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Vous venez de prendre le dernier morceau de chocolat dans la boite et vous salivez déjà avec anticipation. Oups, il s'échappe de vos mains et se retrouve sur le plancher. Que faire? C'est le dernier morceau de la boite et vous en avez vraiment envie! Allez-vous jeter le chocolat aux ordures ou au contraire appliquer la règle des cinq secondes?

Cette dernière, bien connue des gens maladroits …et gourmands, énonce que, si de la nourriture tombe sur le plancher, mais qu’elle est ramassée dans l'espace de cinq secondes, elle peut être consommée sans danger.

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La première personne à avoir cherché à déterminer la validité scientifique de la «règle des cinq secondes» est Jillian Clarke. En 2003, cette étudiante au secondaire faisait un stage d'été à l'Université de l'Illinois.

Pour les besoins de sa recherche, elle a badigeonné des tuiles de plancher avec des cultures de bactérie E. Coli pour ensuite y déposer une variété de friandises.

Un examen des échantillons à l’aide d’un microscope à balayage électronique a indiqué sans ambiguïtés que les bactéries étaient capables de contaminer la nourriture dans les cinq secondes.

Les travaux de l’étudiante ont également révélé que les femmes étaient plus aptes que les hommes à ramasser la nourriture du sol et que, quel que soit le sexe, les friandises ont plus de chances d’être récupérées du plancher que les légumes comme le brocoli.

L’étude innovatrice de Jillian Clark lui a valu de recevoir en 2004 le prix Ig Nobel en santé publique. Pour ceux qui ne le savent pas, ce prix, décerné par les Annals of Improbable Research , récompense les travaux de recherche qui «…font tout d’abord rire les gens pour ensuite les faire réfléchir».

Toutefois, les travaux de Jillian Clark laissaient beaucoup de questions en l’air. Est-ce que la surface du sol en contact a un impact? Si cinq secondes suffisent pour transférer des germes, est-ce que le degré de contamination augmente avec le temps?

Dans leur article «Residence time and food contact time effects on transfer of Salmonella Typhimurium from tile, wood, and carpet: testing the five-second rule», paru dans le Journal of Applied Microbiology, 102 (2007) 945-953, un groupe de chercheurs de l’Université Clemson, en Caroline du Sud, a apporté des précisions sur le sujet.

Tout d’abord, ils ont découvert que les bactéries de salmonelle pouvaient survivre jusqu’à quatre semaines sur toutes les surfaces testées, soit tuiles, bois et tapis, mais que ce dernier était le plus propice à leur développement. Ensuite, les chercheurs ont déposé des échantillons de saucisson et de pain blanc à des intervalles de 0, 2, 4, 8 et 24 heures sur ces surfaces, après qu’elles aient été fraichement couvertes d’une pellicule de salmonelle. Ces échantillons sont restés en contact avec les bactéries pendant 5, 30 et 60 secondes avant que le degré de transfert soit mesuré.

Les résultats suggèrent qu’il ne semble pas que le type d’aliments en contact –dans ce cas, saucisson ou pain– soit autant un facteur de contamination que la source de bactéries*. Les bactéries déposées depuis 8 heures, et donc bien établies, ont donné lieu au plus grand degré de transfert.

Mais ce qu’il est important de savoir, c’est que, bien que, comme on pouvait s’y attendre, les quantités de bactéries transférées dépendent du temps de contact, même après seulement 5 secondes, suffisamment de bactéries sont transférées pour causer des problèmes chez certains.

En conclusion, ce n’est pas une bonne idée de ramasser ce morceau de chocolat même si vous en avez très envie.

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*D’autres études indiquent que le degré de contamination bactérienne varie énormément d’un endroit à l’autre de la maison. Dans la cuisine, le plancher devant l’évier est particulièrement riche en bactéries. J’ai été surpris d’apprendre qu’il y en a même plus que dans la boite à ordures. Dans la salle de bain, par contre, le distributeur de papier hygiénique contient 150 fois plus de bactéries que le siège des toilettes.

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