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Le 22 juin 2005



Physicienne épanouie mais oiseau rare

(Agence Science-Presse) - Si les femmes continuent d'investir avec succès les bancs des universités, le bilan n'est guère réjouissant du côté de la physique: entre 1999 et 2003, le nombre de nouvelles étudiantes québécoises au baccalauréat en physique a chuté de 23% à 16% soit... 20 personnes.

Peu réjouissante en cette Année mondiale de la physique, cette décroissance féminine témoigne de plusieurs facteurs: préjugés envers la physique, manque de modèles, horloge biologique, responsabilités familiales, milieu exigeant et hermétique... Et qu'en est-il de l’aptitude des femmes en maths et en physique? L'hypothèse demeure hautement controversée, et quand bien même serait-elle vérifiée, qu'elle serait submergée par les autres facteurs.

" Socialement, il y a des freins. " Claire Deschênes, titulaire de la Chaire CRSNG/Alcan pour les femmes en sciences et génie au Québec, n’en démord pas : " l’influence sociale est trop importante pour juger de l’influence de la génétique ou de la biologie. " Si les jeunes femmes manquent de modèles féminins en physique, elles sont aussi moins encouragées et soutenues vers ce choix de carrière que les garçons.

Sur le métier de physicien, on trouvera une liste d'articles sur notre page de l'Année de la physique.

Voir entre autres:

Qui sera l'Einstein du 21e siècle? (10.01.2005)

La compétition des sciences de la santé n’est pas à négliger : depuis huit ans qu'elle étudie la faible représentation féminine en science et génie, 817 femmes de plus se sont inscrites dans les domaines liés à la santé alors que les sciences et le génie pâtissaient de 312 inscriptions en moins. Mme Deschênes affirme donc que " la baisse des inscriptions en physique n’est pas la faute au génie ou à la physique, c’est plutôt un engouement pour la santé " qui a drainé les jeunes femmes.

Lawrence Summers, président de l’Université Harvard, a jeté un pavé dans la mare en déclarant, en janvier, que ce sont les différences innées des femmes qui les empêchent d’exceller en science. Claire Deschênes, elle-même chercheure en génie mécanique à l’Université Laval, s’insurge : " Quand on pourra affirmer que les femmes ont autant de chances, de reconnaissance, de facilité et d’encouragement que les hommes à poursuivre en sciences pures et en génie, alors à ce moment, ça ne me dérangera pas si l’équilibre naturel atteint 30% de femmes. "


Les nombreux visages de la discrimination

De nombreuses études démontrent qu’elles subissent plusieurs formes de discriminations — peut-être inconscientes. Le même article de recherche obtient une meilleure note lors de sa révision par les pairs lorsque l’auteur est masculin. La distribution des subventions de recherche favoriserait les hommes. " Le plafond de verre existe encore. " assure Claire Deschênes. Pourtant, cela semble bien se passer dans les classes. " Le respect s’installe avec le succès ", témoigne Gwendoline Simon qui a terminé en 1997 un doctorat en physique théorique. Elle ne tarit pas de superlatifs pour décrire le bonheur vécu lors de ses études. Arrivée en 3e année du baccalauréat à l’Université Laval après deux ans à Sherbrooke, seule parmi 35 garçons: ceux-ci " trouvaient ça cool et étaient vraiment contents qu’il y ait une fille avec eux. "

Même histoire pour Dominique Langevin, chercheure à Paris en physique. Elle a reçu en mars le prix UNESCO-L’Oréal pour les femmes et la science –décerné à cinq femmes des cinq continents– pour ses études sur les détergents, les émulsions et les mousses. Son parcours s’est déroulé sans discrimination : " étudiante, j’ai toujours été bien considérée. Mais l’important est de bien choisir le laboratoire et un directeur ouvert aux femmes. "

Pour Mme Langevin, la faible représentation des femmes en physique est surtout due au manque d’information. Les préjugés sont tenaces: " plusieurs pensent que les physiciennes ne sont pas épanouies! "


Et les bébés?

" Pour rien au monde je n’aurais sacrifié mon travail aux enfants ", assure Mme Langevin. Il est vrai que l’implication ardente de son mari – elle est mariée depuis 36 ans– a beaucoup aidé à la vie avec les quatre enfants. Les quatre autres lauréates ont aussi des enfants. Mais c'est une détermination qui ne se retrouve pas partout, lorsque l’horloge biologique sonne! Gwendoline Simon ne désirait pas d’enfants, mais se rappelle que la seule autre femme qui faisait son doctorat en même temps n’a pas terminé parce qu’elle a eu un bébé. Et il reste du chemin à faire pour que ce choix ne pénalise plus les femmes dans la poursuite de leur carrière. La hausse de la limite d’âge pour l’admissibilité aux bourses de recherche permettrait à plusieurs femmes, de retour d'un congé de maternité, d’y participer. Dans la liste des gestes positifs, Claire Deschênes note l’exemple de l’organisme subventionnaire CRSNG (Conseil de recherche en sciences naturelles et en génie) qui a récemment retiré la mobilité des critères d’admission pour ses bourses. Ça devenait discriminatoire pour les femmes devenues mères.

Le prix reçu par Mme Langevin l’amènera à rayonner dans les écoles pour dire que c’est possible d’avoir une carrière scientifique et une vie personnelle. Maintenant professeur de physique au Cégep Champlain-St-Lawrence de Québec, Gwendoline Simon stimule les vocations par son cours de physique contemporaine où elle explique comment notre monde bénéficie de la physique. Au moins deux de ses étudiantes ont suivi ses traces à l’université grâce à elle.

De nombreux comités universitaires se penchent sur le problème. Plusieurs universités canadiennes et l’American Physical Society ont des comités du statut des femmes en physique. Les incitatifs se multiplient. Par exemple, la Bourse Marie-Curie de l’Université de Montréal permet à une cégepienne de vivre un stage en physique avant le début de son baccalauréat. Des actions suffisantes pour renverser la vapeur?

Mélanie Robitaille

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