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Le principal argument qu’avancent les défenseurs des OGM est qu’ils sont supposés apporter une solution aux problématiques alimentaires qui découlent de la croissance démographique mondiale. Que se passe-t-il si la solution devient le problème ?

2002: Monsanto, chef de file des biotechnologies végétales et distributeur majeur du paysage OGM, a commercialisé en Inde un coton transgénique Bt supposé résister au vers de la capsule, un parasite qui ravageait les plantations locales. Le rendement devait également tripler par rapport au coton naturel. Pas étonnant, dès lors, du succès commercial du Bt, qui recouvre actuellement environ 90% des surfaces cotonnières du pays. La beauté de la raison et de la technologie sur l’obscurantisme des alarmistes, n’est-ce pas ?

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Doux rêve OGM et dur réveil de la réalité Sauf que la réalité est tout autre. À commencer par le rendement du coton, qui a baissé de moitié en quelques saisons et qui ne cesse de baisser depuis. Vient ensuite la résistance naturelle qu’à développé le parasite face à l’insecticide génétiquement programmé du coton Bt et qui nécessite l’application plus intense de véritable insecticide. Ho, au fait, ne vous avait-on pas prévenu qu’il fallait continuer à épandre de l’insecticide classique sur vos champs pour contrer les autres parasites ? Et bien c’est le cas. Dernier point, vous avait-on averti que les plants transgéniques Monsanto s'autodétruisent grâce à l'insertion dans le génome d'un mécanisme de suicide, généralement déclenché par la tétracycline ? Concrètement, cela signifie qu’après chaque récolte vous devez racheter de nouvelles semences (à prix fort, puisque certaines graines peuvent coûter jusqu’à cent fois le prix des « simples » graines, qui elles donnent plusieurs récoltes). Détail, après tout.

Un rendement moindre, le besoin d’acheter et d’épandre davantage d’insecticide (estampillé « Monsanto », évidemment), un parasite plus résistant, un risque de contamination génomique programmé pour s’éteindre après une génération (quel bel effet cela aurait à grande échelle dans la nature) et « accessoirement », une vague de suicides des agriculteurs directement reliée à ces faits… Au final, les belles promesses OGM ont contribué, dans ce cas, à saigner davantage certaines provinces qui n’en avaient pas vraiment besoin.

Le mot de la fin Laissons l’entreprise responsable conclure pour nous. Monsanto a bel et bien reconnu l’inefficacité de son coton Bt et l’a depuis retiré du marché (l’intégralité du communiqué ici : http://www.monsanto.fr/actualites/idees_recues/idees_recues27.asp ). En gros, la réaction oscille entre « oui, mais ce n’est pas arrivé partout », « c’est la faute des agriculteurs », « on l’avait prévu (!) » et « on fera des insecticides plus puissants la prochaine fois ». La « solution aux problèmes de demain » parle d’elle-même.

Grégory Haelterman

Ce billet a été écrit dans le cadre d'un travail d'équipe pour le cours RED2301 - Problèmes de vulgarisation, donné par Pascal Lapointe, à l'Université de Montréal à la session d'hiver 2011.

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