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On n’étonne plus en disant que les scientifiques sont rarement de bons vulgarisateurs. Mais parfois, le constat est tout de même cruel : « quel que soit le domaine scientifique, près d’un conférencier sur deux ne cherche pas à intéresser l’auditoire ».

Ce constat-ci provient d’une analyse de 704 présentations faites lors du dernier congrès de l’Acfas (Association francophone pour le savoir), en mai dernier.

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Je souligne : l’étude ne reproche pas aux scientifiques de ne pas savoir parler aux médias. Elle ne va même pas jusqu’à dire qu’ils pourraient mieux vulgariser pour le grand public. La barre est encore plus bas : « ne cherche pas à intéresser l’auditoire à son sujet ». Sachant que cet auditoire n’était composé que d’autres chercheurs ou étudiants...

Les observateurs qui ont assisté à ces 704 présentations avaient une liste de 30 items à cocher ou non, et certains sont mieux ressortis du lot :

  • par exemple, « ne pas lire ses notes tout au long de l’exposé » semble un « talent » mieux assimilé en sciences qu’en sciences humaines;
  • et les gens du secteur de l’éducation (échantillon: 89) ont les conférences « les mieux conçues ».

Mais dans l’ensemble, un grand nombre de conférenciers auraient pu, s’il s’était agi d’un examen, ne pas obtenir la note de passage.

  • 41% n’arrivent pas à « capter l’attention de l’auditoire au début de l’exposé », ce qui est sans doute la leçon no 1 de toute formation en journalisme ou en communication;
  • 32% des conférenciers en sciences sociales (225) se font suggérer d’agrandir la police de caractères sur leurs diapositives; 52% des gens en physique, maths et génie (126) se font suggérer d’agrandir les graphiques;
  • 32% des gens en sciences de la vie se font reprocher de parler trop vite.

Cette initiative de l’Association des communicateurs scientifiques (ACS) et de l’Acfas dénote au moins un intérêt pour des communications scientifiques plus efficaces. Mais le journaliste ou le communicateur professionnel pourraient y apprendre à relativiser : il y a de quoi être moins exigeant face aux scientifiques, quand on considère les difficultés qu’ils éprouvent à communiquer à leurs propres collègues.

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Bruno Lamolet, Trente astuces pour une présentation dynamique : Congrès de l’Acfas 2010. Acfas et ACS, 12 juillet 2010 (l’étude n’est pas encore en ligne).

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