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Surnommé « Frankenfish » ou « Fishzilla », ce monstre des eaux a récemment fait la manchette chez nous. Le cadavre de cet animal a été retrouvé sur les bords de la rivière Saint-Charles près de Québec.

Une autopsie a permis d’identifier le cadavre. Il s’agit du poisson tête-de-serpent d’Indonésie connu sous le nom scientifique de Channa micropeltes! Comment une espèce originaire d’Asie s’est-elle retrouvée chez nous?

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Ce poisson est disponible dans certaines animaleries et on peut même s’en procurer via Internet. Ce sont les juvéniles qui sont offerts et avec leurs couleurs vives, ils font l’envie des aquariophiles. Petit poisson deviendra grand…, trop grand pour l’espace qu’il occupait, mangera ses congénères dans l’aquarium et perdra sa coloration qui plaisait tant pour tourner au brun. Tout porte à croire que le tête-de-serpent d’Indonésie aurait été relâché par son propriétaire, mais heureusement il ne tolère pas la rigueur de nos hivers. Cependant, au moins trois espèces de la même famille, celle des channidés, ont réussi à s’établir dans quelques états américains où elles représentent une menace pour les populations locales de poissons.

La famille compte actuellement 29 espèces comprises dans deux genres Channa (26 espèces originaire du sud et de l’est de l’Asie) et Parachanna (3 espèces provenant d’Afrique). Selon une révision de la classification en cours, ce nombre pourrait passer à 36. Toutes ces espèces ont une forme allongée. De larges écailles sur la tête et des yeux placés à l’avant leur donnent une allure de… tête-de-serpent, d’où leur nom commun. Ici deux espèces de poissons leur ressemblent : le poisson castor (Amia calva) et la lotte (Lota lota). Tout comme les têtes-de-serpent, nos deux espèces ont un corps de forme cylindrique, une longue nageoire dorsale et une queue ronde.

Qu’est-ce qui fait le succès de ces têtes-de-serpent? En plus de respirer l’oxygène dans l’eau grâce à leurs branchies, certaines espèces peuvent aussi utiliser l’air atmosphérique grâce à un organe qui ressemble aux poumons. Ainsi, ils peuvent se déplacer même sur la terre ferme à la recherche de plans d’eau et si leur peau demeure humide, ils peuvent survivre hors de l’eau pendant plusieurs jours! Ils ont donc un avantage sur tous les poissons qui sont plus exigeants pour la qualité de l’eau.

Voraces, ils s’attaquent principalement aux poissons mais peuvent s’en prendre à d’autres groupes de vertébrés tels les amphibiens, serpents, oiseaux mammifères, ou d’invertébrés comme les crustacés. Avec une large bouche remplie de dents acérées qui ressemblent à des canines, les proies n’ont aucune chance. De plus, les adultes sont prolifiques, fort agressifs et montent la garde pour protéger les petits lors de la croissance. Finalement, outre l’homme, on ne leur connaît aucun ennemi naturel.

En plus d’être une menace pour les espèces indigènes qui deviennent une cible de choix, la venue de ce poisson dans nos eaux pourrait favoriser l’introduction de maladies et de parasites.

L’établissement des têtes-de-serpent menace entre autres le secteur des pêcheries. Par exemple, une étude économique menée aux Etats-Unis a révélé que le commerce des têtes-de-serpent, de 1997 à 2000, s’élevait à 85 000 $ US alors que les dommages encourus pourraient être de plusieurs millions de dollars si ces espèces s’établissaient dans les eaux américaines.

Pour en savoir plus sur ce poisson, voir la capsule Pleins feux sur....

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