L'Effet boeuf
Consommateurs de tous les pays, unissez-vous!
(ASP) - Quelques jours
à peine après le Sommet des Amériques,
Télé-Québec diffusera jeudi à
20 heures un documentaire plutôt saignant, L'Effet
bœuf, de la réalisatrice Carmen Garcia.
Ou la mondialisation appliquée au marché
de l'agro-alimentaire et de la production bovine…
Au menu de ce soir: de
la viande servie à point, mais pour une fois, ce
n'est pas Pinard qui s'y colle. Ce sont les cow-boys en
personne; et même chaussés de leur célèbres
bottes, ils ont l'air fatigués. Hier éleveurs,
ils sont devenus des engraisseurs. La réalité,
c'est qu'en moins de 30 ans, la production bovine est
passée aux mains d'une poignée de multinationales
qui dictent la loi, et pas seulement au Far West, mais
bien à travers toute l’Amérique du
Nord, jusqu'au Québec.
Pas de recette-miracle
pour ce ragoût plutôt amer. L'industrie contrôle
désormais près de 70 % de la production
nord-américaine, et peut donc dicter sa loi. L'avenir
des petits exploitants est sérieusement compromis.
Quant aux interrogation sur les conséquences sociales
et environnementales de l’élevage intensif,
elles ne sont tout simplement pas compatibles avec les
50 milliards de chiffres d'affaires annuel générés
par Cargill, une des trois plus importantes compagnies
de cette industrie.
Et le Québec dans
tout ca ? Il produit à peine 15 % de sa consommation
de bœuf car les producteurs québécois.
La petite capacité de production des éleveurs
d'ici leur donne pourtant une force: ils sont capables
de proposer de la variété. Mais sur un marché
où les distributeurs préfèrent l’uniformité
des produits, il leur est souvent impossible d’écouler
la production et n'ont d'autre choix que de la transformer
à 75 % en viande hachée afin de la vendre…
aux fast-foods.
La réalisatrice
voit-elle dans l'agriculture biologique une bouée
de sauvetage quand elle nous présente ce cow-boy
de l'Alberta à la mine radieuse qui mène
joyeusement ses bêtes au pâturage avant des
les faire engraisser dans des enclos 3 étoiles,
nourris de grains bio ? On n'en apprend pas assez pour
le savoir...
Le principal absent de
la soirée est le dernier maillon cette chaîne
alimentaire: vous, nous, et les enfants. Ceux-là
même à qui on a longuement expliqué
qu'ils ne sont que des cibles pour les vendeurs de bouchées
de poulet ou autres sandwichs à l’agglomérat
de viande. Heureusement les enfants comprennent vite quand
on leur explique et changent leurs habitudes plus volontiers
que leurs parents. Mais là où la pilule
risque d’être difficile à avaler, c'est
lorsqu’on doit leur avouer que tout cela a été
rendu possible parce qu'au pays où le consommateur
est roi, le plus important, ce n'est pas la qualité:
c'est de pouvoir se mettre sous la dent tout ce qu'on
veut, quand on le veut, au plus bas prix possible!
L'Effet bœuf,
un documentaire de l'ONF. À Télé-Québec
jeudi 3 mai à 20 h. Rediffusion dans la nuit de
mardi à mercredi à 0 h 27.
