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La problématique des déchets électroniques: le recyclage éthique c'est bien, le reconditionnement c'est encore mieux

En 2008, le cabinet Gartner estimait que la planète avait passé le milliard d’ordinateurs en utilisation dans le monde. Un chiffre qui ne cesse de croître d’années en années, surtout dans les pays émergents et qui atteindra 2 milliards en 2015. Ainsi, la croissance de 14% par an est tirée vers le haut par ces mêmes pays émergents.

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Le problème est que plus la planète s’équipe et plus les conséquences environnementales et sanitaires dues à l’utilisation de l’informatique s’aggravent de façon alarmante. Quelques chiffres suffisent à cerner le problème. Dans une étude parue en 2004, deux chercheurs de l’université des Nations-Unies révélèrent que "la fabrication d’un ordinateur et de son écran nécessite 240 kg d’énergie fossile, 22 kg de produits chimiques et une tonne et demie d’eau" (Ruediger Kuehr et Eric Williams (2004). Computers and the Environment : Understanding and Managing their Impacts)). Une autre étude réalisée par le Programme des Nations-Unies pour l’environnement en 2005 estimait que de 20 à 50 millions de tonnes de déchets électroniques étaient produits dans le monde. La marge d’incertitude s’expliquant par divers facteurs comme la difficulté de traçabilité des équipements en fin de vie et le fait que de nombreux pays ne tiennent pas de statistiques sur leur production interne de ce type de déchets.

Dans de nombreux pays, y compris occidentaux, les déchets électroniques finissent encore à l’enfouissement. Cette solution de facilité est pourtant une des pires qui existent. En effet, nonobstant les coûts d’opération de tels sites, il existe un fort risque de contamination des nappes phréatiques du au phénomène de lixiviation des substances toxiques et des métaux lourds ainsi que la rupture de la gaine géotextile, sans compter la vaporisation du mercure métallique et du diméthyle de mercure (pouvant littéralement créer des départs de feux très toxiques). Il conviendrait d’interdire totalement la mise en l’enfouissement de tels déchets. Mais le problème ne serait pas résolu pour autant car une grosse partie des ordinateurs et des équipements électroniques de l’occident prennent le chemin des pays en voie de développement. Chaque jour, des dizaines de containers remplis de déchets électroniques partent pour l’Afrique ou l’Asie afin d’être démantelés par des travailleurs pauvres ou des enfants. Il va s’en dire que l’espérance de vie de ces populations est une des pires au monde.

En 1992 est entrée en vigueur la Convention de Bâle sur le Contrôle des Mouvements Transfrontaliers de Déchets Dangereux et de leur Élimination afin d’empêcher que des profits soient réalisés en exportant les déchets électroniques des pays riches vers les pays pauvres. Par la suite , un amendement a été apporté afin d’interdire l'exportation de déchets dangereux depuis les pays de l'UE et de l'OCDE. Il est important de noter que certains pays comme les États-Unis ou le Canada n’ont toujours pas ratifié l’amendement de 1995 (vous pouvez visiter le site ban.org pour vérifier le statut des états à ce sujet) alors que l’Europe l’a adopté en 1997 en plus de se doter d’une directive contraignante pour la gestion des Déchets d’Équipements Électriques et Électroniques (DIRECTIVE 2002/96/CE)

Résumons la situation: l'humanité produit toujours plus de déchets électroniques, une grosse partie va à l'enfouissement ou est exportée des pays riches vers les pays pauvres. Quid des quelques pour cent restants? Le recyclage bien sûr. En effet, les déchets électroniques recèlent des métaux lourds, des plastiques, des produits chimiques ou encore du verre (dans le cas des écrans à tubes cathodiques) qui peuvent se recycler avec des taux atteignant parfois 98%. Les procédés sont certes coûteux dans certains cas mais la technologie est là et il est triste de se dire que sur les 50 millions de tonnes cités plus haut, une grosse partie pourrait trouver une deuxième vie en étant traitée de façon écologique. Mais il y a encore un problème...

En matière d'environnement et d'écologie il faut sans cesse se demander s'il n'existe pas une solution plus simple et moins coûteuse que celle proposée par l'industrie, les médias ou tout simplement le bon sens. Dans le cas des déchets électroniques, le recyclage éthique n'est pas la solution la plus environnementale. En effet, imaginons que vous vouliez vous départir de votre tour ou ordinateur portable acheté il y a 5 ans qui, selon vous, commence à devenir lent et obsolète. Vous avez une conscience écologique et l'amenez donc à une entreprise qui est spécialisée dans le recyclage des déchets électroniques. Beau geste me direz-vous? Eh bien pas tout à fait.

Votre ordinateur encore fonctionnel va se retrouver démantelé et recyclé alors qu'il aurait pu encore servir à quelqu'un d'autre. Qu'on se le dise, le recyclage utilise bien plus de ressources énergétiques que le reconditionnement pur et simple des équipements informatiques ayant encore une valeur fonctionnelle. C'est tout simplement la solution la plus environnementale et la moins coûteuse, comme le souligne très bien le site internet eco-info.org à travers ce graphique. Mieux, si vous achetez un ordinateur reconditionné vous réduisez l'utilisation de ressources en amont puisqu'il n'a pas été nécessaire d'utiliser de nouvelles ressources pour la fabrication de votre ordinateur versus un neuf et en plus vous réduisez la pollution en aval en évitant que votre équipement se retrouve dans un site d'enfouissement ou dans un pays en voie de développement.

Pour finir, dites vous que la durée de vie moyenne d'un ordinateur est de 2 à 3 ans de nos jours contre 5 à 6 ans il y a de cela 10 ans. D'autre part, 80% des utilisateurs sont suréquipés et un ordinateur à double cœur (dual core) de 2 Ghz ou Mac G5 pourraient tout à fait leur convenir. On parle d'équipements informatiques ayant en moyenne 6 ans dans ce cas...

Il existe des organismes ou entreprises qui prônent le reconditionnement avant le recyclage éthique (tout en n'éliminant pas cette option bien entendu) et qui peuvent donner une deuxième vie à votre ordinateur moyennant un don de votre part. Un geste simple et efficace à tout point de vue.

Si vous êtes entrain de lire cet article sur un ordinateur dernier cri, demandez vous si vous avez vraiment besoin d'un équipement aussi perfectionné, ou alors gardez le 7 ans, la planète vous en sera grandement reconnaissante.

Mise à jour du 28 octobre 2013 : à noter que la technologie des disques durs électroniques (ou SSD pour Solid State Drive), en devenant abordable, permet d'accélérer sensiblement l'accès aux données et peut littéralement donner une deuxième vie à un ordinateur.

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