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Quel point commun existe-t-il entre les amateurs de golf et le traitement de canal dentaire? Réponse : La gutta-percha, une résine naturelle exsudée par le sapotillier, un arbre de l’Asie du Sud Est. La gutta-percha, qui est utilisée pour remplir le canal dentaire après que la pulpe en a été extraite, a aussi une grande place dans l’histoire des balles de golf.

Quand le golf a été créé en Écosse au début du 15e siècle, les balles étaient alors faites de bois sculpté. À partir du 17e siècle, ces balles, difficiles à frapper, ont été remplacées par de petits sacs en cuir remplis de plumes de canard bouillies; les « featheries » ou « plumeuses ». Ces balles, capables de couvrir de grandes distances, régnèrent sans compétition pendant plus de 150 ans sur les terrains de golf d’Écosse et d’ailleurs. Cependant, la fabrication manuelle de ces balles était très laborieuse. Par conséquent, leur coût fort élevé restreignait la pratique du sport aux classes sociales aisées.

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Tout cela changea avec l’introduction de la gutta-percha en 1850. La légende veut qu’un professeur de l’Université de St. Andrews en Écosse, lieu de naissance du golf, ait reçu en cadeau une statue de la déesse hindoue Vishnu. Celle-ci, venue d’Inde par bateau, avait été emballée dans de la gutta-percha. Fanatique de golf, le professeur façonna la substance en forme de balle et l’apporta avec lui lors de sa prochaine partie. Les premiers essais furent un échec total. Les balles étaient impossibles à contrôler et, une fois au sol, elles rebondissaient dans toutes les directions. Sans se décourager, le professeur remarqua qu’avec le temps, les propriétés des balles s’amélioraient. Il constata que cette amélioration provenait des marques et des fissures faites par le bâton quand ce dernier frappait la balle.

Cette observation conduisit à la fabrication de balles de golf à grande échelle avec les propriétés requises. La gutta-percha était d’abord ramollie à l’eau chaude, puis façonnée en forme de balle. Ensuite, des impressions pour améliorer le contrôle y étaient martelées, d’abord à la main puis à l’aide d’un moule. Un bon ouvrier était capable de fabriquer plus de six douzaines de balles en gutta-percha par jour, un rendement 25 fois supérieur à celui des plumeuses. La diminution du prix des balles qui en résultat permis à un nombre croissant de personnes de participer, et rendit le jeu plus populaire et plus démocratique*.

Chimiquement, la molécule de gutta-percha ressemble à une structure moléculaire, laquelle ressemble à son tour à celle du caoutchouc, une résine exsudée de l’hévéa, un arbre d’Amérique du Sud. La gutta-percha et le caoutchouc sont tous deux faits de molécules géantes, les polymères, et sont construites à partir de la même unité répétitive, l’isoprène. Mais ces unités sont jointes de manières différentes dans l’espace. Pour ceux d’entre vous qui maîtrisent quelques notions de chimie : Dans la gutta-percha, la structure est trans par rapport à la double liaison de l’isoprène, alors que dans le caoutchouc, elle est cis.

Aujourd’hui, les balles de golf sont faites de couches multiples de polymère, et chacune d’elle offre un avantage particulier. À l’intérieur, autour d’une bille en métal ou en verre, l’on trouve du caoutchouc synthétique d’une solidité similaire à celle du butadiène. L’avantage de ce caoutchouc est lié à la distance qu’il permet à la balle de franchir. Cette partie centrale est entourée d’un polymère malléable - lequel s’apparente au polyuréthane, un matériau utilisé dans la fabrication des matelas - qui permet de diminuer le choc du bâton sur la balle. Une technologie bien sophistiquée pour un jeu qui, d’après Winston Churchill, consiste à « ...envoyer une très petite balle dans un trou plus petit encore, avec une arme complètement inadéquate pour effectuer cette tâche ». *Fait intéressant : Les balles de golf d’époque faites de gutta-percha ont énormément de valeur pour les collectionneurs. Celles façonnées complètement à la main, y compris celles possédant les dépressions, se vendent aux alentours de 30 000 dollars chacune! _______________________________________________________________________________________________________ LES MANCHETTES SCIENTIFIQUES d’Ariel Fenster L’Organisation pour la science et la société de l’Université McGill présente des capsules sur des sujets défrayant l’actualité scientifique. Plus de renseignements sur ces sujets, ou d’autres d’intérêt général, sont disponibles en communiquant avec Ariel Fenster.

Professeur Ariel Fenster Organisation pour la science et la société de l’Université McGill 514 398-2618

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