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Le 14 octobre 2005



Débat environnemental
Des entrepôts à CO2

(Agence Science-Presse) - Emprisonner le CO2 sous terre pour combattre le réchauffement climatique, propose l'Intergovernmental Panel on Climate Change. Ce méga-réseau de chercheurs sous l'égide des Nations Unies vient ainsi appuyer une option jugée controversée par de nombreux écologistes. Et pourtant, "si on était capable de produire de l'énergie sans émettre de CO2, c'est-à-dire en le séquestrant à la source, cela ferait des hydrocarbures une source d'énergie souhaitable", affirme le Pr Georges Beaudouin, qui plaide depuis longtemps en faveur de l'option de l'enfouissement.

Le CO2 mondial provient, pour les trois quarts, de la combustion des énergies fossiles (pétrole, gaz, huiles, charbon, etc.). L'option de l'enfouissement s'applique uniquement aux sources dites ponctuelles –production d'énergie électrique, raffineries, grosses industries– et non aux sources appelées diffuses: automobile, chauffage des maisons ou agriculture.

Le nouveau rapport sur le captage et l'entreposage du CO2 –"IPCC Special Report on Carbon dioxide Capture and Storage"– lancé à la mi-septembre (voir ce texte), s'avère avant tout un document politique, évalue Georges Beaudouin, professeur titulaire et directeur du programme de géologie de l'Université Laval. Les 650 pages rédigées par 100 experts de 32 pays donnent "des outils aux politiciens pour expliquer ces stratégies au grand public".

Mais le rapport détaille les technologies selon "une approche académique" et s'avère même incomplet, selon le géologue. Par exemple, "la cage océanique est perçue comme la solution la plus dangereuse, sans aucune mention de technologies existantes présentant des impacts moindres."

 

Capter, acheminer et entreposer

L'emprisonnement des gaz à effet de serre, dont en tout premier lieu le dioxyde de carbone (CO2), se ferait en trois étapes: la captation du CO2, son transport et son entreposage.

Le rapport met moins d'emphase sur la captation du CO2, affirme le Pr Beaudouin, bien qu'il s'agisse de l'étape "qui présente la plus grande contrainte technologique". Il existe différentes méthodes, la plus connue étant l'injection du CO2 dans les puits de pétrole abandonnés, afin d'en extraire ce qui reste du précieux liquide. Cette technologie (CO2-Enhanced Oil Recovery) est mise en pratique à Weyburn, en Saskatchewan.

Du côté du transport, il faut prévoir une infrastructure de pipelines reliés aux réservoirs. Or, s'il existe, dans l'Ouest canadien, d'anciens champs pétroliers qui pourraient servir de réservoir à CO2, les consommateurs, eux, sont partout, et l'acheminement de leur CO2 depuis des régions très éloignées pourrait s'avérer très coûteux.

Pour la séquestration enfin, les méthodes semblent plus familières. Sachant que les végétaux sont capables d'absorber du CO2, les chercheurs s'étaient d'abord tournés vers les forêts. "Mais elles conservent seulement le CO2 pour une centaine d'années, lors de la croissance de la végétation. Les océans le feront pour un millier d'années tandis que les réservoirs sont capables de le conserver pour des millions d'années", soutient le chercheur. Et dans le cas de résidus d'amiante, l'entreposage serait même permanent !

Pour en savoir plus

Un résumé du rapport de l'IPCC

Comment enterre-t-on du gaz? par l'Agence Science-Presse

 

Sur l'IPCC (ou GIEC, en français), lire aussi:

En 2003: La Bible des changements climatiques

En 2001: L'ampleur des changements climatiques mène-t-elle à l'inaction

 

La page du Dr Georges Beaudouin

Liens sur les technologies

Réseau technologique canadien sur le captage et l'entreposage du CO2

La recherche et développement par l'Office de l'énergie fossile des États-Unis

IEA Greenhouse Gas R&D

Le chercheur explique à ce sujet que le magnésium du chrysotite (amiante) réagit avec le CO2 pour former un autre minerai, l'hydromagnésite qui piège le gaz à tout jamais. Un de ses étudiants, Rémi Fiola, a évalué le printemps dernier le potentiel d'un parc à résidus miniers du sud du Québec, qui aurait retenu de manière naturelle près de deux millions de tonnes de gaz. "Il s'agissait d'une réaction spontanée, on doit apprendre à la maîtriser en vue d'applications su sein de procédés industriels", nuance le Pr Beaudouin.


Guérir plutôt que prévenir ?

Certaines questions demeurent. Lorsqu'on parcourt le rapport, on note que le Canada –particulièrement l'Alberta– est bien placé pour offrir ce "service" d'entreposage, mais qui va payer pour le concevoir et l'alimenter ? "Il est nécessaire d'avoir des incitatifs et des obligations."

Plus important encore, la sécurité environnementale. Entreposer, mais pour combien de temps? "Les émanations fugitives de CO2 peuvent éventuellement donner des geysers mais surtout déplacer l'oxygène et lorsque le gaz reste emprisonné dans un édifice, provoquer des cas d'asphyxies", rappelle le chercheur. Le rapport estime que les risques d'accident sont similaires à l'entreposage du gaz naturel et que 99% du CO2 entreposé le sera pour le prochain millénaire.

Enfin, pourquoi piéger le CO2 alors que l'on peut accentuer les efforts pour moins polluer? "C'est l'une des solutions pour réduire les gaz à effet de serre mais ce n'est pas LA seule solution. Si grâce à cela, il est possible de rejoindre les objectifs du Protocole de Kyoto, il est difficile d'être contre" soutient le Pr Beaudouin.

"Les gens sérieux savent que l'on ne mettra pas les hydrocarbures de côté du jour au lendemain. Les gens veulent protéger l'environnement mais pas réduire leur consommation d'énergie. Alors pourquoi se priver de cette technologie ?"

Le rapport affirme que l'enfouissement pourrait réduire notre influence sur le réchauffement –estimé à une augmentation de 1,4 à 5,8 degrés C d'ici 2100– du tiers au cours du prochain siècle et potentiellement compter pour la moitié de la réduction des émissions dans l'atmosphère.

Isabelle Burgun

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