Les grands brûlés: une
douleur qui peut se prolonger
(ASP) - Chaque année, 600 personnes
sont victimes de brûlures au Québec, des
brûlures graves du second degré profond et
du 3e degré. Malgré
les avancées incroyables qui permettent aux victimes
dêtre soignées, les conséquences
de ces blessures peuvent parfois durer plus longtemps
qu'on ne le croit.
Autrefois, les grands brûlés
étaient condamnés à finir leurs jours
sur des lits dhôpitaux dans des souffrances
atroces; aujourdhui, la plupart retrouveront une
vie normale. Pourtant, au-delà de ces progrès
médicaux, le résultat dune étude
menée par Annie Malenfant, neuropsychologue au
centre Hospitalier de lHôtel Dieu à
Montréal, tend à prouver que les grands
brûlés continuent à souffrir de déficits
sensoriels et de douleurs chroniques, des souffrances
qui ne sont pas toujours prises en compte par les assureurs,
au moment dévaluer les indemnisations. À
lheure actuelle, les critères qui déterminent
le montant des indemnités tournent essentiellement
autour des handicaps moteurs ou des préjudices
esthétiques des victimes. Lorsque laccident
survient sur le lieu de travail, la Commission Santé
Sécurité au Travail (CSST) verse une compensation
salariale; dans tous les autres cas, lindemnisation
relève des assurances, si le citoyen a eu les moyens
d'y souscrire.
Au cours de ses recherches, Annie Malenfant
a rencontré 121 patients, et mis en évidence
limportance des conséquences à long
terme, reliées à la perte de sensibilité
ou au contraire à lhypersensibilité
des parties du corps brûlées. Ainsi, un électricien
qui subit de graves brûlures sur les mains, peut
fort bien retrouver le parfait usage de ses mains, voire
retrouver, grâce à la chirurgie plastique,
lesthétique de ses mains davant l'accident.
Et pourtant, son hypersensibilité cutanée
ne lui permettra plus deffectuer certains travaux
dextérieur et ce, dès les premiers
jours de lautomne.
Ces douleurs chroniques qui affectent certains
grands brûlés, surviennent parfois plusieurs
années après leurs accidents, et peuvent
entraîner de graves conséquences sur la qualité
du sommeil, du travail ou des activités sociales.
Les causes de ces problèmes? "On ignore les
mécanismes exacts, explique la chercheure, mais
plusieurs hypothèses peuvent être avancées:
notamment des anomalies dans les terminaisons nerveuses
regénérées, une réinnervation
déficiente dans les tissus cicatrisés ou
des décharges anormales provenant des fibres endommagées
ou régénératrices." Pour pallier
à ces douleurs, quotidiennes ou intermittentes,
seulement 16% des patients ont recours à des médicaments,
qui ne leur apportent de toutes façons quun
soulagement faible ou modéré, et 42% tentent
leur chance avec des méthodes annexes comme les
bains, les massages, applications de chaleur... Des soins
apaisants, mais pas de remède-miracle.
Florence
Portes