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Les climatologues font appel à des amateurs pour récolter de l'information historique sur le climat.

Le climat change, c'est un fait. Cependant, une des grandes difficultés auxquelles doivent faire face les chercheurs est le manque de profondeur historique des données. En effet, nous ne disposons de données satellites que depuis les années 70 ainsi de grands réseaux d'observation depuis la Deuxième Guerre mondiale. Ce manque de profondeur limite donc énormément notre capacité à explorer les changements climatiques naturels.

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Le problème n'est pas tant l'existence de données météorologiques. En effet, il y avait des réseaux de stations météorologiques en Europe à la fin du XVIIe siècle. Le premier réseau connu est celui de Périer, le beau-frère de Pascal, Robert Hooke de la Royal Society of London et Ferdinand II de Tuscan, patron de l'Accademia del Cimento à Florence. Les données de cette époque étaient évidemment fragmentaires mais la situation s'améliora rapidement. En effet, l'usage des instruments météorologiques se multiplia. De plus, ils firent bientôt partie de l'équipement standard des navires. Il existe donc des montages de données disponibles.

La principale difficulté à laquelle font face les chercheurs est le format des données. Ces dernières se retrouvent dans les carnets de bords des navires, dans des almanachs et des cahiers de notes de chercheurs. Écrits à la plume sur de vieux documents, ils sont essentiellement illisibles pour des machines. Une sorte de captchat extrêmement complexe. Il faut donc compiler cette information à la main.

Étant donné la charge de travail nécessaire, les chercheurs font appel à l'assistance du public. Il s'agit d'une pratique de plus en plus courante, dont j'ai déjà discuté dans un précédent billet.. Ici, si l'objectif scientifique est le même, l'approche ne change pas. On peut ainsi participer à deux projets: Data Rescue@home et Old Weather

Il existe aussi un projet beaucoup plus modeste pour le Canada: Canadian Historical Climate Data. Là encore, votre aide est sollicitée. De plus, j'aimerais noter que dans le cas de la météorologie canadienne, il semble manquer beaucoup de documents historiques. Ainsi, on ne retrouve pas les observations de l'observatoire de Québec. Si vous connaissez d'autres sources historiques, n'hésitez pas à le faire savoir.

On peut se demander ce que les climatologues peuvent bien faire avec des données prises avec des instruments aussi anciens. Étonnamment, beaucoup de choses. En effet, en utilisant les méthodes modernes d'analyse de données, il est possible de créer des cartes météo de l'époque. Ainsi, on a reconstruit la météorologie de 1871 à nos jours avec un certain succès. Dans l'hémisphère nord, où les données son les plus denses, les données sont suffisantes pour permettre une reconstruction de la météo en se basant uniquement sur les mesures de pression atmosphérique. Or, on sait que de cette époque, il reste une quantité énorme de données qui pourrait être exploitée, si elles étaient converties dans un format utilisable par les ordinateurs. Si toutes ces données étaient récupérées, il serait probablement possible de reconstituer le climat avec précision jusqu'en 1800 dans l'hémisphère nord.

Mise à jour: 3 février 2011 12:22

Bonne nouvelle! Vérification faite, les donnes de l'observatoire de Québec ont été récupérées et sont disponibles sous forme électronique. Malheureusement, ces données ne semblent pas encore avoir été rendues publiques d'une façon facilement accessible.

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