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Les zones du cerveau s'entraident
(ASP) - Une de vos prises de courant ne transmet plus d'électricité?
Branchez votre appareil ailleurs et il fonctionnera. C'est en
quelque sorte la découverte qu'ont fait des chercheurs...
dans le cerveau des animaux.
Maurice Ptito, neuropsychologue et professeur à l'École
d'optométrie de l'Université de Montréal
et Douglas Frost, de l'Université du Maryland, à
Baltimore, ont en effet observé deux phénomènes
chez les hamsters et les furets. D'abord, si c'est une partie
du cerveau qui ne fonctionne pas, les neurones associées
à un organe sain -par exemple, les yeux- peuvent se "brancher"
à une autre partie du cerveau et permettre ainsi de voir.
Ou encore, si c'est l'organe qui est défaillant et que
le cortex demeure sain, ce dernier ira remplir une autre fonction.
Dans le premier cas, si la zone du cerveau qui sert à
traiter l'information visuelle est morte chez un animal, les
axones de la rétine d'un il en santé se relient
au cortex auditif. Autrement dit, dans un tel cas, une zone du
cerveau qui, à l'origine, était dévolue
uniquement à l'écoute, permet désormais
d'entendre et de voir, afin de remplacer la zone du cerveau tombée
en panne.
"Ces animaux ne voient pas aussi bien que les hamsters
normaux, précise M. Ptito, mais ils sont capables d'effectuer
des tâches simples et de distinguer des objets dans l'espace."
Dans le second cas, une personne qui naît avec une déformation
aux yeux peut lire le braille sans difficulté. C'est alors
la partie visuelle de son cerveau qui est sollicitée par
le toucher. "On appelle cette fonction une substitution
sensorielle. Son cerveau n'est tout simplement pas stimulé
par la vue". Il devient stimulé par le toucher grâce
à de nouvelles connexions à l'intérieur
de son crâne.
Ces expériences aident à comprendre ce qui reste
éthiquement et techniquement impossible à vérifier
chez l'humain. Elles appuient d'autres études qui affirment
que le cerveau a une capacité d'adaptation incroyable,
une forme d'élasticité.
Il a fallu neuf ans aux chercheurs de l'Université
de Montréal et à leurs étudiants pour aboutir
à ces conclusions. Par une intervention chirurgicale au
cerveau, ils ont enlevé la vue à ces bêtes.
Puis ils ont observé au microscope l'activité des
neurones. C'est ainsi qu'ils ont pu les voir, de manière
toute naturelle, aller progressivement se brancher vers le cortex
auditif.
Le rêve ultime derrière une telle recherche est
d'offrir un jour la possibilité à des personnes
handicapées de retrouver des fonctions perdues en rebranchant
certains circuits neuronaux ou en développant des zones
disponibles du cerveau. Des ingénieurs se joignent déjà
à ces recherches, dans le but de fabriquer des yeux artificiels,
qui recevraient leurs informations du cerveau grâce aux
neurones du toucher.
Brigitte
Blais
(27 novembre)
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