Une question de survie, mais qui requiert des moyens…

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Avec la tenue, à Montréal, de la 11e Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques et de la première Rencontre des parties au Protocole de Kyoto (CDP11/ CDP-RDP1), on parle beaucoup de changements climatiques ces jours-ci. Dans les médias comme dans les interventions politiques, ce sujet est généralement traité sous l'angle du contrôle des émissions de gaz à effet de serre (GES) afin de réduire le renforcement anthropique – causé par les activités humaines – de l'effet de serre qui entraîne le réchauffement de l'atmosphère. D'ailleurs, au cours de la CDP11/ CDP-RDP1, les participants discuteront essentiellement des suites à donner au Protocole de Kyoto sur les objectifs de réduction des émissions de GES, dont l'échéance est l'année 2012.

Il s'agit d'une perspective dite de mitigation ou d'atténuation des impacts, c'est-à-dire qui mise sur des mesures de réduction des émissions ou de séquestration des GES afin d'arrêter le réchauffement anthropique de l'atmosphère ou, à tout le moins, de le limiter. Cette perspective est surtout adoptée par les pays industrialisés qui sont responsables, par leurs fortes émissions de GES, des changements climatiques. De très nombreuses recherches ont été effectuées au cours des dernières années afin d'élaborer des mécanismes, tant financiers que techniques, qui permettraient de réduire ces émissions et énormément d'argent est dépensé à cette fin par les pays du Nord.

Ces mesures sont essentielles pour éviter les bouleversements catastrophiques de l'environnement qui se produiront sans conteste si les émissions de GES se maintiennent à leur niveau actuel ou, pire encore, si elles continuent de s'accroître. Il faut donc que les États, surtout les plus grands émetteurs comme les États-Unis et le Canada, s'y mettent rapidement et fassent preuve d'une volonté ferme de réduire de façon considérable leurs émissions de GES.

Néanmoins, une autre perspective, tout aussi nécessaire et urgente, s'impose de plus en plus, soit celle de l'adaptation aux impacts des changements climatiques. En effet, en dépit de tous les efforts de réduction des émissions de GES que pourraient consentir l'ensemble des États du monde, les impacts des émissions passées sont inévitables et commencent déjà à se manifester. Pour les sociétés des pays industrialisés, comme celles du Québec et du Canada, cette situation implique des efforts politiques et économiques considérables mais qui demeurent à leur portée étant donné leurs capacités financières, techniques et institutionnelles.

Dans les pays en développement, par contre, la situation est tout autre. Malgré qu'ils n'aient, en général, que très peu contribué au renforcement de l'effet de serre, les pays du Sud, que ce soit en Afrique, en Asie ou en Amérique latine, en subissent les effets de plein fouet par les cyclones, les inondations, les pluies diluviennes, les sécheresses qui se produisent déjà plus fréquemment et de manière plus intense. De plus, au-delà du climat rude de plusieurs régions du Tiers-monde, de nombreux autres facteurs humains et environnementaux rendent encore plus vulnérables ces populations : pauvreté généralisée, dégradation avancée de l'environnement (déforestation, désertification, pollution et raréfaction de l'eau, etc.), dépendance aux ressources naturelles pour les activités de subsistance, mauvaises conditions sanitaires, forte croissance démographique, faible taux d'instruction, dette nationale, répartition inéquitable des terres agricoles, etc. Les impacts des changements climatiques s'ajouteront donc à des conditions «socio-écologiques» déjà défavorables et viendront exacerber les problèmes actuels graves auxquels font face ces sociétés et qui affectent déjà profondément la qualité de vie des gens au quotidien.

Dès lors, il devient évident que l'adaptation aux changements climatiques dans ces pays passe d'abord par des mesures de développement durable qui permettraient de réduire les vulnérabilités des populations en les aidant à se sortir de leurs conditions actuelles de pauvreté et en réduisant le rythme alarmant de la dégradation de l'environnement. De telles mesures, intégrant enjeux sociaux et écologiques, permettraient d'accroître la capacité des individus et des communautés, notamment les plus pauvres, de s'adapter aux transformations de leur environnement, dont celles engendrées par les changements climatiques.

Évidemment, la situation financière de la majorité des pays du Tiers-monde leur permet difficilement de mettre en œuvre les mesures de développement nécessaires. C'est pourquoi divers fonds ont été créés lors de précédentes conférences des parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques dont le Fonds spécial pour les changements climatiques, le Fonds d'adaptation et le Fonds pour les pays les moins avancés. Ces fonds sont gérés par le Fonds pour l'environnement mondial (http://www.gefweb.org/index.html) et doivent être financés par les pays industrialisés.

Pour l'instant, certaines sommes ont été promises mais elles demeurent de loin insuffisantes pour répondre aux besoins des pays en développement. Les pays industrialisés, principaux responsables du renforcement de l'effet de serre, accepteront-ils, dans les années à venir, de redresser l'«injustice climatique» (voir le texte de Laurent Lepage dans Info Flash du 30 novembre) qu'ils ont provoquée envers les pays les plus pauvres en assurant le financement requis?

Annie Rochette

 

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