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L'otite: un fléau inuit?
(ASP) - Des polluants responsables d'otites ? Des chercheurs
de l'Université Laval viennent d'ajouter un élément
à l'inquiétant problème des effets de la
pollution sur les populations du Grand Nord. Leur étude
a révélé que les mères inuit fortement
exposées aux polluants organochlorés donnent naissance
à des enfants présentant un risque élevé
d'otites.
Avec la méningite et les infections broncho-pulmonaires,
l'otite à répitition est un des fléaux qui
font rage chez les enfants inuit d'âge scolaire: un quart
de ces enfants souffrent de perte d'acuité auditive causée
par les otites. Les chercheurs de la Faculté de médecine
et de l'Unité de recherche en santé publique de
l'Université Laval ont ainsi mené une étude
sur 171 femmes du Nunavik et leurs enfants, en vue de cibler
les causes du mal.
Dans les 72 heures qui ont suivi chaque accouchement, les
scientifiques ont recueilli puis analysé le lait de ces
femmes afin de mesurer la concentration de substances organochlorées
(des dérivés des molécules de chlore), révélatrice
du taux d'exposition du foetus à ces polluants. Une étude
préliminaire avait déjà révélé
que le lait des femmes inuit présente une concentration
en composés organochlorés 10 fois plus importante
que celui des femmes habitant le sud du Québec.
Le danger de ces composés réside dans leur capacité
à non seulement s'accumuler dans nos tissus gras, mais
aussi à franchir le placenta et atteindre le foetus à
un moment où il est particulièrement fragile.
Cette nouvelle étude a démontré que le
risque qu'un enfant souffre d'otite pendant la première
année de sa vie augmente de 50 % lorsque sa mère
est fortement contaminée en DDE et hexachlorobenzène,
deux pesticides organochlorés. De plus, le risque d'otites
à répétition (trois ou plus par an) croît
en fonction du degré d'exposition du foetus à ces
deux produits. Même le lait maternel, réputé
pour protéger les bébés, ne diminue par
les risques: 80 % des enfants inuit étudiés ont
eu au moins une otite, quel que soit le mode d'alimentation (sein
ou biberon). Le pouvoir protecteur du lait maternel ne s'exerce
que pendant les trois premiers mois de la vie de l'enfant.
Mais d'où proviennent les polluants organochlorés?
Ces produits, transportés sur de longues distances, se
concentrent dans la chair des mammifères marins, comme
les phoques, les ours polaires et les bélugas, qui font
justement le régal du peuple inuit. Les habitants du Nunavik
détiennent d'ailleurs le triste record de la population
la plus contaminée au monde par les organochlorés...
En guise de solution, les chercheurs invitent les Inuit à
consommer davantage d'aliments traditionnels riches en éléments
nutritifs (et pauvres en polluants), comme l'omble chevalier.
Gaëlle Schmit
(9 août)
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