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Un traitement universel contre toutes les maladies, voilà qui fait rêver. Depuis le tournant du millénaire, les cellules souches ont fait parler d’elles comme étant une cure possible et même probable pour tous nos maux. Elles semblent se présenter comme l’apogée des nombreuses découvertes médicales et technologiques qui ont suivies la révolution industrielle et qui ont contribué à l’augmentation drastique de l’espérance de vie humaine et du niveau de santé. Malheureusement, cet élixir miracle qui semble aujourd’hui à portée de main pourrait présenter des vices cachés.

Les premiers travaux sur les cellules souches ont eu lieu dans les années 1950, mais n’ont alors guère éveillé la curiosité. Il aura ensuite fallu attendre près de trente ans pour identifier les premières cellules souches embryonnaires chez la souris, et jusqu’en 1998 chez l’humain. Depuis, la médecine promet de pouvoir guérir les maladies dégénératives (Alzheimer, Parkinson, etc.) et même de réparer des organes abîmés suites à un ACV. Toutefois, les biologistes se sont rapidement vus confrontés à de nombreux groupes pro-vie. Ceux-ci considèrent que la destruction d’embryons humains à des fins de recherche est un acte immoral, puisqu’à leur avis l’ovule est, dès sa fécondation, un être humain à part entière.

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En novembre 2007, les équipes des chercheurs Shinya Yamanaka (au Japon) et James Thompson (aux Etats-Unis) ont annoncé qu’ils avaient réussi à produire des cellules souches pluripotentes induites (iPSC en anglais) à partir de cellules de la peau. Les scientifiques y sont parvenus en modifiant le code génétique des cellules « normales » afin qu’il soit semblable à celui des cellules embryonnaires et exprime ainsi les caractères de pluripotence et d’immortalité. La pluripotence correspond à la capacité que possède une cellule de donner naissance à d’autres cellules de plusieurs types différents et l’immortalité est une particularité cellulaire qui lui permet de se dédoubler à l’infini, contrairement aux cellules non-immortelles, qui ont une fréquence de dédoublement limitée.

En plus de contourner le problème éthique, cette technique permettrait de produire des cellules souches qui possèdent exactement le profil génétique du donneur. En supposant que le donneur soit le patient à traiter, on éviterait virtuellement tout risque de rejet lors du remplacement d’un organe défectueux. Pourtant, le 2 février dernier, le groupe de Joseph Ecker, du Salk Institute, a publié dans la revue Nature des résultats qui freinent l’enthousiasme face aux iPSC. Selon ces travaux, leur code génétique serait grandement variable, principalement au croisement et aux extrémités de leurs chromosomes. Les conséquences de cette variabilité sont multiples. Il y a d’un côté la perte des caractéristiques propres aux cellules souches au profit des caractères des cellules d’origine, qui a pour effet de diminuer l’espérance de vie et la pluripotence des cellules. Également, l’instabilité génétique de ces cellules laisse craindre une prédisposition à former des tumeurs cancéreuses.

Toutes aussi prometteuses que puissent être les thérapies fondées sur les cellules souches, il ne faut donc pas perdre de vue qu’il s’agit d’une toute nouvelle branche de la science et qu’il lui faudra un certain temps avant d’être bien au point et d’avoir des applications courantes en médecine.

François M.

Ce billet a été écrit dans le cadre d'un travail d'équipe pour le cours RED2301 - Problèmes de vulgarisation, donné par Pascal Lapointe, à l'Université de Montréal à la session d'hiver 2011.

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