Semaine du 23 février 98

 

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Faut-il avoir peur des armes biologiques?

 

Aux Etats-Unis, l'alerte à l'anthrax lancée par deux illuminés se révèle être fausse. En Irak, on en est encore à se demander si Saddam, le mal nommé, possède vraiment un arsenal. A-t-on raison de craindre les armes biologiques? La réponse, malheureusement, est oui.


On se serait cru dans un film de science-fiction, ou dans un épisode des X-Files: des agents du FBI ont arrêté la semaine dernière, à Las Vegas, deux individus, accusés d'avoir eu en leur possession des agents biologiques très puissants -on a parlé d'une souche mortelle du bacille du charbon, mieux connu sous le nom inquiétant d'anthrax- qu'ils auraient soi-disant eu l'intention de répandre dans le métro de New York. Dimanche, on apprenait finalement qu'ils n'avaient en leur possession qu'un vaccin vétérinaire inoffensif.

L'un d'eux, William Leavitt, 47 ans, ancien évêque mormon avec une formation scientifique, a été libéré sous caution. L'autre, Larry Wayne Harris, 46 ans, membre d'un groupe d'extrême-droite, est resté détenu jusqu'à sa comparution, lundi, 23 février.

Fausse alerte? Certes. Mais il n'en demeure pas moins que la menace d'un "terrorisme biologique" devient de plus en plus tangible, à mesure que la technologie évolue. Et comme les médias nous l'ont rappelé depuis le début du mois à propos de l'Irak, un arsenal biologique est beaucoup plus facile à dissimuler qu'un arsenal nucléaire...

En dépit de tous les coups qui lui ont été portés pendant la guerre du Golfe, en 1991, et en dépit de l'embargo depuis, la capacité de l'Irak à fabriquer des armes biologiques reste en effet très forte, analyse le Gateway Journal -coalition de quelques médias de Virginie. Et même une sous-secrétaire américaine au Département d'Etat reconnaît que de neutraliser ces armes est loin d'être évident: quelques heures suffisent pour donner à un laboratoire fabricant d'armes biologiques l'apparence d'un innocent laboratoire pharmaceutique ou agro-alimentaire.

Avec une nuance, toutefois: que l'Irak possède ces armes ne signifie pas qu'il a la capacité de les expédier par des missiles à longue portée -en Israël, par exemple, ou en Europe, comme certains esprits apeurés l'ont suggéré.

 

La guerre biologique, made in Rome


La guerre biologique n'est pas une chose nouvelle. Les historiens la font remonter jusqu'au temps des Romains, qui utilisaient des animaux morts pour empoisonner les réserves d'eau ennemies.

L'utilisation "moderne" remonte à 1918, avec la création par les Japonais d'une section spéciale de l'armée: l'unité 731. Elle connut son baptême du feu en 1931, avec l'occupation par les Japonais de la Mandchourie, un territoire chinois: l'unité 731 y eut pour mission de s'approprier une "réserve de matériel expérimental humain". En d'autres termes, des cobayes. En 1941, des avions japonais répandirent en au moins cinq occasions le virus de la peste au-dessus du territoire chinois.

Les Américains apprirent rapidement l'existence du programme de recherche japonais, et créèrent aussitôt le leur. Avant même la fin du conflit mondial, ils offrirent l'immunité à des scientifiques japonais qui, sans cela, auraient été inculpés comme criminels de guerre, en échange d'informations sur les opérations de l'unité 731 et sur les expériences menées sur les cobayes humains.

La Grande-Bretagne avait elle aussi, dès le début de la guerre, lancé son propre programme d'arsenal biologique, devant la crainte que l'Allemagne nazie ne soit en train de développer le sien. Le programme britannique se concentra sur l'anthrax, un virus bien connu chez les bovins, et chercha à connaître ce que serait son taux de dispersion, si on l'adaptait à des bombes conventionnelles. L'Ile Gruinard, au large de l'Ecosse, fut utilisée comme lieu d'expérimentation. On pensait qu'une île suffirait à éliminer tout risque de dispersion du virus: grosse erreur. En 1943, une épidémie d'anthrax décima les troupeaux bovins écossais, juste en face de l'île. Les expériences furent immédiatement stoppées, mais aujourd'hui encore, 50 ans plus tard, l'île Gruinard demeure contaminée.

Au moment de la guerre du Golfe, en 1991, les soldats américains furent vaccinés contre l'anthrax, contrairement aux dénégations officielles à l'époque. Il ne fait nul doute pour les experts que les laboratoires irakiens seraient, aujourd'hui encore, en mesure d'utiliser cette arme. Mais il n'y a pas qu'eux: en dépit d'accords internationaux interdisant les armes biologiques, une douzaine de pays, dont la Chine, sont fréquemment pointés du doigt comme des possesseurs d'un tel arsenal. Plusieurs pays en voie de développement considèrent ce type d'arme comme le compromis idéal: une arme de destruction massive... à bas prix.

Et il n'est pas inutile de rappeler qu'une épidémie causée par un tel arsenal, on a déjà connu cela: en 1979, des centaines, peut-être des milliers de civils, ont trouvé la mort lorsque, à la suite d'une erreur de manipulation, une souche de l'anthrax créée par l'homme s'est échappée d'un laboratoire militaire soviétique par le système de ventilation, et a contaminé la ville voisine de Sverdlovsk. Les gens ont commencé à tomber comme des mouches deux jours plus tard. Les médecins dépêchés en toute hâte identifièrent rapidement l'agent comme de l'anthrax, mais ne purent comprendre pourquoi, dans ce cas-ci, les antibiotiques n'avaient que peu d'effets sur lui.

La version officielle fut que l'épidémie provenait d'une cargaison de viande avariée. En 1986, une version "glasnost" établissait le total officiel de morts à 92, mais maintenait l'histoire de la viande avariée. Ce n'est qu'en 1992 que le président Boris Eltsine allait officiellement reconnaître que la tragédie avait été causée par une arme biologique, comme on le soupçonnait depuis longtemps à l'Ouest.

Depuis la Guerre du Golfe, la prise de conscience du danger posé par cette terrifiante course aux armements a conduit les militaires, et en particulier les militaires américains, à augmenter les mesures de protection pour leurs troupes: de meilleurs masques à gaz et des systèmes de détection plus efficaces, susceptibles de donner un préavis de 30 minutes. Mais tout est encore loin d'être au point, révèle le Philadelphia Inquirer: les "détecteurs" restent encore, dans beaucoup de cas, au stade expérimental, et la formation des médecins militaires reste très incomplète.




Un portrait du chef de l'arsenal biologique irakien: une femme d'origine britannique, selon le Gateway Journal

 


 

 

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