EN MANCHETTES SUR LE NET


Semaine du 13 janvier 1997


A lire également cette semaine:
Atlantis à la rencontre de Mir

Un joint de chocolat

Fumeurs ET schyzophrènes

Et:

Hommage à Carl Sagan


Retrouvez les manchettes des semaines précédentes



Qui sommes-nous?


Commentaires?



Retour au site de l'ASP

Répertoire des meilleurs sites scientifiques


Sommaire des magazines scientifiques



Publicité


En manchettes sur le Net est une production Agence Science-Presse

Bon anniversaire, Hal

 

Nous sommes en l'an 2001. A bord d'Explorateur I, première mission habitée vers Jupiter, un homme vit le moment le plus pénible de sa carrière: il est en train d'assassiner son compagnon. Arrachant les uns après les autres les blocs contenant la mémoire et la personnalité de celui-ci, il l'entend régresser vers son enfance. Et juste avant de rendre l'âme, le mourant revit un dernier souvenir:

&laqno;Bonjour messieurs. Je suis un ordinateur Hal 9000. Je suis entré en opération à l'usine HAL à Urbana, Illinois, le 12 janvier 1997.»

En produisant il y a 29 ans le film 2001, l'odyssée de l'espace, le cinéaste Stanley Kubrick et l'écrivain Arthur C. Clarke ne se doutaient sans doute pas de l'attention que générerait cette date chez leurs admirateurs: depuis un mois, le Net est pris d'une frénésie. Ce 12 janvier 1997 (il s'agit de la date &laqno;officielle», soit celle donnée dans le roman, alors que dans le film, Hal parlait plutôt du 12 janvier 1992, un détail avec lequel Arthur C. Clarke n'était pas d'accord), des milliers de personnes, à travers le monde, ont eu une pensée émue pour Hal, l'ordinateur qui, quelque part entre la Terre et Jupiter, a tué un astronaute et trois savants en hibernation, mais qu'aucun spectateur n'a pu pour autant détester.

Autant dire que l'occasion était excellente pour mesurer les progrès accomplis par l'informatique depuis 30 ans, et pour poser la question que tout le monde se pose: pourrions-nous produire aujourd'hui un ordinateur Hal?

Eh bien la réponse est oui. Du moins, presque. Sur tous les points, sauf un, nos ordinateurs ressemblent de plus en plus à Hal. Le problème, c'est que le point qui fait exception est en même temps le plus important de tous: la capacité de penser par soi-même, de réfléchir, de faire des déductions -bref, la conscience.

"Je pense, donc je suis": Hal possède cette capacité, mais pas nos ordinateurs -et nous n'avons aucune idée de la façon dont on pourrait la leur apporter.

Pour l'instant, insiste le magazine Wired dans le cadre d'un dossier spécial intitulé "Happy Birthday, Hal". C'est également le thème d'un livre paru en 1996, sous le titre: Hal's Legacy: 2001's computer as Dream and Reality. Un recueil d'articles, rédigés par certains des plus brillants cerveaux de l'informatique, qui profitent de "l'anniversaire" pour comparer le futur de Clarke et Kubrick avec notre présent. Et pour mettre chapeau bas devant une oeuvre qui a, de toute évidence, marqué leur jeunesse.

Ce qui en ressort? Grosso modo, qu'un ordinateur qui parle n'est plus un rêve aussi inaccessible qu'il y paraissait il y a 30 ans. Les systèmes de reconnaissance vocale, utilisés notamment par les aveugles, constituent maintenant quelque chose de bien implanté, et qui ne cesse de se perfectionner. Un ordinateur qui dialogue n'est pas non plus, un rêve inaccessible: au Québec, c'est ce que fait l'ordinateur de Bell Téléphone lorsqu'il demande à l'usager s'il désire un service en français ou en anglais, un numéro de résidence ou d'affaires. A une échelle plus perfectionnée, on a maintenant des machines qui peuvent reconnaître des milliers de mots, prononcés par à peu près n'importe qui -à condition que chaque mot soit bien détaché. Un ordinateur qui peut reconnaître des gens par leur visage, ça commence. Et un ordinateur qui gagne aux échecs à tout coup, c'est depuis longtemps une réalité.

Mais un ordinateur capable de penser, de comprendre, doté d'une conscience, avec tous les avantages que cela implique -la curiosité, le désir d'apprendre, de travailler au meilleur de ses capacités- et les risques -la capacité de prendre une décision, y compris celle de tuer- là réside l'énigme. "A peu près tout ce qui distingue Hal du micro-ordinateur typique réside dans le mot "comprendre", déclare l'nformaticien Dong Lenat au journaliste de Wired.

Enigmatique, mais pas inaccessible. On sait maintenant qu'on faisait fausse route il y a 30 ans en s'imaginant qu'il suffirait d'avoir des ordinateurs de plus en plus rapides et de plus en plus puissants pour que l'un d'eux accède un jour à la conscience. Le problème est plus subtil que ça. Mais maintenant qu'on le sait, c'est peut-être juste une question de temps, écrit l'auteur Simson Garfinkel. Vingt à trente ans, tout au plus.

"Tôt ou tard, ajoute-t-il, nous construirons un ordinateur qui pourra penser et apprendre."

Et ce jour-là, "vaudrait mieux ne pas le menacer de l'éteindre."


L'Université d'Illinois à Urbana, où Hal disait être né, n'allait pas laisser passer une si belle occasion. Ce haut-lieu de la recherche informatique dans les années 50 et 60 a donc acheté une page de publicité dans Wired, où il proclame avec fierté que la naissance de Hal "n'aurait pas pu se produire ailleurs". Oubliant toutefois de signaler que depuis les années 70, c'est la Silicon Valley californienne qui a pris le flambeau informatique...

Plus intéressante toutefois est la Cyberfête qu'organise l'Université en mars prochain: une semaine de colloques et de festivités sur "l'évolution de l'informatique".

Reportage de l'AP sur Hal

Répertoire de sites-hommages à 2001, l'odyssée de l'espace

Autre hommage (en anglais)

Site-hommage à 2001, en français (de moindre qualité)

Une firme informatique appelée "Hal Computer Systems" -aucun rapport avec le film, ni même avec l'intelligence artificielle.

Pour parler à un Hal primitif