Les gros sous de la génomique
(ASP) - Ceux qui louperont le virage génomique
seront condamnés à la pauvreté. C'est
le signal d'alarme qu'a voulu faire entendre Juan Enriquez,
de l'Université Harvard, rapportait le quotidien
Le Soleil.
M. Enriquez était de passage à
Québec dans le cadre du congrès BioContact,
un grand rassemblement annuel de compagnies oeuvrant dans
le vaste secteur biomédical, de la recherche pharmacologique
jusqu'aux domaines de pointe que sont les biotechnologies
et, bien sûr, la génomique.
Il faut dire que Juan Enriquez a exactement
le profil recherché par les organisateurs d'un
tel congrès, dont l'objectif est d'amener des gens
à tisser des liens dans une perspective commerciale:
professeur à l'École de commerce de l'Université
Harvard, il en est surtout le directeur du projet des
sciences de la vie. En plus d'être l'auteur d'un
livre sur les conséquences (commerciales de préférence)
des percées de récentes en génétique.
Et parmi ces percées, en tout premier lieu, le
décodage du génome humain, qui fait miroiter
d'immenses espoirs à tous ceux qui rêvent
de mettre le doigt sur le médicament-miracle, obtenu
à partir de ce gène-ci ou ce gène-là.
Un scepticisme est pourtant de rigueur par
les temps qui courent, dans les milieux de la recherche:
passé l'enthousiasme débordant d'il y a
deux ans, lorqu'a été annoncée la
fin imminente du décodage du génome humain,
les chercheurs ont tempéré leurs ardeurs
et admis que les applications pratiques pourraient bien
attendre des années, voire des décennies,
avant de se matérialiser.
Mais BioContact ne parle pas que de génomique.
Le congrès, qualifié de "grand-messe de
l'industrie québécoise de sciences de la
vie", rassemblait cette année 163 compagnies et
un millier de participants: entrepreneurs, financiers
et chercheurs. Au-delà des préoccupations
scientifiques, des préoccupations beaucoup plus
terre-à-terre: comment obtenir du financement privé,
à l'heure où les investisseurs ne cessent
de retirer leurs billes de la bourse et des placements
qui leur semblent le moindrement à risque; comment
gérer la décroissance que cette prudence
a d'ores et déjà entraînée;
comment accélérer ce que ces entrepreneurs
appellent les "transferts technologiques", c'est-à-dire
le passage d'une bonne idée mijotant dans la petite
tête d'un chercheur, au monde de l'entrepreneuriat,
des gros sous et de la quête de profits...