Pour ceux que les humanités d’outre-espace n’effraient pas, je suggère la visite du Centre des sciences de Montréal, qui présente cet été, une exposition intitulée « Extra ou terrestres ? ». Originellement créée en Angleterre par la firme The Science Of, cette exposition a été présentée en première à Londres en 2005, puis à Tokyo et Miami, avant de prendre l'affiche à Montréal jusqu'au 1er septembre prochain.

Vous y rencontrerez des étrangers bien connus, telle la reine des créatures assoiffées de sang des films de la série Alien, E.T., et le Prédateur, mais aussi des constructions imaginaires d’extraterrestres, basées sur des hypothèses scientifiques. À quoi ressemblerait une exobiologie, nécessairement différente de la nôtre ? Le clou de l’exposition réside dans une des sections où des exobiologistes et astronomes ont mis sur pied des écosystèmes plausibles, dotés de créatures fantastiques telles des baleines volantes se nourrissant de bancs de plancton en suspension dans l’air.

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Notons que les rapports entre nous et l’Autre, que ce soit les peuplades étranges des pays lointains au Moyen-âge, les Antipodistes de la Renaissance, les nobles Sauvages des Lumières, et aujourd’hui, les éventuels habitants des mondes habités du Cosmos, ont toujours été marqués par la différence épidermique et le décalage des qualités humaines. Dans la culture populaire, les extraterrestres sont soit ange soit démon, monstruosité cannibale ou sage détenteur des grandes connaissances universelles. Les scientifiques, quant à eux, essaient d’imaginer ces vies nouvelles sous l’angle des biologies extrêmes ou différentes.

Cet exercice de « world building » est habituel en science-fiction et les scientifiques s’en sont inspirés pour construire des scénarios de contact avec d’éventuels extraterrestres, par exemple, suite à la réussite d’un programme SETI. Parmi ces expériences de pensée, citons le cas de la conférence CONTACT, qui existe depuis presqu’une trentaine d’années. (Les archives de la conférence se trouvent sur le lien suivant).

Notons qu’il existe sur le Web plusieurs mondes inventés de toutes pièces, souvent montés sur des wiki, des bases de données auxquelles tout le monde peut participer, tel le wiki Basilicus, qui sert de théâtre à des amateurs de jeux. Le Projet Epona, quant à lui, résulte du travail multidisciplinaire d’exobiologistes et d’auteurs de science-fiction, suite à une conférence COTI (Cultures of the Imagination).

D’ailleurs, vous aussi pouvez construire des mondes... en vous servant de l’aide que le Web peut vous apporter. Ainsi, vous pouvez imaginer des systèmes stellaires dont les caractéristiques physiques sont plausibles avec le site Build Your Own Solar System! et celui du Planet Designer. Toutefois, pour les extraterrestres, je les laisse entièrement à votre discrétion...

Exposition « Extra ou terrestres ? »

Centre des sciences de Montréal, dans le Vieux-Port. Jusqu'au 1er septembre. Info et billetterie : 514-496-4724 ou 1-877-496-4724.

Pour plus de détails sur les exercices en exobiologie, lisez mes articles suivants dans :

- Solaris no 140, hiver 2002, pages 130-140 : « Attention... Contact »

- Yellow Submarine 131 : Dossier extraterrestres, 2002 : « Contact sur Epona »

- Astronomie-Québec, 6(3), mai-juin 1996, pages 32-35 : « Le simple et modeste plaisir d'être Dieu ou Comment se bricoler une planète extra-solaire habitable en 5 étapes faciles ».

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