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Réchauffement planétaire:
a-t-on oublié la vapeur d'eau?
(ASP) - C'est avec de l'inquiétude dans la voix que
Jan Veizer, géologue à l'Université d'Ottawa
et à l'Université de la Ruhr en Allemagne, confie
craindre l'utilisation de sa dernière étude à
des fins politiques. "Tous les clans politiques vont essayer
d'interpréter nos données en faveur de leurs arguments.
C'est ce qui m'effraie le plus."
Lui et son équipe viennent en effet de publier dans
la revue Nature quelque chose qui, pour les uns, a
l'effet d'une bombe, et pour les autres, ajoute encore plus,
si c'était possible, à la complexité du
portrait de l'atmosphère terrestre et des changements
climatiques. Il s'agit de l'importance de la vapeur d'eau parmi
les gaz à effet de serre (GES). "Présentement,
nous accordons tellement d'importance au CO2 que nous oublions
que c'est surtout grâce à la vapeur d'eau que la
Terre est enveloppée d'une serre et conserve sa chaleur"
rappelle-t-il.
Leurs données démontrent que la plantation d'arbres
comme réservoirs de CO2 -comme le recommandaient, entre
autres, les Américains lors de la conférence de
La Haye- a des effets pervers. "Pour chaque molécule
de CO2 aspirée par l'arbre, celui-ci rejette 1000 molécules
d'eau dans l'air, ce qui génère beaucoup d'humidité.
Et plus il y a d'humidité, plus l'atmosphère se
réchauffe. Et plus l'atmosphère se réchauffe,
plus il y a d'humidité." L'oeuf ou la poule? Voilà
une des questions qui les tracasse, lui et ses deux collègues,
Yves Godderis et Louis M. François, du Laboratoire de
physique atmosphérique et planétaire à l'Université
de Liège (Belgique).
De plus, il y a beaucoup trop de CO2 dans l'atmosphère
pour espérer que les arbres puissent absorber le tout.
"Présentement, il y a moins de 100 molécules
d'eau disponibles par les arbres pour chaque molécule
de CO2." Planter des arbres aurait des avantages, mais créerait
plus d'humidité et de chaleur.
Le Dr Veizer est conscient que l'Homme n'a pas beaucoup d'emprise
sur l'humidité. Par contre, il peut chercher à
diminuer la chaleur qui, elle, favorise la production d'humidité.
Comment? "Nous ne pouvons pas compter sur les réservoirs,
comme les forêts. Nous devons réduire tous les GES",
dit-il en rappelant que tout demeure fort complexe.
Tout demeure d'autant plus complexe que leur étude
conclut que, sur une échelle de 550 millions d'années,
l'augmentation du CO2 dans l'atmosphère et dans les sols
est un effet secondaire du changement climatique -mais pas sa
cause. Et c'est ce détail qui risque d'être récupéré
à des fins politiques. " Si on pense que le responsable
est le CO2 et qu'on voit la forêt comme un réservoir,
nous ne verrons pas beaucoup de changements." Il faut beaucoup
d'eau à un arbre pour qu'il puisse absorber le CO2. Mais
le cercle sans fin se poursuit. Plus il fera chaud à cause
de tous les GES, plus il y aura de photosynthèse et d'humidité
rejetée dans l'air. Plus l'atmosphère sera humide,
plus il fera chaud. Cercle sans fin.
Rappelons qu'une autre étude récemment parue
dans Nature démontrait qu'après un seuil
critique, les arbres ne transforment plus le CO2 en oxygène,
mais expirent bien du carbone. Juste pour compliquer les choses
encore un peu plus...
Brigitte
Blais
(14 décembre)
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