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Vous ne connaissez peut-être pas le 5-chloro-2-(2,4-dichlorophenoxy)phénol, mais vous y êtes certainement exposé.

Mieux connu sous son nom technique de triclosan, cet agent antibactérien sert à la fabrication d’une multitude de produits.

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Dans la salle de bain, cela va du savon au dentifrice en passant par le déodorant, la crème à raser et le rince-bouche. Dans la cuisine, on l’utilise pour imprégner les planches à découper et les sacs-poubelle. Il peut également infuser la literie, les chaussettes et même les jouets.

Introduit dans les années 1960 par la compagnie suisse Ciba pour le brossage chirurgical, le triclosan est, selon ses opposants, surtout utilisé comme outil de marketing. Les fabricants ont beau claironner que leur produit est efficace contre les microbes et sans danger, mais de plus en plus de voix dans la communauté scientifique, de même que les agences gouvernementales et les associations de consommateurs, s’élèvent contre son utilisation, qu’ils jugent abusive. L’ampleur de cette utilisation est illustrée par une étude du Center for Disease Control, aux États-Unis, selon laquelle le triclosan est présent dans l’urine de 75 pour cent des Américains de plus de 5 ans.

Il ne fait pas de doute que des produits comme le triclosan ont leur place dans le milieu hospitalier, notamment dans le contrôle des infections nosocomiales. Par contre, ce n’est pas le cas des produits de consommation courante. De plus, certaines études suggèrent que, dans le contrôle des bactéries, le savon antibactérien n’est pas plus efficace que le savon ordinaire. Il suffit de 15 secondes pour chaque côté; soit le temps de fredonner la mélodie Bonne fête! Pourtant, environ la moitié des savons liquides contiennent du triclosan.

Parmi les craintes associées à l’utilisation massive du triclosan, mentionnons celle du développement de bactéries résistantes aux antibiotiques. Une étude en ce sens a notamment été publiée dans la revue médicale Nature en 1998. Néanmoins, des études subséquentes n’ont pas réussi à confirmer cette hypothèse. Ces craintes ont par ailleurs été remplacées par d’autres, particulièrement liées à l’environnement. Certaines études indiquent que le triclosan peut réagir avec le chlore, utilisée pour former du chloroforme: une substance potentiellement cancérigène. Il y a aussi la possibilité de formation de dioxines, sous l’influence des rayons UV du soleil. Finalement, des essais menés auprès d’animaux indiquent que le triclosan peut agir comme perturbateur endocrinien; une donnée qui vient renforcer les préoccupations à son sujet.

Au-delà de toutes ces considérations, de plus en plus d’indications tendent à démontrer que tenter d’éliminer les microbes sous toutes leurs formes contribue au développement de certaines maladies. C’est dans les sociétés dites «les plus propres» que le taux d’allergies, d’asthme et de maladies auto-immunes est le plus élevé. Notre organisme a besoin d’être exposé, à un certain niveau, à une variété de microorganismes pour apprendre à se défendre adéquatement. Il s’agit en fait de la théorie de l’hygiène, dont j’ai fait mention à plusieurs reprises dans mes chroniques.

Les organismes de réglementation sont à évaluer la pertinence de l’utilisation du triclosan dans les produits d’hygiène. Mais étant donné que rien ne porte à croire que les avantages du triclosan vaillent les risques -même s’ils sont minimes- liés à son emploi, il n’est pas nécessaire d’attendre avant de l’éliminer de sa liste d’achats.

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