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Semaine du lundi 23 juin 1997


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50 ans d'OVNI: la poursuite d'un fantôme


De Londres à Genève en passant par Montréal, des équipes de télé et des magazines du monde entier ont convergé ces dernières semaines vers un bled perdu dans le désert du Nouveau-Mexique, dont les habitants fêtent le 50e anniversaire d'un événemnet... auquel plusieurs ne croient même pas: l'écrasement d'une soucoupe volante.

 

La ville en question, c'est Roswell, là où l'armée américaine aurait soi-disant ramassé, il y a 50 ans, les restes d'un soi-disant engin extra-terrestre et de ses soi-disant occupants, dont la soi-disant autopsie a fait l'objet d'un soi-disant documentaire qui a fait le tour du monde l'an dernier.

Mais 1997, c'est aussi le 50e anniversaire de l'expression "soucoupe volante": le 24 juin 1947, un homme d'affaires américain, Kenneth Arnold, de retour d'un vol effectué seul à bord de son avion privé, racontait avoir observé, au-dessus des montagnes de l'Etat de Washington, "neuf étranges engins volants" en forme de soucoupe. Un journaliste parlait derechef de "soucoupes volantes", et la légende était née...

Et pourtant, après 50 ans, on n'a toujours pas la moindre preuve tangible de l'origine extra-terrestres de ces OVNI.

Ce qui n'empêche pas le phénomène d'être plus en forme que jamais: ce mois-ci, les kiosques à journaux sont remplis de magazines offrant un spécial OVNI. Roswell organise du 1er au 6 juillet une série d'activités qui pourraient attirer des dizaines de milliers de personnes dans cette ville de 50 000 habitants. Une ville qui compte non pas un, mais deux "musées de l'OVNI". Et le terrain sur lequel se serait écrasée la soucoupe, dont le propriétaire fait payer 15$ à des touristes enthousiasmés à l'idée d'aller voir une colline où il n'y a... rien. C'est plus de 5 millions$ par année que génère là-bas le "tourisme extra-terrestre"!

Et Roswell n'est pas seul: un autre bled perdu, Rachel, au Nevada, lui dispute le titre de point de rendez-vous de la faune interstellaire: juste à côté, se trouve une immense zone militaire d'environ 10 000 km carrés, englobant la base aérienne Nellis et le centre d'essais du Nevada, laboratoire des prototypes de l'US Air Force. Un voisinage qui expliquerait les nombreuses apparitions de "lumières étranges" au-dessus de Rachel? Pas si vite: la base Nellis, c'est aussi la fameuse "zone 51" (Area 51), là où, selon la mythologie, seraient étudiés, depuis les années 40, les restes d'engins extra-terrestres.

Combien d'engins? Un seul, racontaient une poignée de croyants jusqu'au début des années 80. Neuf, affirme-t-on aujourd'hui.

"Le vrai phénomène, écrit le Times de Londres, apparemment perplexe devant ces Américains bizarres, c'est que quelques fragments de métal et de bois de balsa ramassés à Roswell aient pu se transformer en une présence extra-terrestre."

Encore plus étrange est le fait qu'un grand nombre d'ufologues doutent eux-mêmes de ces récits d'écrasement. Le Québécois Christian Page avait même écrit en 1991 un article dans la revue de l'association des Sceptiques, où il ridiculisait ces récits pour leur cohérence douteuse et leurs "preuves" peu convaincantes.

 

Une croyance qui dure


Mais il en faudrait plus pour convaincre un croyant. Aux Etats-Unis, 48% des gens, et 42% des finissants du collégial, croient en l'origine extra-terrestre des OVNI. Chez nous, un sondage mené à l'Université Concordia l'an dernier révélait que 30% des étudiants y croyaient aussi.

Le phénomène OVNI a évolué en 50 ans. Des soucoupes des années 40 et 50, que des psychologues ont lié à la peur de la guerre froide -nous voulions croire en l'existence de créatures plus avancées, ayant survécu à l'âge atomique- le phénomène est passé dans le courant New Age. "A présent, analyse le Washington Post, la recherche est de plus en plus préoccupée par des rencontres mystiques, personnelles, subjectives, avec des extra-terrestres, les enlèvements, les femmes portant des embryons extra-terrestres..."

Les enlèvements, justement. Des milliers d'Américains ont raconté avoir été enlevés, souvent dans leur sommeil, par des OVNI, à bord desquels on leur a fait subir d'étranges et terrifiantes expériences. Les "croyants" brandissent comme un flambeau le psychiatre John Mack, de Harvard, qui affirme depuis 1995 que ces expériences sont réelles. Les sceptiques, de leur côté, y voient une autre manifestation d'une société en plein désarroi, qui a abandonné les religions traditionnelles, mais cherche désespérément à se raccrocher à quelque chose.

"Les historiens noteront un jour qu'alors que le deuxième millénaire prenait fin, la civilisation occidentale regardait vers le ciel avec crainte et effroi... L'univers s'était révélé d'une terrifiante immensité." Pour combattre ces craintes, certains d'entre nous chercheraient donc de toutes leurs forces à donner un sens à cet univers qui nous dépasse.

"Ce qui m'a attirée là-dedans, déclarait sur Internet Katherine Heenan, 34 ans, étudiante au doctorat, c'est qu'il s'agit de quelque chose que nous ne connaissons pas. La technologie change si rapidement que les choses que nous étions habitués à croire ne nous convainquent plus. J'ai été éduquée avec la croyance en Dieu, mais je ne crois plus en ce qu'on m'a appris à croire."


Recherche et rédaction: Pascal Lapointe


Un reportage de L'Hebdo de Genève sur la ville de Rachel, Nevada.

Un excellent reportage du Washington Post sur la ténacité de cette croyance et sur ses manifestations, aux quatre coins des Etats-Unis.

Un reportage en français, publié en mars 1996, sur la soi-disant autopsie d'un e.t.

Le dossier à la Une du Time du 23 juin 1997: Roswell, 50 ans plus tard.

Un rapport de l'US Air Force affirme que des mannequins récupérés par l'armée entre 1954 et 1959 après avoir été jetés du haut d'avions dans le cadre d'expériences avec des parachutes ont pu être interprétés par des témoins comme des corps d'extra-terretres (juin 1997)

  • La Une du Washington Post du 25 juin 1997
  • La Une du quotidien Le Monde du 26 juin 1997 (format PDF)

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