L’utilisation des biocarburants pour remplacer les carburants d’origine fossile (pétrole et gaz) dans le but de réduire la production de gaz à effet de serre (GES) et lutter contre le réchauffement climatique perd de plus en plus de son attrait. Les protestations qui ont eu lieu dernièrement, notamment à Haïti et dans certains pays d’Afrique, contre l’augmentation en flèche du prix du maïs, du blé et autres denrées de base risquent de se multiplier. Des pays qui prévoyaient l’inclusion d’un pourcentage de plus en plus élevé d’éthanol dans les carburants commencent à changer d’idée.

Il en va ainsi de l’Allemagne dont le ministre de l'Environnement a annoncé au début avril que son gouvernement abandonnait le projet d'introduire 10 % d'éthanol d'ici 2009 dans l'essence des véhicules, pour atteindre 20 % en 2020. D’autres ne sauraient tarder, compte tenu de la montée des boucliers de la part d’un nombre grandissant de citoyens partout sur la planète.

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Actuellement, quand on parle biocarburant, on pense surtout au maïs, au soja et autres cultures terrestres. On peut sérieusement se questionner quant à la valeur réelle de leur utilisation pour diminuer la production de GES. Selon certaines estimations, les champs cultivés en maïs nécessaires pour subvenir à 50% des besoins en carburant du secteur des transports aux États-unis devraient couvrir plus de huit fois la superficie actuellement cultivée au pays. Le Canada, lui, devrait utiliser 36% de sa superficie agricole pour remplacer seulement 10% du carburant utilisé actuellement pour le transport par du biocarburant. Ce sujet a été traité de façon très intéressante ailleurs. Par contre, le potentiel des micro-algues en tant que biodiesel est passablement moins connu.

Dans un article paru en 2007 dans Biotechnology Advances, Yusuf Chisti, du Institute of Technology and Engineering de l’Université Massey en Nouvelle-Zélande démontre que les micro-algues représentent la seule source de biodiesel qui puisse satisfaire les besoins du secteur des transports. En effet, le rendement de ces organismes microscopiques est tel que seulement de 1 à 3 % de la superficie actuellement cultivée aux É-U suffirait pour satisfaire 50% des besoins en carburant du secteur des transports. Ceci s’explique par leur teneur élevée en huile qui, chez certaines espèces, peut atteindre jusqu’à 80 % de leur masse totale. De plus, contrairement aux autres cultures oléagineuses, les micro-algues croissent très rapidement, pouvant doubler leur biomasse en moins de 24 heures. C’est ce qui fait qu’elles peuvent produire jusqu’à quelque 135 000 litres par hectare (litres/ha). En revanche, le maïs n’en produit que 172 litres/ha et le palmier à huile, 5950 litres/ha.

Peu utilisée jusqu'à maintenant de façon commerciale en raison des coûts, la technologie pour produire du biodiesel à partir de micro-algues devient de plus en plus intéressante, surtout avec le prix du baril de pétrole qui a dépassé les 100 dollars.

Claire Gosselin - Blogueuse invitée - Étudiante

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