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Il semble qu’un nuage de doute plane au-dessus du dossier des gaz de schiste tel qu’il est piloté par le Gouvernement provincial. L’industrie manipule-t-elle les intentions sincères du BAPE afin de continuer à exploiter les gaz de schiste?

Récemment, le Bureau d’Audience Publique en Environnement a donné ses recommandations, en 323 pages, au gouvernement l’encadrement de l’industrie des gaz de schiste. Il y a aussi au chapitre la création d’un comité composé d’experts qui se pencherait sur des règlements qui encadreront l’exploitation, et les impacts environnementaux. Avec les études dites «scientifiques», je pense qu’on s’attend à une longue pause pendant laquelle l’industrie se donnera des arguments plus solides pour convaincre les gens que l’exploitation est propre, sécuritaire pour l’environnement.

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Les conclusions vont sans doute nous éclairer sur l’état des gisements. Une des clauses du rapport, c’est qu’aucun fractionnement ne sera permis s’il n’est utilisé à des fins scientifiques, mais, en bout de ligne, cela permet à l’industrie d’évaluer la valeur des gisements dans le sous-sol qui, par ailleurs, appartient au gouvernement, donc de justifier leur potentiel économique. Il est donc clair que l’industrie se servira à son avantage des données accumulées sur la quantité de gaz et les risques environnementaux. Car il s’agit bien de convaincre; dans l’esprit de Lucien Bouchard, se soumettre aux recommandations du BAPE n’est qu’un prétexte pour pousser plus loin l’exploitation des gaz de schiste. Or, avec un moratoire, on aurait eu le choix entre cesser d’explorer, à cause des risques trop grands pour l’environnement et la santé humaine, ou continuer sur notre lancée.

Après le désastre public nommé «André Caillé», la nomination de Lucien Bouchard à la tête de l’APGQ semble donner un beau visage à l’industrie. Cependant, cela ne change rien à la colère des citoyens qui verraient leur tranquillité rurale disparaître, dû à la visite d’une armada de camions transportant eau, produits chimiques et pièces de montage pour les puits, sans oublier le bruit causé par le forage. À ce titre, la liste est longue : dégradation de la qualité de l’eau des rivières due à l’hydrofracturation de la roche, mélange du méthane (qui est emprisonné avec le gaz) avec l’eau du robinet, émission de sulfure d’hydrogène (H2S). Ces conséquences potentielles qui planent sur le Québec sont pourtant devenues réalités dans d’autres pays où on ne réfléchit sur les impacts des dégâts qu’une fois qu’on les a sous les yeux. Sur 31 puits au Québec, on a observé des migrations dans 11 d’entre eux; on a retrouvé des traces de méthane dans ces fuites, dans certains puits, la concentration atteint 65%.

Que l’industrie agisse dans les règles ou non, que l’on dissolve la roche avec des produits chimiques ou non, il suffit de quelques fuites près d’une rivière pour que l’eau cesse d’être potable. On dit qu’il vaut mieux vaut prévenir que guérir, mais un plan B n’est jamais de refus. Reste à savoir ce que le BAPE proposera pour pallier les dégâts.

Guillaume

Ce billet a été écrit dans le cadre d'un travail d'équipe pour le cours RED2301 - Problèmes de vulgarisation, donné par Pascal Lapointe, à l'Université de Montréal à la session d'hiver 2011.

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