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Colloque du CIRASI
La démocratisation d'Internet est-elle possible?
(ASP) - La démocratisation d'Internet est-elle possible?
Il n'y a pas si longtemps, les pionniers d'Internet n'avaient
de cesse d'en parler comme un outil qui démocratiserait
la société, en donnant un accès égalitaire
à toute l'information disponible. Aujourd'hui, paradoxalement,
la prise en main croissante du réseau informatique par
les grandes corporations oblige à se demander si, au contraire,
Internet peut se démocratiser lui-même.
Les membres du CIRASI, Collectif interdisciplinaire de recherche
sur les aspects sociaux d'Internet ne sont en tout cas pas d'accord
sur ce que nous réserve l'avenir. se posent beaucoup de
questions sur la problématique de la démocratisation
d'Internet. C'est ce qu'on peut conclure de leur table ronde
"Internet dans la société: technologie, appropriation
et citoyenneté", qui avait lieu lors du premier colloque du CIRASI
à l'auditorium de la Télé-Université
de l'UQAM, et qui était diffusé -démocratisation
ultime- en direct sur Internet. Y assistaient quelques centaines
de professeurs, sociologues, philosophes, spécialistes
des communications, intervenants du milieu communautaire et étudiants.
Le CIRASI a d'abord accueilli Micheline Frenette, professeure
au département de communication de l'Université
de Montréal, qui a discuté de la démocratisation
à partir du cadre familial. Selon elle, l'atteinte d'une
démocratisation du réseau suppose un déploiement
considérable d'efforts pour que les parents s'approprient
le médium. "Il est nécessaire que les parents
soient asssurés que l'utilisation d'Internet dans leur
foyer correspond au projet de vie de leur enfant."
Pour ce faire, les parents qui voudront comprendre Internet
devront toutefois d'abord comprendre la culture des jeunes, car
souvent, ce sont les enfants qui ont eu la Toile dans leur quotidien
depuis des années. Et il n'est pas question pour les parents
de baisser les bras : "ils doivent transmettre un recul
critique à leurs enfants, de sorte qu'Internet devienne
pour les adultes de demain un outil plutôt qu'un objectif".
A l'échelle communautaire
Ginette Richard, directrice adjointe à Communautique,
participe chaque année à la mise sur pied de formations
destinées aux organisations communautaires qui veulent
initier leurs membres aux technologies de l'information et de
la communication. Elle connaît donc bien le portrait du
niveau d'appropriation d'Internet au Québec. "Les
exclus de la société sont aussi les exclus d'Internet.
Il y a énormément de travail à faire pour
intégrer les analphabètes, les itinérants,
les déficiants mentaux, les toxicomanes, et autres, dans
le mouvement Internet."
Ginette Richard n'a pas manqué de souligner les enjeux
et les défis qui se posent lorsqu'on travaille pour encourager
l'accès populaire à Internet. "Le défi
de la langue est important, mais il est facilement relevé
lorsque la formation entre en ligne de compte. Les animateurs,
formés au préalable par Communautique, cernent
les intérêts et les capacités de leur clientèle
avant de leur indiquer comment profiter pour eux-mêmes
du courrier électronique et de la navigation Internet."
L'intervenante communautaire a souligné le manque criant
de ressources pour permettre un réel accès démocratique
au réseau informatique.
Pour Anne-Marie Gingras, professeure au département
de science politique de l'Université Laval, nul doute
que "la fréquentation d'Internet se fera de toute
manière. Si elle ne se fait pas de manière citoyenne,
elle va se faire à l'image de la société,
avec ses fractures économiques, ses info-riches et info-pauvres,
et sa logique du pouvoir". Et l'enseignante est foncièrement
pessimiste quant à l'existence d'une citoyenneté
sur Internet. "Tant que les processus décisionnels
n'auront pas changé, Internet ne pourra pas réellement
participer à la recherche du concensus/consentement, si
propre à la démocratie."
Ces propos n'ont pas fait l'unanimité. "La manifestation
de Seattle, qui s'opposait notamment aux agissements de la Banque
Mondiale, a été organisée presque totalement
par Internet. La preuve que le cyberespace peut favoriser le
militantisme", a commenté Pierre Lévy, philosophe
et professeur au département de communication de l'Université
du Québec à Trois-Rivières.
Tous ces exposés ont eu, à leur façon,
un impact sur la démocratisation des débats : devant
leur longueur, l'animateur Michel Sénécal, de la
Télé-Université, a dû limiter l'affluence
des commentaires en provenance de l'assistance et du public branché
à Internet. Ce sera pour une prochaine fois.
Dominique Mauffette Filion
(27 octobre)
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