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À vos paniers, les morilles de feux sont maintenant sorties! Plusieurs personnes préparent des expéditions aux morilles dans les grands feux du printemps 2010 dans le centre du Québec. Quelques informations peuvent être utiles dans la préparation de cette activité.

Les morilles de feu, il y en aurait au moins deux espèces au Québec, ne sont pas les mêmes espèces que celles que l’on cueille normalement au printemps. Ce sont des espèces différentes dont les milieux de culture et les habitats sont différents et dont les moments de fructification ne sont pas les mêmes.

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Le moment de la fructification a un lien direct avec le moment où le feu a eu lieu. Le mycélium doit avoir le temps de se développer et de former les sclérotes qui donneront naissance aux primordiums. Ce délai entre le moment du feu et la fructification des morilles semble être de quatre mois pendant lesquels le sol est dégelé et a atteint une température supérieure à 5 ou 8 °C.

En septembre 1986, un grand feu à l’est de Vancouver a attiré une armée de cueilleurs venus récolter des tonnes de morilles. Ce feu s’était produit tôt au printemps et le mycélium des morilles a eu tout l’été pour préparer une fructification abondante à la mi-septembre (environ 4 mois). Dans son livre Mushrooms of Western Canada, Mme Helene M.E. Schalkwïjk-Baresdsen mentionne que de telles fructifications dans des temps inhabituels se produisent occasionnellement après feu.

Nous avons également cueilli des morilles dans les grands feux de 1995 qui ont ravagé les forêts à l’est de Lebel-sur-Quévillon. Ces feux s’étaient produits à la mi-août, et la deuxième semaine de juillet 1996, des chercheurs de l’Université du Québec à Rouyn nous informaient que les morilles sortaient dans les feux; deux mois de sols chauds à l’automne et deux mois au printemps pour une sortie en juillet. Dans de cas, nous avons été très chanceux qu’il y ait eu en juillet des conditions météo permettant la fructification des morilles et également très chanceux qu’il y ait des chercheurs présents sur le terrain et qu’ils aient remarqué le phénomène.

À l’est de Lebel-sur-Quévillon, les bois avaient déjà été récoltés, le terrain scarifié et le reboisement effectués. Nous avons trouvé des morilles dans les parcelles de bois restant autour de ces terrains et principalement dans les bandes riveraines entre les cours d’eau et les bûchers. Dans ce feu, nous avons également trouvé une colonie de morilles albinos entièrement blanches.

Donc pour assurer le succès d’une cueillette de morilles de feu, il faut réunir plusieurs conditions : un feu d’intensité moyenne : les arbres sont morts et la végétation arbustive a disparu, mais la partie vivante du sol est encore là, on se situe de préférence dans un peuplement de pins gris et les morilles de feu sont présentes dans le sol à cet endroit, les conditions météo sont favorables, c'est-à-dire un temps plutôt frais et humide; dans le cas de Lebel-sur-Quévillon, il est très rare en juillet que les conditions météo permettent la fructification des morilles; normalement, les primordiums seraient morts et les morilles n’auraient jamais fructifié, on est là au bon moment; dans la période où l’on pense que le mycélium est suffisamment développé pour fructifier, il faut visiter les feux toutes les semaines, pendant plusieurs semaines.

Les morilles après feux, ce n’est pas aussi évident qu’on pourrait l’espérer. Dans le cas des feux de l’an dernier dans le Centre du Québec, il est possible qu’à plusieurs endroits les morilles aient fructifié l’automne dernier. Peut-être que, dans le futur, l’ensemencement des feux permettra de bonifier cette récolte.

Bonne chance et bonne cueillette !

Fernand Miron, biologiste et Anita Royer, technicienne

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