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L'astre de la désolation qui semait tant le désarroi dans la communauté entrepreneuriale s'éclipse peu à peu au profit d'une nouvelle Stratégie québécoise de la recherche et de l'innovation pour les années 2010-2013. En fait, ce n'est pas tant le manque de créativité des entrepreneurs québécois qui fait défaut, mais bien les outils nécessaires pour que ces derniers puissent réussir leurs fins et parvenir à l'étape de la commercialisation sans trop de tracas. Et voilà qu'hier, le ministre du Développement économique, Clément Gignac, annonçait la mise sur place de plusieurs mesures importantes visant à rétablir la place du Québec en tant que leader en R&D. Explorons en gros ce que proposent les mesures et les bienfaits que l'on pourrait raisonnablement en tirer.

Généralement, les Québécois sont reconnus étant des entrepreneurs n'ayant pas peur de se lancer vers l'inconnu. Ceux-ci sont particulièrement inventifs : qui n'a pas entendu parler, d'ailleurs, du terme "patenteux" ? Toutefois, malgré cette créativité favorisant l'innovation et le progrès scientifique, l'aide financière n'est pas toujours au rendez-vous. Et pour cause : les universités n'ont pas toujours le financement nécessaire pour mener à bien leurs recherches, les 'start-up' peuvent certes bénéficier de crédits fiscaux importants en R&D, mais ont souvent de la difficulté à percer le marché et ses contraintes exigeantes, le lien entreprise-université est souvent trop mis de côté, etc.

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Tous ces problèmes ont un impact non négligeable : ce n'est d'ailleurs pas pour rien que deux fois moins d'entrepreneurs québécois de 35 ans ou moins se partent en affaires comparé au reste du Canada, rapportait M. Gignac.

Résultat ? Combler cette perte de productivité en injectant une somme assez impressionnante de près de 2 milliards ( 1,9612 B $) dans différents secteurs stratégiques pour valoriser le développement technologique et scientifique. Industriels, rassurez-vous ! Le fameux crédit R&D qui fait sa popularité et l'envie des autres provinces n'a pas été touché. Deux programmes majeurs d'aide ont été mis en place pour ce faire.

1) Un programme stimulant la commercialisation d'innovations possédant une faible empreinte de carbone, comportant 5 projets-clés plutôt intéressants, soit : i) l'avion écologique ii) l'autobus électrique iii) le bioraffinage forestier iv) Écolo TIC, des technologies de l'information comportant une réduction de leur consommation en électricité v) Un concours mobilisateur, touchant, selon certaines rumeurs, les sciences de la vie et l'industrie biopharmaceutique

2) Un programme d'aide plus générale touchant l'ensemble des innovations technologiques.

De plus, les 3 fonds d'investissements majeurs au Québec, le FRSQ, le FQRNT et le FQRSC, seront regroupés sous la bannière d'un nom commun : Recherche Québec. Cette nouveauté permettra de rafraîchir l'image des fonds d'investissements afin d'attirer de nouveaux partenaires et de stimuler l'investissement dans la recherche scientifique. Le tout sera dirigé par un scientifique en chef, nommé sous peu.

Cette nouvelle façon de stimuler et de mousser l'économie du savoir scientifique a certainement de quoi réjouir tout le monde, que ce soit la communauté universitaire, scientifique ou entrepreneuriale. En termes de chiffres, cela représente l'injection de près de 617,5 M$ d'argent, réparti en 190,1 M$ pour la recherche universitaire, 44,7 M$ pour l'octroi de près de 300 bourses supplémentaires et pour des stages à l'étranger, 202,7 M$ pour augmenter la productivité et la commercialisation des innovations et 180 M$ pour les grands projets innovateurs décrits ci-haut.

Le problème du sous-financement de la recherche universitaire est bien documenté et représente une épine plutôt désagréable dans le pied de la société québécoise. Cet investissement pourra, à défaut de l'extraire totalement, apaiser les douleurs et difficultés qui ralentissent le mouvement de l'innovation québécoise. De plus, la stimulation de la commercialisation d'innovations ''vertes'' est un excellent exemple de promouvoir une conscience environnementale : ce n'est pas pour rien que les Québécois la possèdent plus que les autres provinces ! Bref, ce plan s'étalant sur 3 ans ramène une énorme bouffée d'air frais dans le milieu de l'innovation. Il ne reste plus qu'à continuer de poursuivre cette lancée. Possédant les outils adéquats pour se démarquer et pour se dépêtrer des affres du manque de financement, l'industrie et les universités québécoises pourront ainsi faire valoir leur place en tant que chefs de file dans le domaine de l'expertise scientifique. Ce qui est très intéressant dans cette Stratégie, c'est que nul n'est laissé sur son compte : autant les universitaires que les entrepreneurs pourront bénéficier de sommes importantes, ce qui stimulera l'innovation dans tous les secteurs.

En somme, excellente initiative M. Gignac !

Charles-Étienne Daniel

Source : Philippe Mercure, "Innovation : Cap sur la commercialisation".

Pour en savoir plus, prière de se référer au sommaire du document de la Stratégie québécoise de la recherche et de l'innovation.

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