Commentaire de Pascal : Même réaction que l'intervenant précédent: il est bien de parler de ce sujet qu'on oublie trop souvent. Les pays du Sud seront affectés par les changements climatiques et n'auront pas les ressources que nous avons pour s'y préparer ni s'y adapter. Mais votre billet semble rendre la situation plus désespérante encore, parce qu'il donne des exemples concrets d'impacts qui, ici, seraient bénins, mais pour certaines populations, seront catastrophiques. Dans le contexte de la conférence des Nations Unies sur le Protocole de Kyoto, y a-t-il des choses qui se font? Y a-t-il de l'aide en vue pour ces populations? Parce que si elles attendent qu'on ait réduit notre propre production de gaz à effet de serre, elles vont attendre longtemps...

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Il existe, dans les études et les actions concernant les changements climatiques deux axes. 1) L'atténuation (ou mitigation) qui consiste à réduire le problème à la source, notamment par des stratégies de réduction des émissions de gaz à effet de serrer (GES).

2) L'adaptation qui consiste en un ajustement de la part de la population touchée en réaction aux effets des changements climatiques.

 

Bien qu'elle jouisse d'une plus grande reconnaissance depuis quelques années seulement, la problématique de l'adaptation est déjà prise en compte dans la convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) (1992, articles 4.1b et 4.1e) et l'idée d'une plus grande collaboration entre les signataires est aussi présente. Des fonds spéciaux ont été établis, lors de certaines conférences antérieures à celle de Montréal, pour aider les pays en voie de développement à mettre en place des mesures d'adaptation. Ces fonds doivent être financés par les «parties industrialisées» de la CCNUCC. Dans le protocole de Kyoto et à l'occasion de la Conférence de Montréal, la précarité des pays en voie de développement n'a pas été ignorée. Le fait que ces pays n'ont pas nécessairement les moyens de réduire leurs émissions de GES, ni de s'adapter aux impacts négatifs des changements climatiques a obligé de prévoir un mécanisme comme le Mécanisme pour un développement propre.

 

Les pays les moins développés ressentent une injustice. Leurs dirigeants font observer que pour en arriver à leur niveau de richesse et de développement actuel, les pays riches ont largement contribué, et ce depuis la révolution industrielle, à produire le problème que nous tentons de neutraliser. Certains pays remettent en question l'idée selon laquelle les pays pauvres devraient compromettre leur développement au nom de Kyoto. La problématique est donc complexe. Il existe des moyens moins polluants d'améliorer le sort, voire l'essor des pays pauvres. Cependant, pour que ces moyens puissent être mis en place efficacement et ne pas ajouter à la dépendance des pays du Sud face aux pays du Nord il faut un peu repenser nos politiques de coopération internationales. Idéalement, les pays nécessiteux devraient initier les projets de développement selon leurs besoins, favorisant les initiatives locales. Ce n'est pas une mince affaire sachant qu'il existe déjà, dans ces pays, des problèmes pressants et concrets comme, la faim, la malnutrition, la soif, la pauvreté, le faible taux de scolarisation – sans parler des problèmes structurels et politiques profonds.

 

L'atténuation n'est pas la seule réaction possible face aux effets des changements climatiques. Il est essentiel, pour assurer la satisfaction des besoins des générations futures, non seulement de réduire nos émissions de GES, mais aussi de repenser notre mode de consommation en général, intimement lié au réchauffement de la planète. Cependant, pour assurer les besoins des générations présentes, cette stratégie doit être accompagnée de l'adaptation aux effets des changements climatiques. En effet, les changements climatiques ont des effets à l'échelle locale aujourd'hui et continueront d'affecter les populations vulnérables pendant des décennies. Comme nous l'avons souligné dans le texte Crise alimentaire au Niger : Changements climatiques, variabilité du climat… et négligence?, les effets des changements climatiques amplifient les vulnérabilités déjà présentes des populations. Inversement, les vulnérabilités déjà présentes prédisposent les populations aux effets néfastes des changements climatiques. Ces facteurs de vulnérabilité peuvent être, par exemple, la dépendance très forte aux ressources naturelles, la pauvreté, le faible taux de scolarisation, etc. Si des gens qui se penchent sur la question de l'adaptation prennent la peine d'aller sur le terrain et de mieux comprendre les vulnérabilités déjà existantes des populations touchées, les stratégies d'adaptation pourraient non seulement prémunir ces population contre les effets néfastes des changements climatiques, mais aussi contre les difficultés quotidiennes qu'ils ont à affronter depuis longtemps.

De tels projets existent. Ils ont pour but, entre autre, de renforcer les capacités des pays du Sud afin de s'adapter aux effets néfastes des changements climatiques, mais aussi aux difficultés quotidiennes et structurelles.

 

À la Chaire d'études sur les écosystèmes urbains (Institut des sciences de l'environnement, UQÀM), nous participons à un projet d'appui aux capacités d'adaptation du Sahel au changement climatique, précisément au Burkina Faso, Mali et Niger. Il s'agit d'un partenariat Canado-africain. Nous agissons, avec Environnement Canada et l'ACDI, comme partenaires d'une organisation sahélienne qui intervient sur place, à l'échelle locale.

 

 

Paula Berestovoy et Marie-Joëlle Fluet, Chaire d'études sur les écosystèmes urbains

 

 

Pour en savoir plus :

 

CILSS (Comité Permanent Inter-États de Lutte contre la Sécheresse au Sahel) : www.cilssnet.org

 

AGRHYMET (centre régional affilié au CILSS) : www.agrhymet.ne

 

Chaire d'études sur les écosystèmes urbains : www.eco-urb.uqam.ca

 

Protocole de Kyoto : http://unfccc.int/resource/docs/convkp/kpeng.html

 

COP-11/MOP-1 : http://unfccc.int/meetings/cop_11/items/3394.php

 

Site du gouvernement canadien pour COP-11/MOP-11:

http://www.montreal2005.gc.ca/default.asp?lang=Fr&n=CC1988EA-1

 

Journées 'Développement et adaptation' à l'occasion de COP-11 : http://www.iisd.ca/climate/cop11/dad/

 

IIED (International Institute for Environment and Development) : http://www.iied.org/index.html

 

 

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