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Les plus récentes projections démographiques de la Division des populations des Nations Unies ont été reprises un peu partout dans les dernières semaines, y compris sur le site que vous consultez. Au cours de l’année 2011, la population mondiale franchira le cap des 7 milliards. Et elle continuera à croître pour encore plusieurs décennies, avant de se stabiliser, puis de commencer à diminuer. Entre-temps, c’est-à-dire vers 2050, nous serons 9 milliards sur Terre. Et peut-être plus. Pour de nombreux scientifiques, ces prévisions inquiétantes devraient nous obliger à nous poser cette question que l’on voit surgir de plus en plus dans les médias et blogues : la Terre pourra-t-elle supporter ces 9 milliards d’êtres humains ? Une question à laquelle il faudrait commencer à répondre maintenant, « avant qu’il ne soit trop tard », nous préviennent ces scientifiques.

Une planète fatiguée ?

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La question est certainement pertinente. Et notre planète sera sans doute bien reconnaissante de notre attention, elle qui, âgée d’environ 4,5 milliards d’années, commence peut-être à ressentir quelques signes de vieillissement... Mais en revanche, elle s’offusquera peut-être que l’on puisse sous-estimer ainsi sa puissance : après tout, la Terre a connu des événements beaucoup plus « traumatisants » que la venue (très récente) de ces quelques milliards de petits homo sapiens. Pluie d’astéroïdes, collision violente avec d’énormes corps célestes, glaciations et réchauffements extrêmes... Notre planète en a vu bien d’autres et, malgré tout, elle a toujours réussi à poursuivre, telle une amante inlassable, sa mystérieuse course autour du Soleil...

Voilà au moins qui pourra être rassurant : la Terre n’arrêtera pas de tourner... du moins à court terme. Qu’elle soit peuplée de 7, 9 ou 11 milliards d’êtres humains, cela lui importera donc bien peu...

Et ce n’est évidemment pas non plus ce qui nous inquiète lorsque nous nous demandons si la « Terre » pourra encore nous supporter en 2050. Mais de quoi nous inquiétons-nous au juste ? L’objet de notre inquiétude, ce ne serait donc pas tant la planète Terre elle-même, mais bien davantage le phénomène extraordinaire qu’elle a rendu possible au cours de sa longue histoire : la vie. Cette vie qui, depuis déjà 3,5 milliards d’années, se déploie à la surface de notre planète et qui, en se développant et s’organisant sous de multiples formes intimement liées les unes aux autres, a constitué ce que nous appelons la biosphère. C’est donc elle qui serait menacée par les êtres humains devenus « trop » nombreux.

La puissance de la vie

Pourtant, là encore, plusieurs scientifiques pourront nous rassurer : comme la Terre, la vie a elle aussi surmonté de bien rudes épreuves depuis son apparition sur notre planète, d’abord sous la forme de vivants unicellulaires — notamment de ces fameuses cyanobactéries (algues bleues).

Avant de se diversifier et de prendre les formes spécifiques — animales, végétales et bactériennes — qu’on lui connaît aujourd’hui, la vie a notamment dû traverser une longue période de glaciation généralisée, le Cryogénien (il y a environ 800 millions d’années), au cours de laquelle la planète aurait été entièrement recouverte de glace et aurait pris les allures d’une gigantesque boule de neige (hypothèse de la Snow Ball Earth ). Des conditions fort peu propices à la vie... Mais celle-ci, face à tous les obstacles qui ont entravé son développement au cours des derniers milliards d’années, a toujours su rebondir et reprendre sa place à la surface de notre planète.

On aurait donc également tort de s’inquiéter pour la vie : le phénomène, certes rarissime dans l’univers — dans la mesure où il dépend de conditions physiques et chimiques elles-mêmes extrêmement rares —, n’en est pas moins d’une puissance et d’une force extraordinaires. Ce ne sont pas quelques milliards d’êtres humains — ou un réchauffement climatique de quelques degrés causés par leur activité — qui vont arrêter son développement sur Terre.

Les géologues, astronomes, biologistes et autres scientifiques seront unanimes sur ce point : en tant que tels, ni la planète Terre, ni le phénomène de la vie ne sont directement menacés par ces 9 milliards d’êtres humains... Et pourtant, ils seront presque aussi unanimes à dire que cette croissance démographique est inquiétante, voire dangereuse. Alors, de quoi devrait-on s’inquiéter au juste ?

LCR

À VOIR : La série-documentaire « Terre, puissance d’une planète » réalisée par la BBC, qui retrace en cinq épisodes l’histoire de notre planète et de la vie, de leurs origines jusqu’à aujourd’hui. Disponible en format DVD dans la plupart des bibliothèques et librairies.

Ce billet a été écrit dans le cadre d'un travail d'équipe pour le cours RED2301 - Problèmes de vulgarisation, donné par Pascal Lapointe, à l'Université de Montréal à la session d'hiver 2011.

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