Rien d'épatant pour l'hépatite
(ASP) - Le tiers des Canadiens atteints
de lhépatite A a contracté le virus
au cours dun voyage. Mais seulement 14 Canadiens
sur 100 qui voyagent dans les pays où la maladie
est courante se font vacciner avant leur départ.
Et trois de ces 14 voyageurs vaccinés contractent
tout de même la maladie!
Ce sont là les résultats d'une
équipe de chercheurs de lUniversité
Laval dirigée par Gaston De Serres. Leur conclusion?
La stratégie canadienne de prévention de
lhépatite A, qui repose sur la bonne volonté
des voyageurs à visiter un CLSC ou une clinique
santé-voyages pour recevoir à leurs frais
les vaccins, est inefficace et devrait être revue.
En fait, lefficacité de la stratégie,
évaluée à 11%, est très inférieure
aux normes acceptables en santé publique.
Les chercheurs ont interrogé 108
Ontariens et Québécois qui ont contracté
lhépatite A lors dun voyage dans les
régions à risques entre 1997 et 1999. Ils
ont comparé leurs réponses à celles
de 620 personnes bien portantes qui ont voyagé
dans les mêmes régions pendant la même
période.
Lhépatite A, qu'on appelait
aussi, autrefois, hépatite infectieuse, est une
maladie du foie causée par un virus transmissible
soit par contagion de personne à personne, soit
par des aliments ou de leau contaminée. Elle
se manifeste par de la fièvre, des nausées
et un jaunissement de la peau, mais ne cause généralement
pas la mort. Très contagieux, le virus est particulièrement
actif dans les régions du monde où les conditions
sanitaires et dhygiène personnelle sont déficientes.
Les chercheurs estiment toutefois que les
risques de contracter la maladie varient aussi selon lattitude
du voyageur, cest-à-dire sa perception du
risque, ainsi que selon la durée et le genre de
voyage réalisé : les jeunes voyageurs
itinérants à petit budget courent plus de
risques que les personnes qui ne voyagent que quelques
semaines dans des conditions plus aisées. Mais
puisquun nombre important de voyageurs considérés
comme peu à risques a contracté la maladie,
la vaccination est fortement recommandée pour tous.
Or, c'est bien là qu'est le problème, puisque
la stratégie canadienne actuelle ne favorise pas
une attitude préventive adéquate chez les
voyageurs canadiens : le peu de sensibilisation qui
est fait ne suffit pas, et ces voyageurs doivent de surcroît
assumer les frais de la vaccination puisquon considère
que les Canadiens qui peuvent se payer un voyage peuvent
aussi payer pour leurs vaccins.
" Puisque les Canadiens voyageant dans
ces régions du monde sont de plus en plus nombreux
et que limmunité naturelle à la maladie
est de moins en moins forte chez les Canadiens, la stratégie
de prévention devrait être revue. La vaccination
devrait être plus accessible, voire même généralisée
à toute la population, et les efforts de sensibilisation
devraient être accrus afin de développer
la conscience du risque chez les voyageurs ", conclut
Gaston De Serres.
Lisa Nolet