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Semaine du 20 novembre 2000

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La politique et la science ne font pas bon ménage

(ASP) - Le moins qu'on puisse dire, c'est que la science n'est pas la matière forte des partis politiques au cours de l'actuelle campagne électorale fédérale: la science n'occupe qu'une partie très congrue de leurs programmes, les thèmes de l'heure sont, dans certains cas, carrément absents, et lorsqu'ils sont là, ils n'ont souvent droit qu'à de vagues généralités.

Au point où, à l'exception du très écologique Parti Vert, le parti qui parle le plus de science est... le très ésotérique Parti de la loi naturelle.


En dépit des sonnettes d'alarme

Pourtant, les sujets chauds ne manquent pas : bactéries résistantes aux antibiotiques, fonte de la calotte glaciaire, déchets nucléaires, manipulations génétiques, clonage, analphabétisme scientifique d'une partie de la population... Mais malgré cela, une plate-forme comme celle de l'Alliance canadienne ne consacre en tout et pour tout que quatre paragraphes à l'environnement.

Pour Jacques Ruelland, président du Conseil régional de l'environnement des Laurentides, l'explication est simple: "les politiciens pensent à court terme, le temps d'un mandat". Or, des questions scientifiques, par exemple celles qui touchent à l'environnement, sont des questions à long terme. "Ils en parlent lorsque la pression publique l'exige. Et le public ne se soulève que sur des dossiers ponctuels ".

"Les regroupements de scientifiques, comme l'ordre des biologistes le fait souvent, ont la responsabilité sociale de prendre position ou du moins de se prononcer. Ce sont des questions pour lesquelles ils ont une expertise crédible" ajoute M. Ruelland.

L'Alliance se distingue certes des autres partis en affirmant vouloir confier les "grands enjeux" aux scientifiques. Mais c'est également l'Alliance qui a à sa tête un chef qui, en affirmant que la Terre a été créée il y a 6000 ans, rejette les fondements mêmes de la biologie, de la géologie et de l'astronomie.

Les libéraux parlent davantage de science dans leur programme politique, leur "Livre rouge". Mais en réalité, il y est question davantage de ce qui a été fait que de ce qu'ils prévoient faire. On y rappelle par exemple que les libéraux ont adopté des amendements à la loi sur la protection de l'environnement, misé sur les nouvelles technologies pour combattre les changements climatiques, investi dans la recherche en santé, l'accès à Internet et le commerce électronique, etc. Mais ce qu'ils ont l'intention de faire dans le futur se résume à des formules vagues: "Nous appuierons aussi la recherche sur d'importantes questions telles que les produits toxiques pour l'environnement, la santé publique et la gestion des ressources naturelles".

Qui plus est, selon le Bloc québécois, bien que les Libéraux aient réinvesti en R&D (recherche et développement) en 1999, les fonds restent loin de ceux de 1993 et loin du pourcentage du PIB consacré à ces activités dans les autres pays du G7, de l'Union Européenne et de l'OCDE.

Mais le Bloc n'est guère plus explicite dans son chapitre sur le "développement durable" qui parle de pollution, du Fleuve St-Laurent, de pesticides, de décontamination, d'espèces menacées, des questions énergétiques et de collaboration entre les paliers de gouvernements. En revanche, ce chapitre englobe un thème qui n'est qu'effleuré par les libéraux (investir dans la recherche d'énergies alternatives), et deux thèmes qui n'ont pas droit à un seul mot dans le Livre rouge: l'importation de plutonium au Canada et, surtout, les OGM (organismes génétiquement modifiés).


Les OGM

Une recherche par mot-clef révèle en effet que le Livre rouge n'emploie pas une seule fois les mots OGM, génétique, ni même biotechnologie -un peu comme s'il avait été écrit il y a plusieurs années, alors que ces termes n'avaient pas encore gagné le vocabulaire courant.

Les autres partis en parlent tous à des degrés divers. Les bloquistes exigent, tout comme le NPD et le Parti Vert, l'étiquetage obligatoire des OGM et l'institution de plus grandes mesures pour évaluer ces nouveaux produits, lorsqu'ils arrivent dans nos assiettes ou dans nos fermes. Les conservateurs sont ceux qui s'aventurent le plus loin dans cette direction: "il y a deux sortes de défis à relever si nous voulons avoir une industrie des biotechnologies puissante et dynamique. D'abord, il faut instaurer un climat qui permettra aux diverses branches de ce secteur de prospérer... Ensuite, il nous faut répondre aux inquiétudes que la population se fait sur son état de santé, sur l'état de l'environnement et sur les risques éventuels liés aux organismes et espèces génétiquement modifiés".

Mais une fois ce constat posé, on a à peu près tout dit. Le PC veut lui aussi réclamer l'étiquetage obligatoire des OGM et procéder à une "consultation du public" sur la règlementation à imposer à l'industrie des biotechnologies. Cela mis à part, leur plate-forme ne contient rien de précis sur la R&D, sauf une critique du programme de crédits d'impôt à la R&D qui, selon les conservateurs, freine le développement et la mise en marché de technologies avant-gardistes. Deux pages sur 26 sont consacrées à l'environnement. Mais la seule raison qui semble pousser à vouloir protéger la nature, c'est la santé humaine.
Les conservateurs par contre (tout comme le NPD et les Verts) assurent qu'ils mettraient en place "des incitatifs financiers" pour les industries qui se conformeraient à des normes anti-pollution plus sévères.


Gestion durable

Le NPD, qui se définit traditionnellement comme un parti plus préoccupé des petites gens, préconise le développement durable comme partie intégrante d'une gestion et ce, à tous les niveaux. Son programme se concentre sur la recherche sur les liens entre la santé et l'environnement, l'innovation en technologies de l'environnement et la nécessité que la Direction générale de la protection de la santé retrouve son indépendance par rapport au financement qui provient de l'industrie. Au cours du débat des chefs, Alexa McDonough a été la seule à défendre, quoique très brièvement, des enjeux environnementaux.

Concrètement, le NPD compte instaurer un Programme national d'investissement dans l'infrastructure environnementale (PNIIE) pour les problèmes pressants tels l'eau, l'air, les déchets toxiques, l'énergie et la dépollution. Il propose une stratégie nationale sur l'eau, la prise en compte de l'environnement lors d'ententes commerciales, et un investissement dans les transports en commun. Il promet de plus, comme tous les autres partis, le vote d'une loi sur les espèces menacées: ce dernier point est particulièrement de nature à irriter les écologistes, puisque les libéraux soulignent dans leur programme avoir justement déposé une loi sur les espèces en péril... alors que cette loi est morte au feuilleton à cause du déclenchement des élections.

Brigitte Blais et Pascal Lapointe

(23 novembre)

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