EN MANCHETTES SUR LE NET


Semaine du lundi 16 juin 1997


En manchettes la semaine dernière:
La contre-attaque des bactéries

A lire également cette semaine:
La souris qui brille dans le noir

La machine à trouver des fossiles

Un nouveau traitement anti-sida

Et:

Section spéciale:
Y a-t-il d'autres Terre? Y a-t-il de la vie ailleurs?


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Le plus ancien ami de l'Homme


Le chien n'est pas seulement le meilleur ami de l'homme: il en est aussi le plus ancien, et de très loin: des découvertes récentes pourraient faire remonter cette amitié à 100 000 ans, plutôt que les 14 000 ans sur lesquels on s'entendait jusqu'ici.

 

Contrairement à ce qu'on a pu lire dans un magazine québécois toutefois, cela ne fait pas du chien un animal plus ancien qu'on ne le croyait: ce qui est remis en question ici, c'est le temps depuis lequel il accompagne l'homme. Autrement dit, le temps depuis lequel il a été domestiqué.

Et contrairement à ce qu'on a également pu lire, il y a très longtemps que les savants ne lient plus la domestication du chien à l'apparition de l'agriculture: on s'entendait depuis des décennies pour dire que le chien accompagnait l'homme depuis au moins 14 000 ans. Or, les plus anciennes traces d'agriculture organisée ne remontent qu'à 9000 ans.

Les découvertes, rapportées dans la dernière édition de la revue Science, n'avaient de toutes façons pas pour but d'en apprendre plus sur la liaison chiens-humains, mais d'établir le bagage génétique du chien, et de déterminer avec précision sa parenté avec le loup, le coyote et le chacal.
La conclusion: comme on le soupçonnait depuis fort longtemps, le chien descend bel et bien du loup -mais, comme on le soupçonnait également depuis fort longtemps, il n'a qu'un lien de parenté très lointain avec le chacal et le coyote. Ces derniers descendent d'une autre lignée, qui s'est séparée il y a un million d'années de la branche qui allait donner naissance aux loups et aux chiens.

Cette conclusion est basée sur l'étude des mutations subies par l'ADN de 140 chiens représentant 67 espèces, et de 162 loups provenant de 14 pays. Les généticiens savent que les mutation au niveau des mitochondries peuvent servir de "calendrier", indiquant à quel moment telle souche d'individu s'est séparée de telle autre souche. Plus nombreuses sont les mutations, et plus lointain dans le passé est le moment de la "séparation".

Or, ce qu'ont découvert les paléontologues, c'est que les mutations subies par les chiens depuis leur division d'avec le loup étaient beaucoup plus nombreuses que cela aurait été possible si la domestication n'avait été vieille que de 14 000 ans. Il faudrait au minimum faire remonter cette distinction chien-loup à 60 000 ans, et peut-être même 100 000 ans.

L'argumentation est logique, a déclaré à MSNBC Stanley J. Olson, paléontologue à l'Université de l'Arizona, mais nécessite davantage de faits tangibles: par exemple, des ossements de chiens, là où des humains d'il y a 100 000 ans vivaient. Pour l'instant, nulle découverte de ce type vieille de plus de 14 000 ans n'a jamais été réalisée.

La domestication, postulent les auteurs de l'article de Science, fut sans doute un événement rare, étalé sur plusieurs générations, mais nécessitant des aptitudes particulières. Que cela se soit produit il y a 14 000 ans ou 100 000 ans, on présume que des bandes de loups et de chiens ont pu suivre pendant des siècles des bandes d'humains-chasseurs, se partageant leurs restes, et développant peut-être même une forme de symbiose: ces chiens non-domestiqués auraient par exemple pu se mettre à protéger "leur" bande d'humains des attaques d'autres animaux, ayant appris que cela leur assurait une source de nourriture fraîche à peu de frais... Puis, progressivement, des humains auraient pu recueillir des chiots et adopter les meilleurs pisteurs... ou les plus sympathiques.