Semaine du 22 juin 98

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Une image à 3 dimensions qui fait planer


Avez-vous compris quelque chose à cette nouvelle, sortie la semaine dernière, annonçant de bonnes nouvelles sur le front du sida? Un nouveau vaccin? Non, ce n'était pas ça du tout. Une découverte ouvrant la voie à un nouveau vaccin? Peut-être, mais pas sûr. Alors quoi? "La structure spatiale d'une protéine à la surface du virus a été dévoilée par cristallographie..." Ouf!

 

Et attention, ne changez pas de page tout de suite; cette découverte a été publiée simultanément, les 18 et 19 juin, dans les deux prestigieuses revues scientifiques internationales: Science et Nature. Un événement rarissime. De toute évidence, il y a là quelque chose qui échappe complètement aux profanes que nous sommes.

Pourtant, quand on l'aborde par le petit bout de la lorgnette, ça n'est pas si compliqué: des scientifiques ont réussi à créer une image en trois dimensions de l'arme employée par le sida pour se lancer à l'attaque. Et l'arme en question, c'est une toute petite protéine, appelée -retenez ce nom- gp120.

Les experts du sida savaient déjà plusieurs choses sur cette arme, ou plus exactement, cette clef grâce à laquelle le virus VIH s'introduit dans une cellule saine. Mais ce que le travail publié la semaine dernière dévoile de nouveau, c'est une série de détails sur la structure complexe de cette protéine -et à partir de là, sur ses vulnérabilités.

"Avant, nous étions aveugles. Maintenant, nous voyons", a déclaré sans une once de modestie Joseph Sodroski, de l'Institut du cancer Dana-Farber, où l'étude a été réalisée, en collaboration avec l'Institut médical Howard Hughes de l'Université Columbia, à New York, représenté par le chercheur Wayne Hendrickson. "Nous pouvons voir ce que sont les défenses de ce virus, et cela nous permet de nous concentrer sur une approche logique pour pénétrer ces défenses."

En d'autres termes: la protéine gp120 a un bouclier -sous la forme d'une centaine "d'épines". Et à présent, on sait où sont les points faibles de ce bouclier.

"Le virus est capable de changer de visage (à mesure qu'il infiltre les cellules saines), mais ce que nous pouvons voir avec cette structure complexe, c'est le mécanisme exact -c'est-à-dire la façon dont il met ses déguisements", explique à CNN Peter Kwong, de l'Université Columbia.

Allons un peu plus en profondeur pour les initiés (les autres, sautez immédiatement au dernier paragraphe): ce qu'on connaissait depuis longtemps de gp120, c'était l'enchaînement des acides aminés qui la compose. Or, cela ne suffit pas. Pour vraiment comprendre le rôle que joue cet enchaînement, il faut observer le tout en trois dimensions: c'est ce qu'a permis de réaliser la technique dite de cristallographie (la cristallographie consiste à envoyer des rayons-X à travers un cristal à partir de différents angles, de manière à reconstituer la structure de l'objet en trois dimensions; c'est cette même technique qui a permis de connaître la structure de l'ADN, en 1953). C'est cette technique qui est au centre de l'article publié dans Nature, parce que sa réalisation, ce n'était pas de la petite bière: cristalliser un composé aussi petit et aussi complexe que cette protéine gp120, plusieurs s'y étaient auparavant cassés les dents (pour plus de détails, lire le communiqué de l'Université Columbia).

Dans Science, les chercheurs expliquent comment ils ont pu, par cette technique, mettre le doigt sur une région très précise de la protéine -quelques acides aminés seulement- qui est responsable de la pénétration du VIH dans les cellules humaines, plus exactement dans certaines cellules du système immunitaire, les lymphocytes CD4. Voilà pour la technique.

La chose importante à retenir, c'est que cette découverte est fondamentale pour le développement d'éventuels vaccins: on sait maintenant avec précision où et quoi attaquer. On a trouvé un point faible dans le bouclier.


 

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