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Le 1er février 1961, les chercheurs canadiens James Till et Ernest McCulloch révolutionnaient la recherche en biologie cellulaire en publiant dans la revue Radiation Research la preuve de l’existence des cellules souches.

C’est un peu le hasard qui a réuni ces deux scientifiques au cœur de cette découverte. À l’époque, les deux jeunes chercheurs évoluaient dans des domaines bien distincts : James Till était biophysicien et Ernest McCulloch médecin spécialisé en hématologie. Ce dernier désirait étudier l’impact des radiations sur des cellules normales et sur des cellules cancéreuses, en procédant à des greffes de moelle osseuse sur des souris. Or, les règles en vigueur au Ontario Cancer Institute , stipulaient alors que l’utilisation des radiations était strictement réservée aux physiciens. James Till s’est donc porté volontaire.

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Au cours de l’expérimentation, les docteurs Till et McCulloch ont constaté que plus ils injectaient de cellules de moelle osseuse, plus les souris avaient des chances de survivre. Pendant l’analyse de cette observation, ils ont remarqué que des masses s’étaient formées dans la rate des souris. C’était inattendu. Ernest McCulloch a alors postulé qu’ils étaient peut-être en présence de colonies de cellules nouvellement formées. En procédant à des calculs, les deux chercheurs ont découvert que la quantité de masses était directement proportionnelle à la quantité de cellules injectées.

À travers une série d’expériences novatrices, pour lesquelles il ont adopté une nouvelle méthodologie, basée sur le rôle des cellules et sur leur quantification plutôt que sur la simple observation de leur apparence, ils ont révélé l’existence d’une cellule capable de se reproduire et de produire des descendants acquérant les caractéristiques propres des cellules spécialisées du sang : une cellule mère. Cette première description d’une cellule souche de la moelle osseuse fut l’objet d’une publication dans la revue Nature en 1963.

La collaboration de James Till et d’Ernest McCulloch a duré plus de vingt ans. En plus de jeter les bases d’un nouveau champ de recherche, leurs travaux ont mené au développement des thérapies impliquant des greffes de moelle osseuse pour traiter de nombreux cancers. Leur rigueur et leur créativité ont contribué, selon leurs pairs, à élever les standards de la recherche en biologie cellulaire. En 2005, ils furent récipiendaires du prestigieux prix Lasker pour la recherche médicale fondamentale.

Nous savons aujourd’hui que des cellules souches se trouvent dans plusieurs tissus du corps humains, pas seulement dans la moelle osseuse, et qu’elles peuvent contribuer à réparer ces tissus en cas de maladie ou de lésion. Chacune de ces découvertes a donné de nouveaux outils à la recherche en sciences biomédicales. Dernièrement, un autre chercheur canadien, le docteur John Dick, directeur de recherche au Ontario Institute for Cancer Research, a démontré que des cellules souches anormales étaient à l’origine de certains cancers, renouvelant l’espoir de découvrir de nouveaux traitements dans un avenir qui semble se rapprocher de plus en plus. Si James Till et Ernest McCulloch n’avaient pas cru bon de conjuguer leurs savoirs et de suivre leur intuition, par un bel après-midi de 1960, nous en serions peut-être encore bien loin.

Julie D.

Ce billet a été écrit dans le cadre d'un travail d'équipe pour le cours RED2301 - Problèmes de vulgarisation, donné par Pascal Lapointe, à l'Université de Montréal à la session d'hiver 2011.

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