Dépression génétique
(ASP) - Pour 15% des personnes maniaco-dépressives,
la souffrance est telle quelles choisissent de mettre
fin à leurs jours.
On ose peu parler de cette maladie "cachée",
bien qu'elle affecte tout de même 7% de la population.
Et on commence à peine à découvrir
qu'elle pourrait avoir des causes génétiques,
expliquait récemment le Dr Nicholas Barden, dans
le cadre d'une conférence commanditée par
une compagnie pharmaceutique, où il exposait le
fruit de ses recherches.
Depuis 1985, le Dr Barden, directeur de
lunité de neuroscience du Centre hospitalier
de lUniversité Laval, sest penché
sur la source des troubles bipolaires -le terme savant
pour la maniaco-dépression. Il a observé
de près une famille élargie de 130 personnes
provenant de la région du lac Saint-Jean, et a
découvert que 34 dentre eux souffraient de
maniaco-dépression, ce qui lui a permis de l'associer
à un gène malade dont cette famille est
porteuse.
"Ce gène, situé sur le
chromosome 12 sest avéré défectueux
dans 70 % des cas", précise le Dr Barden.
Des recherches similaires effectuées au Danemark
et aux États-Unis en sont venues aux mêmes
conclusions.
"En ce moment, nous tentons de prouver
que la dépression chronique et les troubles bipolaires,
qui occasionnent chez les personnes atteintes un état
de stress constant, sont dorigine génétique.
La bête noire, cest quil est inutile
dinsérer ce gène chez les souris,
car il est difficile dobserver si une souris souffre
ou non de troubles affectifs..."
Lors de sa conférence, une participante
a fait part de son inquiétude: "en tant que
mère, pourrais-je savoir, lorsque je serai enceinte,
si mon enfant sera atteint par cette maladie?" Bien
quen théorie, il soit un jour possible pour
une femme enceinte didentifier si son bébé
est porteur du gène ou non, le Dr Barden doute
fortement que le gouvernement juge opportun de faire passer
ce test de dépistage à toute la population.
D'autant que le fait d'être porteur du gène
ne signifie pas que l'on développera la maladie
Pour un autre des participants, il est clair
que ce test génétique peut être néfaste :
"jai été atteint par cette maladie
jusquà 55 ans et je dois dire que jétais
très heureux de ne pas en être conscient
"
Comment la médecine vaincra-t-elle
cette maladie? "Dici cinq à dix ans,
des tests génétiques révéleront
si un individu est porteur de ce gène." C'est
seulement à partir de là que l'on pourra
espérer voir naître une thérapie génique
qui pourrait, en théorie, remplacer le gène
défectueux par un gène sain, poursuit le
Dr Barden. Mais pour en arriver là, il faudra au
moins 20 à 30 ans, la thérapie génique
étant, pour l'instant, très expérimentale.
En attendant, les recherches se poursuivent
et les personnes atteintes de maniaco-dépression
et de dépression chronique doivent se tourner vers
les méthodes traditionnelles de thérapies
et de médicamentation.