Supports à vélo vs. changements
climatiques
(ASP) - Laisseriez-vous votre voiture à
la maison si vous pouviez accrocher votre vélo
à un autobus pour une partie du trajet ? Cest
ce quont décidé des milliers de citoyens
à qui on a offert le service, ailleurs sur le continent.
Et cest le pari quaimerait prendre à
son tour lAgence métropolitaine de transport
(AMT). " Ce serait pour lété
prochain (2002), mais seulement si on obtient lappui
des Sociétés de transport et des Conseils
intermunicipaux de transport " affirme James
Burns, de lAMT.
Bien que les trajets ne soient pas encore
déterminés, il nest pas exclu que
les supports soient notamment intégrés au
projet Viabus: ce projet vise à aménager
lancienne voie du CN (de Repentigny au centre-ville)
en voie réservée aux autobus. On permettrait
aux cyclistes daccrocher leurs vélos sur
un support à l'avant ou à l'arrière
du véhicule. Une fois au centre-ville, le déplacement
serait beaucoup plus rapide et sur une courte distance.
" Ça fait partie des moyens envisagés
pour encourager lintermodalité " explique
M. Burns. " Mais nous faisons face à
des problèmes de lignes pour linstant. Il
faudrait que ces autobus soient entièrement dédiés
à certains trajets, sans pouvoir être déviés
vers dautres lignes, comme on a lhabitude
de le faire ".
Lexpérience-pilote des années
80 sur la Rive-sud avait été abandonnée,
à cause de la mauvaise qualité des supports.
Depuis, de nouveaux modèles, beaucoup plus faciles
à utiliser, ont été conçus.
Quelque 200 sociétés de transport, aux Etats-Unis
et au Canada, offrent déjà ce service, dont
entre autres, à Ottawa. Dix-huit municipalités
en ont équipé 100% de leur flotte en Amérique
du nord.
Par exemple, à Denver, Colorado,
une expérience d'abord partielle a eu pour conséquence
quune moyenne de 2300 cyclistes par jour en ont
profité pour se rendre au bureau en été.
Depuis, tous les autobus ont été équipés.
Selon un sondage mené sur place,
la plupart auraient choisi de prendre leur voiture, si
ce service navait pas été offert.
En fin dannée, létude a démontré
une réduction de 200 à 270 tonnes (une tonne
étant 1 million de grammes ou le poids dun
mètre cube deau) de gaz polluants grâce
à ce projet et aux autres facilitant le déplacement
des cyclistes (supports, stationnements, pistes). Enfin,
ce service a attiré de nouveaux clients dans les
autobus
une source de revenus supplémentaire!
Des chiffres qui parlent
Chaque jour à Montréal, 6
550 747 déplacements automobiles ont lieu. Ils
sont responsables de 65% des émissions polluantes
dans la région. En 1994, le CAA évaluait
que les 1 320 000 véhicules légers de la
grande région de Montréal produisaient 5
241 133 tonnes de gaz à effet de serre par an,
soit 14 360 tonnes par jour ! Qui plus est, entre 1997
et 2007, 400 000 autres engins auront envahi la région,
si les automobilistes nadoptent pas de nouvelles
habitudes (marche, vélo, autobus, métro,
taxi). Latteinte des objectifs de Kyoto passe donc
aussi par des choix individuels.
En lan 2000, le nombre de personnes
à avoir utilisé leur vélo quotidiennement
à Montréal se chiffrait à 210 000.
" Ce qui minquiète
le plus, cest la qualité de lair que
nous respirons. Sans être de gros gaz à effet
de serre, lozone au sol (O3), les oxydes dazote
(NOx), les composés organiques volatils (COV) et
les particules dans lair portent directement atteinte
à nos poumons. Et le pire, cest que linteraction
de ces gaz est si complexe quon retrouve souvent
plus dozone au sol en banlieue quau centre-ville
de Montréal " explique Rémi Haf
de la Commission Nicolet sur lamélioration
de la mobilité entre Montréal et la Rive-Sud.
Autre exemple. Si les 35 000 personnes qui
ont pédalé le Tour de lîle de
66 km avaient décidé de faire un tour dauto
de la même distance ce dimanche-là, ils auraient
parcouru léquivalent de 2 310 000 km. Multiplié
par 200 g de polluants par km, ça équivaudrait
à 462 tonnes de gaz à effet de serre en
une seule journée!
Dans le cadre des audiences publiques de
cette commission Nicolet sur laménagement
du réseau routier, le Réseau vélo
métropolitain et le Regroupement national des Conseil
régionaux de l'environnement prônent évidemment
une multiplication des services aux transports alternatifs.
Des aménagements routiers dans plusieurs villes
du monde démontrent que plus dautobus, de
stationnements à vélo, de pistes cyclables,
de places réservées dans les wagons, de
ponts et passerelles, de traverses fluviales et ainsi
de suite, diminuent la congestion sur les réseaux
routiers et ce, même si la population augmente.
Et vous, seriez-vous prêt à
laisser votre voiture, si on facilitait vos déplacements
à vélo?
Brigitte
Blais