Nous voici au cœur des Jeux olympiques d'hiver de Turin et la question se pose : est-ce que la génétique a rattrapé les stratégies anti-dopage?

Même si le journal Le Soleil (8 février 2006) titrait «Le ski dans les gènes» à propos du skieur Érik Guay, la transmission naturelle des gènes de son papa n'est pas considérée comme du dopage génétique.  Le dopage génétique c'est plutôt le transfert - par des moyens techniques -d'un gène qui améliore les performances de l'athlète.

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En sommes-nous déjà là? L'entraîneur allemand Thomas Springstein pourrait bien être un «pionnier» dans le domaine du dopage génétique… Des enquêtes menées sur le cas de Springstein (AMA) ont intercepté des échanges de courrier électronique démontrant que Springstein cherchait à se procurer du Repoxygen, une version modifiée de l'érythropoiétine qui est indétectable par les techniques conventionnelles.

L'érythropoïétine est bien connue dans le monde du sport de compétition, sous le nom d'EPO. L'EPO est une protéine qui augmente l'efficacité de consommation de l'oxygène, ce qui peut grandement améliorer les performances dans les sports d'endurance, mais son usage est interdit par les règlements sportifs.

Repoxygen est un produit qui permet d'insérer une version modifiée du gène de l'érythropoïétine dans l'ADN d'un athlète. Ce gène produira la protéine à l'intérieur du corps de l'athlète, ce qui augmentera ses capacités énergétiques. Repoxygen est présentement développé dans des buts thérapeutiques et n'est pas disponible sur le marché.

Est-ce que le dopage génétique devient la porte de sortie pour des athlètes trop ambitieux? La réponse technologique à cette question pourrait bien être simplement que la science va trouver le moyen de détecter ces nouvelles versions étrangères des gènes et protéines. D'autres techniques - par exemple, le séquençage – permettront de détecter les modifications apportées au gène au niveau de l'ADN. Ces modifications qui masquent l'agent dopant seront, en fin de compte, ce qui permettra de le détecter.

Oui, mais.

Est-ce que des athlètes utilisent déjà ces moyens de dopage contre lesquels on est encore mal équipé? Repoxygen a été conçu comme thérapie génique pour traiter les anémies découlant d'un défaut des reins ou des suites d'une chimiothérapie. Repoxygen est présentement testé dans des essais pré-cliniques, ce qui signifie qu'il est encore au stade expérimental et que ses effets ne sont pas tous connus, loin de là. Quels sont les risques pour les descendants de ces athlètes : est-il certain que les gamètes (cellules reproductrices) n'intégreront pas le gène étranger? La volonté de remporter une compétition justifie-t-elle la prise de tels risques?

D'autres substances ont le même effet que l'EPO et sont indétectables par le séquençage. La génétique n'est pas tout le problème ni toute la solution au dopage.

En fin de compte.

Où est donc encore passé l'esprit sportif?

À vous!

Que pensez-vous du dopage génétique? Quelles réflexions cela suscite-t-il en vous?

Lise Lévesque

Marianne Dion-Labrie

Céline Durand

Isabelle Boutin-Ganache

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