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Dans le film Meurs un autre jour, James Bond (Pierce Brosnan) et Jinx Johnson (Halle Berry) visitent une clinique de thérapie génique où on peut modifier son apparence en restructurant ses gènes. Pas tout à fait réaliste vous pensez? En fait, à des années lumière de la réalité!

L’idée de la thérapie génique est simple : les médecins injectent dans les cellules défectueuses des gènes normaux afin de guérir une maladie héréditaire. En théorie, ils pourraient ainsi traiter un grand nombre de maladies pour lesquelles les chercheurs ont identifié le ou les gène(s) défectueux. Le résultat serait des humains génétiquement modifiés, et guéris!

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Les chercheurs utilisent parfois des virus comme vecteur pour livrer l’ADN dans les bonnes cellules. Ces virus modifiés permettent de cibler des cellules en particulier et d’y faire s’exprimer le gène normal. Malheureusement, le système immunitaire peut réagir fortement au vecteur, même si les cliniciens tentent de produire des vecteurs les plus neutres possibles.

De plus, il est difficile de déterminer où le gène que l’on insère se retrouvera dans le génome. S’il s’insère dans un autre gène essentiel, il peut l’empêcher de fonctionner et causer une autre maladie. On parle alors de mutagénèse par insertion. Au moins deux enfants traités par thérapie génique à Paris sont devenus leucémiques en 2003 suite à l’insertion du gène au mauvais endroit. Un autre pensez-y bien.

Enfin, même si l’insertion se fait bien et que le gène normal soit exprimé dans les cellules voulues, l’effet de la thérapie génique est parfois de courte durée. Il s’avère alors nécessaire de répéter le processus de transfert de gène de nombreuses fois.

Retour à la réalité

La réalité sur la thérapie génique aujourd’hui, c’est que « peu de progrès a été fait depuis les premiers essais cliniques de thérapie génique en 1990 » et qu’ « aucune thérapie par thérapie génique n’a été approuvée », selon l’agence qui réglemente les médicaments aux Etats-Unis, la Food and Drug Administration (FDA ). Pourtant les essais cliniques se poursuivent. Au Canada, 22 essais cliniques de thérapie géniques ont été réalisés jusqu’à maintenant, en grande majorité pour tenter de traiter des cancers (voir ce site qui recense tous les essais cliniques de thérapie génique au monde). Mais on attend toujours les applications pratiques.

La plus tristement célèbre victime de la thérapie génique est Jesse Gelsinger, qui est mort en 1999 à l’âge de 18 ans (voir une capsule de l’ASP de l’époque ici). Il participait à un essai clinique pour traiter une maladie nommée la déficience en ornithine transcarbamylase, dont il avait une forme non-létale. Gelsinger est mort quatre jours le début de son traitement, probablement des suites d’une réaction immunitaire sévère à l’adénovirus qui avait été utilisé comme vecteur de transport du gène qui devait le guérir. Ses médecins n’avaient pas suivi le protocole qui avait été approuvé pour son traitement. En réaction à sa mort, la FDA a arrêté plusieurs essais cliniques qui étaient en cours à ce moment, et encadre les nouveaux essais de façon plus serrée.

Il semble donc que les humains génétiquement modifiés ne courront pas les rues demain. Est-ce une bonne ou une mauvaise nouvelle?

Julie Poupart – équipe Info génétique

Un site pour en apprendre plus sur la thérapie génique (de l’université du Utah, en anglais)

Pour ceux qui souhaitent poursuivre leur réflexion sur le projet de génome humain, visitez l’encyclopédie de philosophie de l’université Stanford

Ce billet a été écrit dans le cadre d'un travail d'équipe pour le cours RED2301 - Problèmes de vulgarisation, donné par Pascal Lapointe, à l'Université de Montréal à la session d'hiver 2011.

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