme épousera parfaitement celle de la molécule défectueuse.
Pierre Lavigne, l'un des plus grands spécialistes canadiens en
RMN biologique et membre récent de l'équipe sherbrookoise,
précise que des images de structures moléculaires ont déjà
été obtenues grâce au spectromètre. Pour lui,
cet appareil offre la possibilité de "créer des molécules
thérapeutiques qui agissent spécifiquement sur la protéine
malade sans créer de toxicité ailleurs", c'est-à-dire
d'élaborer des médicaments dont on peut prédire l'efficacité
à l'avance, et limiter, voire réduire à zéro,
les effets secondaires. En d'autres termes, les recherches actuelles visent
à "trouver une clé unique qui s'adapte parfaitement à
une serrure" plutôt que de concevoir des "passe-partout"
qui ouvriraient plusieurs serrures en même temps (ce que les médicaments
actuels sont).
Une fois le défi de ces nouveaux médicaments relevé,
les chercheurs pourront soigner des maladies telles que les formes les plus
courantes de cancer, l'hypertension, les maladies cardio-vasculaires et
l'arthrite. Sésame, ouvre-toi vite...
La mise en action de ce spectromètre s'inscrit dans le programme
sur La conception rationnelle de substances bioactives pour lequel
l'Université de Sherbrooke a reçu des subventions de 4,7 millions
$.
Gaëlle Schmit
(29 juin)
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