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L’un est malheureusement en sursis, l’autre est un des rares exemples de réussite en matière de mobilisation et de coopération internationale. Comparaison des protocoles de Kyoto et Montréal.

Le protocole de Montréal, signé en 1987 et portant sur la règlementation des substances appauvrissant la couche d’ozone (SACO) peut être considéré comme un succès. En effet, 196 pays avaient signé le protocole en 2009, s’engageant ainsi à réduire drastiquement certains composés chimiques comme les CFC (Chlorofluorocarbures) ou les HCFC (Hydrochlorofluorocarbures) en plus d’autres substances nocives pour la couche d’ozone. Voici une liste fournie par Environnement Canada des principales substances appauvrissant la couche d’ozone. Rappelons que c’est dans les années 70 que sont apparues les premières données scientifiques rapportant une dégradation significative de la couche d’ozone, surtout autour du pôle sud. Concernant le protocole de Montréal, on lira ce très bon dossier du Monde Diplomatique datant de septembre 2007.

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Le protocole de Kyoto, lui, vient de subir un sabotage en règle par le gouvernement du Canada, mettant à mal des négociations qui souffraient déjà de l’absence de ratification de celui-ci par les États-Unis. Après le retrait canadien, certains médias ont relayé le discours du gouvernement en assénant que le protocole de Kyoto n’était pas efficace. Deux réponses s’imposent à cette assertion. D’une part, le protocole de Kyoto n’a jamais été annoncé comme LA solution miracle afin de contrer le réchauffement climatique d’origine anthropique. Il se voulait un premier pas dans la bonne direction, une première étape à franchir avant de passer à une mobilisation générale de la planète afin de réduire drastiquement les émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES). D’autre part, en prenant la décision de ne pas ratifier le protocole, le gouvernement États-Uniens de G.W Bush a sérieusement fait en sorte que le protocole ne soit pas un succès planétaire.

L’échec du protocole de Kyoto, dont il faut s’alarmer, démontre malheureusement notre dépendance énorme aux énergies fossiles. Certains pays s’en sortent mieux que d’autres mais c’est l’influence énorme du lobby pétrolier et des pays producteurs de pétrole ou de gaz qui est la principale raison du torpillage des accords de Kyoto. Alors que les scientifiques ne cessent de sonner l’alarme, l’humanité, droguée aux énergies fossiles et sous l’emprise des compagnies pétrolières et gazières, fonce droit dans le mur. En se retirant du protocole de Kyoto, le gouvernement canadien devient le leader mondial du rejet de la science du climat. Il balaie d’un revers de la main des milliers de publications scientifiques démontrant l’impact énorme des activités humaines sur l’atmosphère de notre planète.

En conclusion, on peut se demander pourquoi le protocole de Montréal est un succès alors que celui de Kyoto est presque un désastre. Les raisons sont simples : la première est qu’il n’existe pas de lobby aussi puissant financièrement et politiquement parlant que les compagnies pétrolières dans le domaine de la production des substances appauvrissant la couche d’ozone. La deuxième est que la lutte contre les changements climatiques implique un tel changement de nos habitudes de vie que nous freinons des quatre fers. Pourtant, « Le coût de ne rien faire contre les changements climatiques risque d'être tellement élevé que, en fin de compte, c'est encore moins cher d'aller de l'avant », c’est ce que révélait Achim Steiner, directeur exécutif du Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE), en 2007 dans un article du journal Le Devoir.

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