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En manchettes sur le Net est une production Agence Science-Presse

 

Le spectre de l'épidémie

 


Trois nouvelles inquiétantes sur le front des maladies infectueuses, cette semaine. L'une, qui concerne un virus dont l'origine mystifie les experts. L'autre, qui concerne quatre enfants victimes d'une bactérie, une souche mutante d'une bactérie connue, et ce en pleine ville de Boston. Et la troisième, qui fait frissoner lorsqu'elle parle de la résurgence d'une maladie que l'on croyait appartenir au passé: la tuberculose.

 

Le virus, tout d'abord: sous le titre "l'épidémie qui aurait pu avoir lieu", la revue Science rapporte cette semaine qu'une nouvelle souche du banal virus de l'influenza (la grippe) est apparue cet été chez un garçon de trois ans de Hong Kong. Et cette souche a provoqué un émoi dans les milieux médicaux: non seulement était-elle très différente des autres souches, ce qui est inhabituel chez un virus, où les souches, bien que parfois résistantes au médicament courant, sont malgré tout "cousines" l'une par rapport à l'autre.

Mais ce qui est plus inquiétant, c'est qu'il pourrait s'agir, selon Science, du premier virus à être passé directement des oiseaux aux humains.

"C'est un événement important", a expliqué à la revue Robert Webster, spécialiste de l'influenza. Et si ça devait être transmis à d'autres humains, ça serait terrifiant."

Le jeune garçon, qui est décédé en mai dernier, semble avoir été la seule victime de ce virus, mais son cas a attiré l'attention du Centre de contrôle des maladies d'Atlanta et d'une équipe internationale de chercheurs qui s'est rendue à Hong Kong, et de là, en Chine continentale, dans l'espoir d'en apprendre plus sur ce virus baptisé H5N1. Un virus aussi répandu que l'influenza, expliquent-ils, ajouté à une souche capable de franchir aussi facilement la barrière des espèces: ça pourrait être la recette d'une épidémie désastreuse.


Le retour de la tuberculose

Pendant ce temps, en plein coeur des Etats-Unis, on parle tuberculose. Alors que la proportion d'Américains victimes de cette maladie était en pleine diminution par rapport aux pointes d'il y a cinq ans, une nouvelle souche, extrêmement contagieuse, fait son apparition au Tennessee.

"Je ne peux pas vous dire à quel point nous sommes effrayés par le potentiel de cette tuberculose hyper-transmissible", a expliqué à Newsday le Dr Michael Osterholm, épidémiologiste. Décrite pour la première fois lors d'un congrès récent par des responsables du Centre de contrôle des maladies d'Atlanta, cette souche se reproduit 1000 fois plus vite en laboratoire que la bactérie normale de la tuberculose. Et elle peut se transmettre à des gens qui n'ont eu pour tout contact que de partager une file d'attente dans un restaurant.

Pareille méthode de transmission et pareille vitesse de reproduction mystifient les experts.

Seule bonne nouvelle: cette nouvelle souche peut être vaincue par les antibiotiques.


Pendant ce temps à Boston...

Enfin, c'est de Boston qu'est venue lundi matin, 15 septembre, la troisième nouvelle inquiétante, qui concerne cette fois une bactérie. A l'hôpital pour enfants de Boston, quatre nouveaux-nés sont morts en moins d'un mois, cet été, victimes d'une souche inconnue d'une bactérie connue. Le décès d'un cinquième enfant, l'an dernier, pourrait également avoir été causé par cette même bactérie, ont rapporté les autorités médicales.

L'unité des soins post-nataux, où étaient traités ces bébés, a été fermée le 29 août par mesure de précaution. Deux enfants sont demeurés sous observation, parce qu'atteints de cette même bactérie, mais d'une souche moins virulente. Leur état ne suscite pas d'inquiétude.
La bactérie a par ailleurs été détectée -et ça, c'est étonnant- sur les mains de plusieurs employés, bien qu'aucun d'entre eux ne soit tombé malade.

"Il est évident que cette souche se comporte de façon très inhabituelle", a reconnu le Dr Edward O'Rourke, directeur médical du contrôle des maladies infectueuses à l'hôpital pour enfants. Les enquêteurs du Centre de contrôle des maladies d'Atlanta dépêchés sur les lieux auraient affirmé n'avoir aucune information quant à une éventuelle apparition, ailleurs aux Etats-Unis, de cette souche de la Pseudonomas aeruginosa.

La Pseudomonas est une bactérie qu'on trouve couramment dans la plupart des sols, et qui est souvent transmise aux humains par l'intermédiaire des végétaux et des fruits. Les gens en santé en sont rarement affectés, mais elle peut être dangereuse pour les bébés prématurés ou les gens dont le système immunitaire est affaibli. On en retrouve fréquemment des souches dans les hôpitaux, mais rarement aussi tenaces que celle-ci. Et la localiser jusque sur les mains des employés est très étonnant.

Ceci dit, cette nouvelle souche peut être traitée avec des antibiotiques. Sa mutation est inquiétante, mais pas autant que celle de ces souches de bactéries dont nous parlions il y a quelques semaines et qui, elles, sont de plus en plus nombreuses à pouvoir résister aux antibiotiques.

"Nous faisons face en ce moment à des infections dans nos hôpitaux, ici même aux Etats-Unis", écrivions-nous alors en citant le Dr Mitchell Cohen, du Centre national des maladies d'Atlanta, dans une édition spéciale du Time ("The New Frontiers of Medicine"). "Des maladies liées à la nourriture sont devenues un des problèmes de santé communautaire les plus criants. Pour moi, c'est beaucoup plus préoccupant que quelque chose de terrible se produisant dans la jungle."

En janvier dernier, une unité des soins intensifs d'un hôpital britannique avait dû fermer ses portes, en raison de la présence d'une punaise résistante aux antibiotiques. La bestiole avait été découverte chez un patient récemment transféré d'Espagne. Le patient était par la suite mort d'autres causes, mais toute tentative pour éliminer l'organisme avait échouée. Bien qu'aucun autre patient n'ait apparemment été infecté, l'inquiétude avait été suffisamment grande pour entraîner la fermeture de l'unité.

Un épisode similaire s'était produit en octobre 1996 à Sacramento, Californie, alors que 10 patients infectés par la bactérie Entérocoque s'étaient révélés insensibles à la vancomycine, un antibiotique créé dans les années 60. Une variété de cette bactérie résistante à la vancomycine avait été identifiée sur la côte Est américaine dès 1992, mais c'était la première fois qu'elle l'était sur la côte Ouest. En temps normal, l'entérocoque vit sans causer de dommages dans les estomacs de 95% de la population.

D'autres épisodes similaires avaient été signalés, à Toronto en 1995 (40 cas), et en Saskatchewan en 1996 (35 cas).

Et ça continue: un staphylocoque résistant aux antibiotiques a été signalé pour la deuxième fois aux Etats-Unis, début-août. Chez un patient du New Jersey, plus précisément, alors que le précédent, moins d'un mois plus tôt, avait été détecté chez un patient du Michigan. Tous deux démontraient un "niveau intermédiaire de résistance" à la vancomycine, dernier des trois antibiotiques offrant encore une certaine parade. Les deux patients ont pu être sauvés.