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Une équipe de recherche internationale a découvert une souche de gonorrhée résistante à tous les antibiotiques actuellement disponibles, propulsant cette infection courante et autrefois facile à traiter au rang de menace mondiale en matière de santé publique. Les détails de la découverte du Dr Magnus Unemo, du Dr Makoto Ohnishi et de leurs collègues seront présentés lors du 19e congrès de l’International Society for Sexually Transmitted Disease Research (ISSTDR) qui a lieu à Québec du 10 au 13 juillet.

L’équipe de chercheurs est parvenue à identifier une variation jusqu’ici inconnue de la bactérie responsable de la gonorrhée, Neisseria gonorrhoeae. L’analyse de cette nouvelle souche, baptisée H041, a permis d’identifier les altérations génétiques à l’origine de la résistance extrême de cette bactérie à tous les antibiotiques de la famille des céphalosporines, la dernière classe de médicaments encore disponible pour traiter efficacement la gonorrhée.

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«Il s’agit d’une découverte à la fois alarmante et prévisible, commente le Dr Magnus Unemo, du Laboratoire suédois de référence sur la Neisseria pathologique. Depuis que l’usage d’antibiotiques est devenu le traitement privilégié pour traiter la gonorrhée, au cours des années 1940, la bactérie s’est montrée particulièrement habile à développer des mécanismes de résistance aux médicaments utilisés pour la contrôler.» Bien qu’il soit encore trop tôt pour déterminer dans quelle mesure la nouvelle souche s’est répandue, l’historique de cette bactérie suggère qu’elle pourrait se propager rapidement en l’absence de nouveaux médicaments et de programmes de prévention appropriés.

La gonorrhée est l’une des infections transmise sexuellement les plus fréquentes dans le monde. Aux États-Unis seulement, le Center for Disease Control and Prevention (CDC) estime à plus de 700 000 le nombre de nouveaux cas chaque année. De plus, elle est asymptomatique chez environ 50 % des femmes et 2 à 5 % des hommes. Lorsqu’elle se manifeste, l’infection se caractérise le plus fréquemment par une sensation de brûlure en urinant et des écoulements de pus au niveau des organes génitaux. Non traitée, la gonorrhée peut mener à des complications graves et permanentes tant chez les femmes que chez les hommes.

Chez la femme, elle peut entraîner douleurs pelviennes chroniques et grossesses extra-utérines. L’infection peut mener à l’infertilité, plus fréquemment chez la femme mais également chez l’homme, en plus de faciliter la transmission du VIH. Dans 3 à 4 % des cas, une infection non traitée peut se propager à la peau, au sang, aux articulations ou même au cœur et provoquer des lésions potentiellement mortelles. Les bébés nés de mères infectées sont particulièrement susceptibles de développer des infections sanguines ou articulaires graves et le passage d’un nouveau-né dans le canal génital d’une mère infectée par la bactérie peut entraîner la cécité chez l’enfant.

Source: Agence Reuters | Scientists find first superbug strain of gonorrhea

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Patrick D. Paquette, microbiologiste, RMCCM Consultant en prévention des infections

Suivez-moi sur Twitter: @patdpaquette │ Courriel: patrick.d.paquette1@gmail.com

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