Boues industrielles en agriculture:
révision à la baisse
(ASP) - Afin de diminuer les risques pour
la santé, les matières toxiques dans les
boues industrielles devront désormais respecter
une norme plus sévère, avant dêtre
épandues dans les champs.
Explication. Pour se débarrasser
de leurs déchets industriels à peu de frais
ou diminuer leurs quantités à enfouir, certaines
usines dépuration des eaux (municipales,
pâtes et papiers ou agroalimentaires) peuvent donner
ou vendre leurs boues. C'est ainsi qu'elles offrent aux
agriculteurs, sylviculteurs et autres horticulteurs, une
alternative aux fumiers et lisiers, lorsque ceux-ci sont
en pénurie. Dautres usines fournissent des
matières riches en calcium et en magnésium
tels des poussières de cimenterie, des cendres
ou des résidus magnésiens. Le problème,
c'est que bien qu'étant riches en matières
organiques et en éléments nutritifs, ces
résidus et ces boues peuvent aussi contenir des
métaux lourds, du cadmium, de larsenic ainsi
que des dioxine et furannes (D/F).
Selon les résultats dune étude
publiée en mai 2001 par le Groupe scientifique
sur l'évaluation du risque toxicologique de lInstitut
national de santé publique du Québec (INSQ),
les normes formulées par le ministère de
lEnvironnement (MENV) en 1997 dans les "Critères
provisoires pour la valorisation des matières résiduelles
fertilisantes (MRF) " devront être
révisées pour le cadmium, larsenic
et les D/F: la quantité tolérée devra
en effet être revue à la baisse. Les recherches
concluent que les taux maximum actuellement permis par
le MENV sont considérablement trop élevés.
Les nouveaux maximums devront plutôt ressembler
à ce qu'on appelle les taux moyens acceptables
(C1).
Si ces normes de 1997 ne sont pas modifiées,
les dangers pour la santé humaine seront trop élevés,
prévient létude. En 100 ans, les taux
daccumulation de D/F augmenteront de 87% dans les
tissus végétaux, de 148% chez les animaux
et de 8% dans les poissons. Le cadmium, lui, augmentera
de 131% dans les tissus végétaux et animaux
et de 1% dans la chaire des poissons. Même scénario
pour larsenic. " Ces quantités
dépasseraient le seuil de risque que nous sommes
prêts à prendre, quoique ce seuil soit très
sécuritaire " assure Monique Beausoleil,
toxicologue à lINSQ.
Une des observations de cette étude
porte sur les boues industrielles. Celles-ci contaminent
de 50 à 90% plus que les poussières, cendres
et autres résidus. De plus, les biosolides de papetières
sont de 4 à 570 fois plus contaminants que les
fertilisants traditionnels, lorsquon examine 11
différents éléments contenus dans
leurs boues.
A l'heure actuelle, 2,3% des sols agricoles
du Québec utilisent les MRF comme fertilisants.
Soulignons que létude se base
sur des critères de santé humaine déterminés
par lagence environnementale américaine USEPA
et névalue pas cette bioaccumulation au-delà
des 100 prochaines années. La toxicité pour
les micro-organismes, les insectes ou les vers de terre
na pas été déterminée,
et encore moins limpact des odeurs sur la qualité
de vie des gens.
Brigitte
Blais