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Bonjour, je m'appelle Danny Raymond. Je suis journaliste scientifique et recherchiste.

C’est drôle de réaliser 30 ans plus tard avoir toujours été intéressé par les neurosciences... sans le savoir! Ma passion, pour ne pas dire mon obsession, tourne essentiellement autour de l’intelligence. Et dans la presse généraliste, on tourne aussi en rond. On rebrasse toujours les mêmes questions sans réponses scientifiquement définies, noyées dans le lot des mythes et légendes. Qu’est-ce que c’est d’abord l’intelligence? Pourquoi certains en sont débordants, d’autres, malheureusement, en apparaissent sous-développés? À quoi ça sert, au fond (pas si idiot comme question)? Et la question qui tue : comment la développer!

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Augmenter son intelligence. Vraiment?

Ah, ah. LA question la plus intéressante à mon avis. À l’ère du How to sur tous les sujets, la littérature populaire est jusqu’ici restée très discrète sur ce point. Un vide fort heureusement rempli par les neurosciences , un terme né en 1970. Une « nouvelle science» en plein essor notamment grâce au perfectionnement de l’imagerie cérébrale. On peut maintenant cartographier les zones du cerveau où se jouent tant les réactions chimiques d’un médicament pour augmenter les performances cognitives que les connexions neuronales créées à chaque nouvel apprentissage. La démystification des fonctions cognitives, l'intelligence notamment, allait pouvoir commencer sérieusement.

Les neurosciences accélèrent de façon exponentielle aujourd’hui la compréhension du fonctionnement du cerveau. Et surtout à démonter les notions ancestrales liées à l'impossibilité d'améliorer notre potentiel cognitif.

Une révolution, quand on pense à la rigidité des tests de quotients intellectuels. Des examens qui considèrent l’intelligence déterminée à peine sortie du ventre de la mère. Ils sont tous vivement critiqués, mais encore largement utilisés pour « mesurer » l’intelligence. Pensons aux tests d’admission dans les plus grandes écoles, sinon ceux liés aux postes très convoités. Les idées farfelues s'étiolent, enfin.

L’intelligence plafonnée à... 6 ans! Vraiment?

Parlant d’aberrations, il faut déterrer un best-seller publié dans les années 1970 et titré Tout se joue avant 6 ans. Le père de cette théorie, Fitzhugh Dodson , y présentait sa thèse voulant qu’un enfant façonne son intelligence dans le ventre de la mère, avec un plafonnement prévu dès l'âge de... 3 ans, au mieux 6! Les stimulations intellectuelles d'un enfant durant cette période détermineront son intelligence à l'âge adulte.

Une psychologue clinicienne diplômée de l'Université René Descartes Paris V, Catherine Marchi , l’a récemment placé dans le club des mal cités. L'expérience continue de façonner l'intelligence durant toute la vie, rassure la spécialiste. C’est le développement émotif, lui, qui sera marqué une fois pour toutes avant l'âge de 6 ans.

Pour des millions de parents, toutefois, le mal était fait. L’intelligence, c’est la pensée rationnelle, les facultés de raisonnement, d’analyse. Dans la tête de bien du monde, émotions et intelligences restent mutuellement écartées de l’équation du QI.

Un dogme ébranlé par l'arrivée des travaux de Daniel Goleman et l'intelligence émotionnelle en 1995. J’aurai l’occasion d’approfondir la question dans les semaines à venir.

Après 6 ans, bref, essayez comme vous voulez de mémoriser l'oeuvre de Nelligan ou d'apprendre toutes les décimales étalées après Pi, vos facultés cognitives ont été déterminées. À la loterie du QI, tous ne sont pas gagnants. Heureusement, l'arrivée des neurosciences a contribué à partir des années 1970 à faire tomber ces théories fatalistes. Les travaux d’un psychologue et auteur anglais, quasiment inconnu de ce côté-ci de l’Atlantique, y apportera un regard simple et novateur.

Rencontre avec Tony Buzan

Les intuitions ont souvent mené aux plus grandes découvertes. Dans des proportions infiniment plus modestes, le hasard m’a conduit dans une librairie australienne. Le livre se tenait là, dans la section « Épanouissement personnel ».

Un petit ouvrage de 200 pages, un résumé bien vulgarisé à savoir comment utiliser sa mémoire au maximum. Jamais entendu parler avant de son auteur, Tony Buzan. Il est surtout celui à qui l’on doit une série documentaire diffusée dans les 1970 sur les ondes de la BBC et entièrement consacrée à la capacité du cerveau à augmenter son potentiel.

Dans son livre Use your memory, il nous parle des techniques mnémoniques originaires de la Grèce et la Rome Antique, qui peuvent aisément nous faire mémoriser les noms, les citations, les poèmes ou des listes longues de 3 pages. Une technique particulière montre comment mémoriser aisément des numéros de téléphone ou des nombres avec des séries de 12 chiffres et plus. C’est là que j’ai vécu mon moment eurêka!

Eurêka!

Une partie du test du QI mesure notamment l'habileté à retenir les séries de chiffres. Grâce au truc élaboré dans le livre, j’ai pu mémoriser 12 chiffres en moins de 30 secondes. Deux fois plus d’information qu’à l’habitude. Un score amélioré uniquement dans cette section, explique Tony Buzan, prend le score lié à une mémoire normale (7 chiffres) et le propulse à 150 (9 chiffres ou plus), la catégorie d’un QI supérieur!

Le renforcement cognitif est donc possible à court terme, moyen et long terme! Le Dr américain Gene Cohen est allé beaucoup plus loin. En vieillissant, on peut non seulement conserver ses facultés intellectuelles, mais aussi les développer. L’une des choses qu’on ne savait pas, mais que de nouvelles études tendent à démontrer, c’est que le cerveau vieillissant continue à créer de nouvelles connexions neuronales.

Le cerveau compte environ 100 milliards de neurones qui, stimulés par l’apprentissage, peuvent tisser constamment de nouveaux liens. Ce potentiel fascinant s’appelle la neuroplasticité.

Les connaissances dans ce domaine ont explosé depuis une dizaine d’années. Les travaux de Sharon Beagley, Howard Gardner, Tony Buzan, Daniel Goldman, entre autres, ont tous contribué à détruire des mythes sur l’intelligence.

Dans nos rencontres à venir, je vous propose un regard journalistique sur des sujets aussi passionnants qu’intrigants. Pourquoi le cerveau d’un gagnant est-il organisé autrement? Pourquoi les hommes avec plus de testostérone gagnent-ils plus d’argent? Comment la méditation arrive-t-elle à transformer les connexions neuronales? Un univers fascinant à explorer, juste pour être un peu plus intelligent ensemble!

Je donne