L'événement de la semaine


Pour tout trouver
sur Internet!


Tous les médias
en un clin d'oeil!


Nos nouvelles brèves
  
  


Notre chronique de
vulgarisation scientifique!



Plus de 1500 questions





Hommage à...
Le monde delon GOLDSTYN
La science ne vous interesse pas?
Dossiers
Promenades






Le 21 août 2003



 

Porcherie aquatique

(ASP) - La consommation mondiale de poisson augmente chaque année. Pour remédier au déclin des stocks de poissons, une solution paraît logique : l'élevage de poissons, ou aquaculture. Cette révolution bleue montre des taux de croissance annuels exceptionnels de 10%, loin devant l’industrie de la viande animale (3%). Mais voilà qu'on s'aperçoit que la pression sur les espèces " sauvages " ne diminue pas toujours et que les écosystèmes marins n'en sont pas améliorés.

" Il y a deux types d’aquaculture ", explique Daniel Pauly, biologiste en pêcheries à l’Université de Colombie-Britannique. Dans un premier cas, on utilise des espèces qui peuvent se nourrir de végétaux ou des débris organiques. Le tilapia, de plus en plus populaire en Amérique du Nord, mais aussi les mollusques (moules et pétoncles), font partie de ces espèces animales. " C’est un apport net de protéines à la table de l’humanité ", et c'est un type d’aquaculture " durable " qui existe depuis des millénaires. Les Chinois savent ainsi depuis longtemps élever des carpes, une espèce herbivore, dans des étangs. Ils savent aussi faire des polycultures, utilisant différentes espèces de poissons pour maximiser l’utilisation de la nourriture dans les étangs. Ce savoir représente encore une large partie de l’aquaculture (80% selon la FAO) mais il se perd tranquillement au profit du deuxième type d'aquaculture, plus intensive et plus dommageable.

A l'instar de Daniel Pauly, Barry Costa-Pierce, un spécialiste de l’aquaculture à l’Université du Rhode Island, est sévère face à cette aquaculture moderne, qui a commencé il y a 30 ans avec le saumon. Tous deux n’hésitent pas à comparer ces élevages à des porcheries marines.

Ces aquacultures, généralement réalisées en mer, génèrent une importante couche de matière organique, composée de déjections animales et de reste de poissons, qui pollue les fonds marins.

De plus, l’aquaculture moderne utilise des poissons carnivores : le saumon, l’anguille ou la morue. De sorte qu'il faut généralement trois kilos de poissons... pour produire un kilo de saumon! Ce qui affecte du même coup d’autres populations de poissons et leurs écosystèmes aquatiques. Fines bouches, les saumons ne mangent pas des farines animales, leurs chairs perdraient ce " goût de mer " si recherché.

Enfin, Daniel Pauly insiste sur le fait qu’une grande partie de ces poissons nécessaires à l’alimentation de l’aquaculture provient des pays du Tiers-Monde. On affecte donc les populations de poisson de régions déjà sous-alimentées.

S’ajoutent des inconvénients similaires à ceux des élevages agricoles : utilisation d’antibiotiques, transmission facilitée de maladies et destruction d’écosystèmes terrestres, comme les mangroves en Asie pour l’aquaculture de la crevette. La panacée n’est donc pas dans l’aquaculture moderne tel qu’on la connaît.

Toutes ces inquiétudes étaient à l'ordre du jour de la journée sur l'aquaculture, dans le cadre du 133e congrès annuel de l’Association américaine des pêcheries qui avait lieu récemment à Québec.


Un déclin sous surveillance

Quant aux saumons génétiquement modifiés, offrent-ils un avantage? " Il croissent peut-être plus vite, rétorque Monsieur Pauly, mais ils ont toujours besoin de poissons pour se nourrir, ce qui ne change rien au problème. "

L’Europe tente de mettre sur pied un cadre législatif entourant les pratiques aquacoles, mais la plus grande proportion d’aquaculture se fait en Chine et dans des pays du sud où les lois sont peu contraignantes. De toutes façons, ces lois risquent de devenir caduques si l’industrie réalise un de ces projets : s’installer en haute mer (mariculture), loin des juridictions et des tracasseries nationales.

Le problème devient encore plus lancinant devant l'incontestable diminution des stocks de poissons. Le thème du congrès de Québec, le déclin universel des populations de poissons sauvages, le soulignait. Dans le St-Laurent, personne ne semble mettre en doute la lente disparition des poissons de fond comme la morue et le sébaste. Ce déclin, selon Daniel Pauly, résulte de l’explosion démographique, de l’amélioration prodigieuse des techniques de pêche et de l’absence de politiques nationales et internationales pour encourager une gestion durable des pêches.

Établissement de réserves maritimes où la pêche serait interdite, fin des subventions aux pêcheurs ou interdiction de certains instruments de pêche: la plupart de ces interventions ne nécessiteraient pas d’accords internationaux, la pêche étant en grande majorité (85-90%) réalisée dans les eaux territoriales. Le déclin des populations de poissons est mondial, mais les espoirs de survie sont régionaux.

 

  • Informations supplémentaires : The Economist, 9 août 2003.
  • Informations sur le Tilapia et les autres espèces aquatiques : www.fishbase.org

François D'Allaire

Retour au sommaire des nouvelles québécoises


Vous aimez cette capsule? L'Agence Science-Presse en produit des semblables -et des meilleures!- chaque semaine dans l'édition imprimée d'Hebdo-science et technologie (vous désirez vous abonner?).
Vous voulez utiliser cette capsule? Contactez-nous!

 

 

 

Sommaire des nouvelles québécoises


En manchette cette semaine

Les capsules de la semaine


LE KIOSQUE de la recherche au Québec
Les communiqués de presse, dans tous les champs du savoir!




 
Accueil | Hebdo-Science | Le Cyber-Express | Bibliothécaire Québécois | plan du site